Sur la photo, à gauche, l'artiste: Esther Shalev-Gerz et à droite Maria Gili, la directrice du Jeu de Paume.
Esther Shalev-Gerz travaille intuitivement la notion de portrait, qu'elle appréhende comme le reflet possible d'une personne, d'un lieu ou d'un événement qui n'est jamais stable ou définitif. Ce qui l'intéresse, ce sont les gens, leur parole, leur silence, leur vécu, leur manière de résister et d'aller au-delà de leurs propres limites, leur façon de raconter leurs histoires.
Cette première exposition monographique d'envergure en France regroupe une sélection de dix oeuvres antérieurs montrées partiellement ou adaptées pour leur exposition au Jeu de Paume. Cette exposition est complétée d'une nouvelle oeuvre intitulée D'eux, spécialement créée pour cette occasion.
L'exposition commence par l'installation Echoes in Memory, composée de deux vidéos muettes sur écran et de photographies. Vingt-quatre images photographiques de sculptures virtuelles en 3D sont exposées, elles représentent vingt-quatre femmes (artistes, écrivains, amis) qui ont été une source d'inspiration pour l'artiste. Artemisia Gentileschi, Lea Gilinsky, Louise Bourgeois, Marci Tucker, Rrose Selavy, Alice Liddell, Patty Smith, Susan Sontag, Meret Oppenheim, Germaine Capradesse, Eva Hesse et Claude Cahun sont ainsi présentées. Une autre installation intitulée, Sound Machine figure avec ces photographies. Sound Machine est une étonnante réflexion sur la perception. Intriguée par la mutation d'un quartier d'anciennes usines textiles restauré, devenu propre et calme, mais auparavant marqué par le vacarme des machines, l'artiste choisit de travailler avec des femmes enceintes à l'époque et avec leurs filles, aujourd'hui adultes. Partagent-elles un souvenir, même confus, de cette expérience de bruit permanent? La vidéo montre des couples mère-fille qui, placés devant une usine virtuelle reconstituée en 3D, écoutent une bande-son de machines, enregistrée et retravaillée par l'artiste et un musicien.
Une des oeuvres les plus intéressantes, intitulée MenschenDinge (L'Aspect humain des choses) retrace sous forme de vidéos et d'interviews, l'histoire d'objets trouvés sur le terrain du camp de Buchenwald. Ainsi, un historien, un archéologue, une restauratrice, une photographe et le directeur du mémorial racontent leur manière de procéder, leurs rencontres à la fois professionnelles, personnelles et imaginaires avec ces objets. Et c'est au travers leur perception sensible que les objets apparaissent dans leurs mains, en tant qu'images montrées sur les écrans et sur les photos.
Ton image me regarde!? est plus qu'une exposition, c'est une expérience où la vue et l'ouïe sont sollicitées. Pour la petite anecdote, l'exposition a reçu le concours de La Manufacture Jaeger-LeCoultre, partenaire privilégié du Jeu de Paume et qui a produit la pièce Les Inséparables, une double horloge qui introduit l'exposition.