
Le secteur de la photographie professionnelle est au plus mal, la France, berceau de la photographie doit agir! Après le dépôt de bilan du groupe Eyedea, Paris, capitale mondiale du photojournalisme a perdu deux pretigieuses agences: Gamma et Rapho. Certes, l'avénement de l'ère numérique a tout chamboulé, elle a d'ailleurs touché d'autres secteurs comme la musique. Cependant l'Etat semble délaissé particulièrement le secteur de la photographie.
Le congrès annuel de l'UPC, soucieux de l'avenir de la profession, a traité le weekend dernier des différents problèmes que connait la photographie professionnelle mais a aussi suggéré des solutions.
Le congrès UPC 2010, un franc succès
Le congrès annuel de l'UPC* a eu lieu le weekend dernier dans l'un des plus grands studios européens de photographie: le Canalpix, situé à Aubervilliers. Ce tout nouveau studios de 4500 m² est composé de sept plateaux de prises de vue.
Ce congrès est avant tout "une rencontre, un lieu d'échanges et d'affinités" comme le souligne le président de l'UPC, Frédéric Baxin. Le secteur de la photographie a atteind son "seuil critique", il faut donc agir. Pour cela, de nombreux débats ont été organisés sur les perspectives de la photographie professionnelle et la question du patrimoine culturelle des photographies. D'autres sujets tels que la cession de droits, les contrats d'édition, les droits collectifs, les relations contractuelles des photojournalistes, la photographie noir et blanc, l'Agessa, et l'IRCEC, ont été abordés. Plus de 700 personnes ont assisté à ce congrès dans une atmosphère décontractée. Le célèbre photographe Reza ainsi que Lucien Clergue, l'un des fondateurs des Rencontres d'Arles et le premier photographe à entrer à l'Académie des Beaux-Arts ont chacun animé une conférence afin d'évoquer leurs travaux respectifs. Tous deux ont reçu une «standing ovation».
La photographie: un secteur fragile dont il faut prendre soin
Le secteur de la photographie se porte mal, il faut à tout prix redinamiser ce secteur et pour cela il faut modifier son économie et obtenir des aides de l'Etat. L'association de photojournalistes, FreeLens et la Société des Auteurs des Arts Visuels et de l'Image Fixe (SAIF) lance l'appel: "sauvons la photographie", pour que la création visuelle continue d'exister et que les Auteurs Photographiques puissent continuer à produire des photographies. Cette appel est lancé pour mettre en place une constitution d'Etats généraux de la photographie. « Les utilisations massives de photos dites « libre de droits », les photographies à «1 euro », les photographies signées « DR » (droits réservés), la baisse générale des tarifs, les contrats de cession de droits ne respectant pas la loi, la remise en cause par les juges de la qualité originale des photographies, la banalisation de la photographie comme un bien de consommation et les autres atteintes à la profession de photographe doivent être encadrés juridiquement et socialement.
Ces pratiques abusives génèrent une crise économique sans précédent qui met en péril les auteurs photographes et les agences photographiques qui diffusent leurs images.
Il est demandé à l’Etat, garant des libertés et de la sauvegarde du patrimoine culturel, de tout mettre en œuvre pour réunir l’ensemble des acteurs de la photographie et trouver des solutions législatives à cette situation.
L’opinion publique et les représentants de l’Etat doivent prendre en compte cette réalité.
La France pays inventeur de la Photographie a le devoir de soutenir la liberté de création visuelle et maintenir une activité économique qui concerne des milliers d'emplois utiles à notre société. » (Pétition envoyée au Ministère de la Culture)
Le Ministère de la Culture, sensible à se crie d'alerte s'engage à aider le secteur de la photographie et tout particulièrement le secteur du photojournalisme en voie de disparition. La société Eyedea qui regroupe des fonds mythiques, comme Rapho, Gamma ou encore Keystone est en dépôt de bilan, la chute de Eyedea « n'est qu'un micro problème comparé au macro problème de la photographie » souligne Frédéric Buxin. « La France risque de voir le secteur de la photographie se délocaliser » alerte t-il, « le problème, c'est la perte de valeur des photographes dû au passage il y a une douzaine d'années au tout numérique. Le modèle économique des agences photos ne s'est pas adapté à la diffusion de masse ». De plus « les pouvoirs publics n'ont aucune donnée réelle sur le monde de la photographie. Elle ne fait l'objet d'aucune étude statistique ». Ici, Frédéric Buxin dénonce, de but en blanc, le manque de reconnaissance de la part de l'Etat envers la photographie. « Il faut aider la photographie au même titre que l'Etat aide la gestion des droits dans la musique. Le projet « Création et Internet »* n'a pas mentionné le problème des droits d'auteurs des photographes ».
Alexandra Lambrechts.
Sur la photo de gauche à droite: Frédéric Buxin, président de l'UPC et Jacques Salvator, maire d'Aubervilliers.
*Qu'est-ce que l'UPC ?
L'Union des Photographes Créateurs est une association loi 1901. Elle a été fondée en 1985 pour poursuivre et renforcer l'action de la FAPC (Fédération Française des Associations des Photographes Créateurs). L'UPC est la première organisation professionnelle de défense des droits des photographes auteurs. Elle représente les intérets de plus de 4000 photographes professionnels et est composée de 1700 membres actifs. L'UPC a pour but de promouvoir la profession et de veiller aux intérêts des photographes.
*Projet de loi destiné à combattre le téléchargement illégal sur internet. (22 Octobre 2009)