Henri Cartier-Bresson a donné ses lettres de noblesse au reportage photographique. Jamais avant lui un sujet, qu'il relève de l'Histoire ou de la vie quotidienne, n'avait été traité avec tant d'intelligence dans l'analyse, d'acuité dans la vision, d'équilibre dans la composition. Cette constante harmonie entre la forme et le fond place d'évidence Cartier-Bresson parmi les grands classiques de la photographie.
Les éditions Delpire ont publié en 1977 la collection « Histoire de la Photographie ». Cette collection de monographies couvrait à l'époque, pour la première fois, la totalité du sujet. Des origines à nos jours, elle rassemble tous les noms qui ont fait de la photographie un véritable moyen d'expression. Chaque volume présente l'essentiel d'une œuvre ainsi que tous les éléments d'informations biographiques et bibliographiques susceptibles d'en éclairer la qualité.
Ici, c'est l'oeuvre d'Henri Cartier-Bresson qui est mis en lumière. Son œil est unique et ses photos sont connues de tous.
« Photographier, c'est retenir son souffle quand toutes nos facultés se conjuguent devant la réalité fuyante ; c'est alors que la capture de l'image est une grande joie physique et intellectuelle. Photographier, c'est, dans un même instant et en une fraction de seconde, reconnaître un fait et l'organisation rigoureuse des formes perçues visuellement qui expriment et signifient ce fait. C'est mettre sur la même ligne de mire la tête, l'oeil et le cœur. En ce qui me concerne, photographier est un moyen de comprendre qui ne peut se séparer des autres moyens d'expression visuelle. C'est une façon de crier, de se libérer, non pas de prouver no d'affirmer sa propre originalité. C'est une façon de vivre ». Henri Cartier-Bresson, février 1976
Génie de la photographie, Henri Cartier-Bresson va à la découverte de l'image. Il considérait son appareil photo comme « un carnet de croquis, l'instrument de l'intuition et de la spontanéité, le maître de l'instant qui, en termes visuels, questionnes et décide à la fois ». Pour « signifier » le monde, il faut se sentir impliqué dans ce que l'on découpe à travers le viseur. Cette attitude exige de la concentration, une discipline d'esprit, de la sensibilité et un sens de la géométrie. C'est par une grande économie de moyens que l'on parvient à la simplicité d'expression. On doit toujours photographier dans le plus grand respect du sujet et de soi-même », disait-il.
Refusant toute mise en scène photographique, Henri Cartier-Bresson est devenu le maître de la capture de l'instant présent. Et quel plaisir que de redécouvrir les clichés les plus connus de ce photographe.
Deux photos énigmatiques :
- Une silhouette fugitive court au-dessus d’une grande flaque d’eau. Nous sommes en 1932 aux alentours de la gare Saint-Lazare. Cartier-Bresson était à l’affût pour immortaliser l’instant. Résultat une photographie énigmatique et connu de tous. Le photographe a littéralement immortalisé une action en plein vol. Il a suspendu pour l’éternité le saut de ce passant. Il a aussi arrêté le temps, comme nous le rappelle l’horloge de la gare située en arrière-plan.
Visualiser la photo:
http://www.magnumphotos.com/C.aspx?VP3=ViewBox_VPage&VBID=2K1HZOON2YWSQ&IT=ZoomImage01_VForm&IID=2S5RYDI9CNRQ&PN=42&CT=Search
- Autre photo énigmatique d'Henri Cartier-Bresson, elle a été prise à Séville (Espagne) en 1933. Le cadrage est magique, un trou dans un mur criblé de balles nous ouvre la porte vers un autre monde. Au milieu des décombres, des enfants ont choisi ce décor comme terrain de jeu. Ils rigolent, courent et s'amusent dans un univers chaotique qui fourmille de gravas, de pierre et de murs détruits.
Visualiser la photo:
http://www.magnumphotos.com/C.aspx?VP3=ViewBox_VPage&VBID=2K1HZOON2YWSQ&IT=ZoomImage01_VForm&IID=2S5RYD1B6V1O&PN=38&CT=Search
Henri Cartier-Bresson aux éditions Delpire est un livre de collection recherché par les collectionneurs et amateurs de photographie. Étonnamment, l'exemplaire que nous avons a quelques soucis de pagination, certaines photographies sont doublées, ce qui n'enlève en rien le charme de ce livre aux odeurs incroyables. On est doublement satisfait de redécouvrir ces photos qui ont à jamais marqué les esprits.
Alexandra Lambrechts, le 5 janvier 2012