
Ce livre raconte un récit intense où le lecteur est plongé dans l'immortalité des corps : un voyage qui conduit le lecteur à travers la vie et la mort. Sans provocation ni épouvante, Simone Casetta photographie des pièces anatomiques conservées dans des bocaux de formol. Plus que des pièces anatomiques, ce sont des individus qui reprennent vie grâce au travail remarquable du photographe.
Simone Casetta s'est retrouvé en leur présence alors qu'il faisait des portraits des médecins de l'hôpital Carlo Forlanini à Rome. L'huissier qui l'accompagnait lui dit : « Venez voir...nous avons aussi un musée... ». Pressé et déjà en retard, le photographe l'a suivit par courtoisie. Ce fut un choc, une surprise incroyable et une rencontre inimaginable.
« J'ai rencontré ces personnes de manière complètement fortuite. C'est simplement arrivé. Le désir et la nécessité de photographier ces êtres se sont imposés dès que je les ai rencontrés. Entre moi et eux, il y a avait seulement une pellicule photo couleur et je pense qu'il s'agit d'un moyen irremplaçable de maintenir un contact. Grâce à la réaction des sels métalliques à la lumière, la pellicule photographique transmet la vibration de l'autre rencontré. C'est une magie prouvée scientifiquement, le chaînon manquant entre la matière inerte et la photosynthèse de la chlorophylle comme premier mécanisme de la vie ».(Simone Casetta)
© Simone Casetta
Simone Casetta a passé onze jours avec ces êtres particuliers, très vite il créa un contact avec eux, il commença à parler à ces enfants non nés, ils étaient devenus ces « nouveaux amis ».
Sans aucun artifice, sans retouche ni manipulation, le photographe, avec un grand respect, a photographié ces portraits sans déplacer les bocaux de formol, sauf une fois. « Tous les autres portraits ont été réalisés dans la position exacte dans laquelle les sujets se trouvaient et grâce à la lumière naturelle qui les éclairait (…) Les photographies ont requis un temps de pose très long, allant de quelques minutes à une demi-heure ; pour ces êtres, il s'agissait d'un instant mais pour moi, le temps semblait se rétracter et les journée passaient très vite. J'étais constamment surpris qu'il soit déjà l'heure de partir ».
© Simone Casetta
Trente cinq photos sont ainsi présentées dans ce magnifique livre des éditions du Seuil. John Berger, écrivain engagé, romancier, peintre et illustre critique d'art britannique, complète cet ouvrage de sa plume.
« Les morts savent, bien qu'ils ne disent rien, ils savent tout
même quand tu es chez toi, seul, la nuit
portes et fenêtres closes, ils sont là
quand tu te couches, il est tard, tu éteins la lumière
tu restes éveillé, dans l'obscurité, te viennent ces pensées
indicibles, ils sont toujours là, ils lisent en toi
mais emplis de bonté, ils feignent de ne pas être là »
Raffaello Baldini
Alexandra Lambrechts, le 28 novembre 2011.