
Premier rendez-vous mondial pour la photographie 19e, moderne et contemporaine, Paris Photo 2009 a clos ses portes le dimanche 22 novembre sur une affluence record de 40 150 visiteurs contre 37 760 en 2008. L’édition 2009, qui a réuni au Carrousel du Louvre 102 exposants de 23 pays, mettait à l’honneur la scène arabe et iranienne.
Une édition tonique:
L’ensemble des visiteurs et exposants ont salué la qualité des accrochages des galeries et le dynamisme de l’édition 2009, ponctuée de nombreux moments forts :
la remise du Prix BMW – Paris Photo à la jeune néerlandaise Karijn Kakebeeke pour son œuvre « Le rêve de Khadija » ; la foule qui se pressait autour de William Klein et Martin Parr dans le cadre du programme des dédicaces; les visites de personnalités comme le Ministre de la culture et de la communication Frédéric Mitterrand, ainsi que celles de Lou Reed, Eric Cantona, François Pinault; le succès de la plate-forme SFR- Jeunes Talents dédiée aux talents émergents.
Pendant cinq jours, le Salon a rassemblé toute la planète photo, avec cette année la présence de 18 groupes de musées internationaux, dont beaucoup d’américains venus de Boston, Houston, Détroit, Los Angeles et New York.
Un coup de projecteur exceptionnel sur la scène arabe et iranienne :
L’édition 2009 a su révéler l’existence d’une scène contemporaine active dans les pays arabes et en Iran, tout en redonnant un éclairage historique sur la relation entre la photographie et le Moyen Orient : les traces de la toute première photographie faite en Orient en 1839 présentée chez Serge Plantureux, l’exposition des images d’ archives de la Fondation Arabe pour l’Image de Beyrouth qui révélait la variété des pratiques photographiques de 1870 à 1969 et l’ iconophilie de cette région du monde qu’on croyait rétive à l’image. De même, les conférences de Catherine David et celle de Mirjam Brusius sur les développements de la photographie au Moyen Orient ont permis à de nombreux visiteurs d’approfondir leurs connaissances d’une scène qui demeure peu ou pas documentée.
Le Statement, composé de 8 galeries présentant la création émergente, a suscité l’enthousiasme. Les artistes iraniens ont remporté tous les suffrages. La galerie Silk Road (Téhéran) a vendu tout son stand dont Bahman Jalali (4 tirages de la série image of imagination à 10 000 euros pièce) et Gohar Dashti (4 tirages à environ 2 000 euros chaque). B21 Gallery a cédé 8 œuvres de Reza Aramesh pour un prix moyen de 15 000 euros pièce et 3 grands collages de Ramin Haerizadeh (15 000 euros environ le collage), rentrant les mains presque vides à Dubaï. Assar Art Gallery (Téhéran) a écoulé 4 Sadegh Tirafkan à 5 000 euros pièce et 3 Mohammad Gazhali à 1 500 euros.
Du côté du monde arabe, la libanaise Andrée Sfeir Semler se déclare satisfaite avec notamment les ventes de deux œuvres d’Akram Zaatari à 13 000 euros et de la vidéo de l’égyptien Wael Shawky à 12 000 euros. La tunisienne Selma Feriani a vendu également 3 œuvres de la tunisienne Raja Aissa entre 6 500 et 8 000 euros pièce.
Ailleurs dans le secteur général, Edwynn Houk (New York) a cédé cinq tableaux photographiques de l’artiste marocaine Lalla Essaydi entre 16,000 et 24,000 USD.
Des ventes contrastées
Le premier bilan des ventes apparaît contrasté : certains ont mieux fait qu’en 2008, d’autres moins bien ou idem.
Le vintage semble à nouveau la valeur refuge pour un collectionneur de plus en plus soucieux de la pérennité de son investissement : Françoise Paviot (Paris) a vendu 75% de son stand et notamment un autoportrait de Man Ray à 60 000 euros. Howard Greenberg (New York) a cédé entre autres un Moholy Nagi à 130 000 euros et un Avedon à 55 000 euros, réalisant une meilleure performance qu’en 2008 tout comme Robert Klein qui détient le record de l’œuvre la plus chère vendue sur le Salon avec un Irving Penn de 1951 parti à 265 000 euros. Hamiltons de Londres a également mieux travaillé qu’en 2008 avec la vente notamment de son Helmut Newton grand format envolé à 300 000 USD. Tels sont aussi les cas de Vintage Gallery de Budapest et de Lumière des Roses (Montreuil) qui a vendu les trois quarts de son stand, doublant son chiffre d’affaires par rapport à 2008.
Pour le contemporain, les petits prix ont dominé dans une gamme qui s’étend de 2 000 à 15 000 euros. Si le commerce fut mitigé pour certains comme Les Filles du Calvaire, Le Réverbère, Kudlek Van Der Grinten, Baudoin Lebon, Toni Tapies ou encore Van Zoetendaal, il faut toutefois souligner les excellentes performances d’enseignes contemporaines comme Michael Stevenson qui a cédé tous ses Pieter Hugo à 14 000 euros pièce, Taik qui a vendu 40 oeuvres pour un prix moyen entre 7 000 et 8 000 euros, 798 Photo Gallery de Beijing (une trentaine de pièces vendues entre 4 000 et 12 000 euros, dont celles de Yao Lu vainqueur du Prix BMW- Paris Photo 2008). On peut aussi évoquer les belles performances de Taro Nasu (Tokyo), Flatland , Dominique Fiat (Paris), DNA (Berlin), Bruce Silverstein (New York), MEM (Osaka) ou encore Anhava (Helsinki) qui a cédé un mur composé de 12 pièces du finlandais Jorma Puranen pour 48 000 euros.
L’Europe Centrale invitée d’honneur de l’édition 2010:
Pour 2010, Paris Photo qui se tiendra du 18 au 21 novembre maintient le cap à l’Est en mettant à l’honneur les pays d’Europe Centrale dont la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie, la Slovaquie et la Slovénie. Le projet a été confié à la commissaire d’expositions et critique d’art, Nataša Petrešin-Bachelez (née en 1976 à Ljubljana) qui travaille actuellement sur l’exposition du Centre Pompidou « Les promesses du passé » prévue au printemps 2010 consacrée à la création contemporaine des pays de l’Europe centrale et orientale.
Nomination de Guillaume Piens au poste de Commissaire Général
Responsable de la presse de 2002 à 2007, directeur artistique de l’édition 2008 consacrée au Japon et commissaire adjoint de la manifestation en 2009, Guillaume Piens a été nommé Commissaire Général de Paris Photo à l’issue de l’édition 2009 par Jean-Daniel Compain, Directeur général du Pôle culture, sports et loisirs de Reed Expositions France.