
Présentée par le Ministère de l’Intérieur comme particulièrement innovante, la traduction française du règlement européen sur la mise en oeuvre du passeport biométrique est sévèrement sanctionnée par la Cour des Comptes dans son rapport réalisé à la demande de Michèle André, membre de la Commission des Finances du Sénat et publié le 30 juin 2010.
D’un droit de timbre supérieur de 62% à son prix de revient et en augmentation de 48% par rapport à l’ancien, le nouveau passeport biométrique, dans sa version française, aura non seulement été perçu par les demandeurs en net retrait en termes de qualité de service mais aura aussi malheureusement prouvé sa qualité à détruire des emplois dans notre pays.
En effet, en imaginant notamment pouvoir offrir la réalisation de la photo d’identité au demandeur grâce à un équipement installé à grand frais dans 2000 mairies il y a un an, le système montre aujourd’hui toutes ses limites. Sans aucune concertation en amont avec les professionnels de la photographie, les stations biométriques se révèlent incapables de réaliser des photos d’identité de tous les demandeurs, excluant ainsi un certain nombre de minorités d’un service qui se veut « public » mais finalement discriminatoire.
La possibilité pour les demandeurs de fournir leur photo d’identité est pour le moins découragée avec un taux de rejet de la part des mairies des photos réalisées par des professionnels tout à fait surprenant et soudain.
Au-delà de l’inconvénient pour nos concitoyens qui se trouvent confrontés à un service public à plusieurs vitesses, le système français, quasi unique en Europe, aura réussi à fragiliser gravement la profession photographique en lui retirant de fait une source majeure de développement de son activité.
Plus de 8000 emplois sont directement en jeu et, chaque jour, un magasin photo ferme ses portes en France.
1000 maires (dont plusieurs ministres du gouvernement) ont déjà pris la décision courageuse, comme la loi les y autorise, de préserver une activité économique importante en refusant de réaliser les photos d’identité dans leur mairie. De très nombreux parlementaires envisagent également, par la loi, de généraliser le retrait des appareils photo encore installés en mairie Le rapport de la Cour des Comptes doit être l’occasion d’une remise à plat rapide et en concertation avec les professionnels, du système mis en place afin de proposer à nos concitoyens un service moderne, équitable, de qualité et à un coût raisonnable. Les professionnels de la photo sont prêts.