Felice Quinto a rendu son dernier souffe le 16 janvier à Rockville, dans le Maryland, des suites d'une pneumonie, a déclaré lundi Geraldine Del Giorno, son épouse. Il avait 80 ans. Connu principalement pour son activité de photographie de célébrités, Quinto est à l'origine de quelques-unes des techniques agressives encore employées aujourd'hui par les paparazzi.
Felice Quinto naît en avril 1929, à Milan. Jeune garçon, il se destine à une carrière de mécanicien automobile. Son père étant propriétaire d'un magasin de matériel photographique, Quinto s'adonne à la photographie durant ses temps libres. Alors qu'il photographie des mendiants, un journaliste le repère et lui propose de devenir journaliste photographe.
Dans les années 1950, Quinto se lie d'amitié avec le réalisateur Frederico Fellini. Ce dernier s'inspire du jeune photographe pour son personnage « Paparazzo » dans son film le plus célèbre : « La Douceur de vivre » (La Dolce Vita). D'après l'épouse de Quinto, Fellini souhaitait que le jeune photographe joue le personnage de Paparazzo, mais celui-ci a décliné l'offre, justifiant son refus par le fait que la prise de clichés photographiques dans les rues de Rome était une activité plus lucrative. Il a finalement réalisé une apparition dans le film de son ami, dans le rôle d'un badaud.
Agressé par l'actrice Anita Ekberg
En 1960, Quinto photographie l'actrice Anita Ekberg, revêtue du rôle de la vedette en herbe traquée par Paparazzo dans le film de Fellini, blottie dans les bras d'un producteur de cinéma marié, dans un café à Rome. Alors que le photographe, vers cinq heures du matin, guette les tourtereaux aux abords de la maison de l'actrice, cette dernière apparaît telle une furie, armée d'un arc et d'une flèche et assaille le voyeur. L'une des flèches atteint la voiture de Quinto et une autre entaille sa main. La scène, quelque peu insolite, est immortalisée par un collègue paparazzi de Felice Quinto.
Trois ans après cet épisode, Quinto épouse Geraldine Del Giorno, une institutrice primaire américaine, et quitte son pays natal pour les Etats-Unis. Engagé par l'Associated Press, il couvre notamment les funérailles du président John F. Kennedy et les marches pour les droits civiques, menées par le militant Martin Luther King Jr.. Il remporte un prix pour une image qui montre deux officiers de police blancs brutalisant un homme noir.
Etre paparazzi, ça rapporte
Mais ses lettres de noblesse, c'est en photographiant les stars qu'il les conquiert. Il travaille pour la boîte de nuit célèbre de New York, le Studio 54, dans les années 1970 et devient le photographe attitré d'Elizabeth Taylor durant quelques temps.
Felice Quinto prend sa retraite en 1993 et s'installe dans le village de Montgomery avec sa femme, où il vit paisiblement, choyant sa culture de piments et de basilic et s'abandonnant à la cuisine italienne. Il publie un livre en 1997 qui rassemble ses photographies réalisées au Studio 54. Certaines d'entre elles sont aussi exposées dans des musées.
Jamais, le paparazzi n'a exprimé de regrets quant à ses activités photographiques liées aux personnalités. En 1997, il exprimait ceci : « Les hommes sont humains. Ils désirent regarder ce type de photo et cette activité apporte beaucoup d'argent ».
Angelika Zapszalka