
Iouri Eremine, Summer, 1926
Les évènements de 1917 marquent un tournant dans l'aspect tant politique, social, économique que culturel de la Russie. A la fin des années 20, Staline s'appuiera sur les théories du Proletkoult pour réprimer les artistes et imposer une vision du réalisme socialiste. La photographie va accuser le coup en tentant de resister tant bien que mal aux affronts du Parti communiste.
Léon Trotsky a dit « L'art n'est pas un domaine où le parti est appelé à commander. » Pourtant, celui qui était considéré comme menace par Staline a été effacé sur certaines photos. Le régime soviétique a falsifié plus d'un document et notamment des photographies. Les personnes qui n'étaient pas désirées ou qui étaient désignées comme ennemies de l'État n'étaient pas seulement tuées, elles étaient également supprimées de la mémoire collective. Trotsky était ami avec Lénine et partageait la même vision idéaliste du communisme. Ils s'opposaient tous les deux à Staline et à sa bureaucratie dictatoriale. Le photojournalisme est donc inexistant pendant cette période.
Deux courants se voulant modernistes et par conséquent anti culte du « petit père des peuples », se distinguent pendant la période communiste : le pictorialisme et le constructivisme. Le pictorialisme de Nikolai Andreev, Iouri Eremine, ou encore Alexander Grinberg ont du faire face aux critiques et aux attaquent des soviétiques.
L'art pictorial international qui a vu son apogée à la fin du XIXème siècle, s'essouffle. Il va pourtant retrouver une certaine éthique dans cette Russie soviétique. Critiqué pour son côté trop traditionaliste, par les puristes de la première heure, le pictorialisme russe se veut néanmoins en lutte contre l'abus de pouvoir du régime stalinien. Il cherchait à pousser l'idéalisation de l'esthétique à son paroxysme. Pour cette recherche d'esthétique, avec les photographies de nu ils seront vivement critiqué par le parti. Ils ont souffert, d'abord moralement, avec les attaques des soviétiques qui souhaitaient que l'art rentre dans une relation rapproché avec le réalisme socialiste. Dans les années 20, ainsi, la poursuite des ennemis aux réformes révolutionnaires se met en place. Les années passent et la politique se durcie, ils doivent désormais faire face à des atteintes physiques. Ainsi Alexandre Grinberg est envoyé dans les camps staliniens et Vassilii Ulitine a été tout simplement excommunié de la capitale. La majeure partie des photographes pictorialistes se retrouvent interdit de pratiquer leurs profession artistique. Vers la fin des années 30 ils ne peuvent même plus exposer à l'étranger.
A la même période, le constructivisme de Alexander Rodchenko prend forme. Comme toute forme de protestation face au réalisme socialiste, il luttera et écrira cette phrase pleine de sens à propos de l'art : "c’est le culte du peuple, et le peuple, on le mène où on veut. Moi je veux amener le peuple vers l’art et pas vers quelque chose au moyen de l’art.[...] Il faut faire la distinction entre l'art et la politique. ».
Durant la seconde guerre mondiale, le photojournalisme a ressemblé à ce que la photographie connaissait depuis l'arrivée du communisme : un vaste champs de dissimulation. Les photographies prisent sur le front ne doivent montrer que des images de joies, de victoires, pour donner le moral au peuple, et ne pas perdre espoir. Dimitri Baltermants, figure emblématique du photojounalisme, permet de révéler à quel point le rôle des photos est important. Le régime communiste a chuté en 1991 laissant un goût amer derrière lui. Le sentiment de stagnation qui s'était estompé après la chute du communisme semble réapparaitre. Le photojournalisme peut cependant subsister malgré les tentatives de l'État de contrôler les médias. L'apparition de nouvelles technologies a permis cette émancipation. Pour terminer, Yevegeni Khaldei grand photojournaliste russe a dit : « J'ai toujours voulu que le monde sache ce qu'il ce passait réellement en leur temps », heureusement,on ne peut pas tricher sur les négatifs et l'œil du photographe ne peut ainsi en être altéré.
Magot Julien