
Quand on a un appareil photo qui permet d’enregistrer des images brutes, donc non traitées par le processeur de l’appareil, il est toujours mieux de prendre ses photos en RAW (ce qui donne des fichiers .NEF chez Nikon, .CRW chez Canon…) et de les traiter a posteriori sur son ordinateur, pour obtenir des images meilleures et/ou personnalisées.
Mais le format RAW peut aussi être utile dans un autre cas : quand l’étendue dynamique de la luminosité est trop grande dans la scène qu’on souhaite photographier (ça arrive souvent dans la nature), c’est-à-dire quand il est impossible de saisir tous les détails à la fois dans les clairs et dans les foncés (la photo est soit trop sombre soit “brûlée” par endroits). L’oeil humain sait s’adapter à des situations de fort contrastes et le cerveau “comprime” cette dynamique afin qu’on voie toujours des détails, mais il est impossible d’afficher une telle profondeur de détails sur un écran (toute photo affichée sur un écran est forcément en format bitmap à 8 bits par couleur primaire) ou sur une feuille de papier. Il faut donc un traitement pour “comprimer” artificiellement la l’étendue de la luminosité, c’est-à-dire ramener une information codée sur plus de 8 bits à quelque chose d’affichable par un écran.
Alors que la technique habituelle du HDRi (High Dynamic Range imaging) consiste à prendre plusieurs photos à différentes expositions (bracketing) pour obtenir les détails dans toutes les zones claires ou foncées, qui sont ensuite assemblées à l’aide d’un logiciel spécifique (Photomatix par exemple) qui permet de dégager le meilleur de chaque prise de vue afin d’obtenir une image équilibrée (lire cet article pour plus de détails), une image RAW permet également de suivre cette procédure, quand on n’a pas de mode bracketing ou quand on souhaite simplement partir d’une source unique. En effet, une image au format RAW est codée sur 12 bits (il y a donc plus d’information que ne peut en afficher un écran), on peut en tirer quelque chose.
Prenons un exemple. Cette photo (dans un fjord norvégien) a été prise en RAW avec mon Nikon puis convertie en JPEG (8 bits) sans autre forme de procès
Ce n’est pas satisfaisant : le ciel autour du soleil est trop clair et le reste est trop foncé. On va essayer de faire un peu mieux. Pour commencer il faut, à l’aide d’un convertisseur RAW comme le plugin Photoshop Camera Raw, tirer de l’image brute 12 bits deux images 8 bits (ou deux images TIFF en 16 bits, mais c’est 10 fois plus gros comme fichier !), dont l’une est volontairement surexposée pour avoir les détails dans les zones sombres (la montagne) et l’autre est sous-exposée pour avoir les détails dans les zones claires (les nuages). C’est aussi à cette étape qu’on peut encore corriger si nécessaire la balance des blancs.
Ensuite on assemble ces deux photos dans Photomatix en faisant des réglages plus ou moins forts selon ses goûts personnels (on peut comprimer plus ou moins la profondeur des détails, le contraste, accentuer les couleurs, etc.). Il y a deux technique possibles : le tone-mapping qui permet d’obtenir plus de rendement, mais des photos plus “fades” et un peu étranges, et la fusion d’exposition, qui permet d’obtenir des images plus contrastées et naturelles.
Source : http://www.ready.to.get.free.fr/