Galerie Russian Tea Room (RTR) 42 rue Volta 75003 Paris France
« L’Objet de [Sexe et de] Désir », spécialement imaginée pour l’occasion du Mois de la Photo à Paris.
Exposition réalisée par Liza Fetissova [Russiantearoom] et Lars Schwander [Photographic Center, Copenhague].
« Je t’aime et je te veux sans attendre. Tu es l’objet de mon désir. » J’écoute les paroles de la chanson « Sais-tu où l’amitié s’arrête et où la passion commence ? » Et alors que la voix répond « C’est entre les coutures de ses bas et sa peau »*, je suis dans un autre monde. Un monde de rêves et de désirs. « L’Objet de [Sexe et de] Désir » est une exposition photographique sur la tentation. Sur l’amour, le désir, le sexe - et l’aspiration. Pris entre la romance du désir et l’attente, puis, de nouveau, l’excitation, et l’irrépressible envie de sexe.
L’autoportrait de Pierre Molinier en lingerie et haut de forme donne le « la ». Fétichiste, passionné de sexualité controversée, avec un goût prononcé pour la confusion des genres, le «génie» Molinier, comme l'appelait André Breton, nous étonne par ses mises en scène scandaleuses.
Jeffrey Silverthorne, dont le regard sublimé dans un cadre anti-esthétique a été rendu plus célèbre en France à travers la galerie VU, offre une fille allongée, nue, sur un canapé, comme en hommage à Kertesz et sa danseuse burlesque.
Nobuyoshi Araki livre une de ses femmes baillonnées. Son œuvre, revendiquée à la fois par la haute société et les milieux underground de Tokyo, est hantée par le sexe et la mort.
Nikolay Bakharev est un des rares photographes à s’être vu ouvrir la porte des foyers russes. Sur fond de murs tapissés et fleuris, on y découvre des moments intimes de couples, de famille, mais aussi des surprises libertines.
Alberto Garcia-Alix, tel un anthropologue doué de fantaisie à l’espagnole, s'immerge dans les milieux underground. Témoin de la nuit et de ses contours, il en révèle les acteurs avec émotion et grâce.
Le romantisme est aussi au rendez-vous. Touché par ces petits détails qui en disent long, Lars Schwander dévoile la cuisse délicate d’une jeune femme qui rajuste ses bas.
Tendres et sincères, les autoportraits de Camilla Holmgren, posant en collants dans une chambre quasiment vide, rien que le cordon du déclencheur à la main, nous sont donnés comme une confidence.
Antoine d’Agata nous plonge et nous abandonne au cœur du sujet, avec des images de coït saisies sur le vif, en accord avec ses propres mots : « La photographie […] s'est greffée sur mes peurs et mes désirs, et s'en nourrit comme d'une chair vivante. »
C’est sous le regard de la jeune russe, Margo Ovcharenko, que nous nous éveillons, encore tout transis dans des rêveries matinales.
Des corps dévoilés avec pudeur ou exhibés insolemment.
Sensualité de la chair et volupté de l’instant.