Hommes du Gondor et du Rohan, mes frères ! Je lis dans vos yeux la même peur qui pourrait saisir mon cœur ! Un jour peut venir, où le courage des hommes faillira... où nous abandonnerons nos amis et briserons tout lien. Mais ce jour n'est pas arrivé ! Ce sera l'heure des loups et des boucliers fracassés lorsque l'âge des hommes s'effondrera... mais ce jour n'est pas arrivé. Aujourd'hui nous combattrons !
Aragorn in "Le Seigneur des Anneaux" - Peter Jackson, d'après l'oeuvre de J.R.R. Tolkien.
Appel du 132 – 100302 - Le 2 mars 2010
Bonjour à toutes et à tous de chez EYEDEA !
Dans la presse, dans les blogs, dans nos échanges téléphoniques et par courriels, toutes les raisons ou presque ont été invoquées pour tenter d’expliquer la crise traversée par la photographie d'auteur comme par nos structures de diffusion et de commercialisation.
Révolution numérique, baisse des commandes de la presse, concurrence déloyale, non-respect du code de la propriété intellectuelle, etc. etc. Dans le cadre de notre agence, on a mis en cause les possibles malversations des uns, les maladresses des autres... Ou des mêmes ! La lenteur à mettre en place un site Web ou les sabotages pour conduire à un inévitable dépôt de bilan, tout aura été supposé, énoncé, dénoncé.
Mais il y a une chose dont nous n'avons pas assez parlé, c'est notre responsabilité en tant qu'auteurs, en tant qu'acteurs de notre propre débâcle. Il est peu d'entreprises aussi difficiles à faire fonctionner qu'une agence de photographes. Surtout quand la navigation doit faire face a des écueils, à des récifs, à des tempêtes. Il n'y a pas beaucoup plus individualistes que des photographes, amenés à voyager seul, à vivre une grande partie de leur vie seuls derrière le viseur, à se prendre tous pour de grands auteurs, à se retrouver sans cesse en concurrence les uns avec les autres sur le terrain comme au retour.
Or, nous aussi, nous faisons partie de l'équipage. L'agence, ce n'est pas seulement son personnel, ce n'est pas seulement la direction, ce n'est pas seulement chacun de nous, c'est nous tous. Et "nous tous", nous ne savons pas ce que c'est ou si peu. Combien de fois avons-nous remarqué des erreurs, repéré des dysfonctionnements, eu envie de suggérer telle ou telle chose, et à qui avons-nous pu en faire part ? Une personne ou deux... Pas très efficace tout ça. Mais ne nous jetons pas la pierre non plus : quelles formes d'organisation existaient pour nous permettre de veiller à la bonne marche commune de nos affaires ? Aucune. Quel mode de contrôle pouvions-nous exerce r ? Aucun. Nous ne sommes pas organisés et pour beaucoup nous ne voulons pas l'être. Cela ne fait pas partie de nos habitudes, de nos choix de vie, de nos goûts. Et voilà le résultat.
Depuis le dépôt de bilan de notre agence voici quelques semaines, un petit groupe de photographes a décidé d'agir. Nous avons essayé de trouver une solution aux questions suivantes :
- maintien de l'activité mais de manière énergique, dynamique, efficace
- sauver le plus grand nombre d'emplois
- éviter la dispersion des fonds
- faire de cet outil soi-disant bancal et obsolète un outil qui donne satisfaction aux auteurs.
Nous avons d’abord tenté de créer une fondation sur le modèle suggéré par Michel Puech dans un de ses articles. Nous avons pris contact avec les différents repreneurs acceptant de nous rencontrer de façon à écouter leurs intentions, leur faire part de notre résolution à maintenir une structure de haut niveau, unique en Europe, et à empêcher son sabordage. Nous avons contacté le cabinet du ministre, l'administrateur judiciaire, les associations professionnelles, les représentants du personnel, les membres du personnel, des journalistes, des juristes, des consultants, des personnalités éminentes du monde de la photographie dont nous avons recueilli les conseils, etc.
Le temps et les moyens se sont avérés insuffisants pour mettre en place dans des délais aussi brefs une forme adaptée.
Demain à 18:00, les candidats à la reprise remettront leurs propositions à l'administrateur judiciaire. Mais rien n'est joué. Nous pouvons avoir notre mot à dire. Et il peut peser lourd ! Seuls nous ne sommes pas grand-chose. Il semble que l'argent décide. Mais ce n'est pas vrai. Les compétences et le travail, la créativité et l'imagination devraient décider et nous allons nous y employer. Bien sûr, le tribunal de commerce peut décider de remettre l'agence entre les mains du repreneur qui mettra le plus d'argent sur la table. Mais est-ce bien celui-là qui a la meilleure volonté d'aller dans le sens que nous souhaitons ? Et si nous avons exprimé nos souhaits avec intelligence et pertinence, alors les juges peuvent faire pencher la balance dans un sens plus favorable aux besoins de la photographie, à nos besoins d'auteurs, de créateurs ou de journalistes de l'image.
Pour paraphraser une formule célèbre, ne nous demandons pas ce que la photographie peut faire pour nous, demandons-nous plutôt ce que nous pouvons faire pour la photographie.
Si notre agence ne sert pas la cause des photographes et de la photographie, alors peu importe qu'elle disparaisse.
Si notre agence n'est pas très bonne, mais si elle peut devenir un bon outil, alors il faut la transformer pour qu’elle existe, VRAIMENT.
Nous aurions dû nous poser ces questions depuis longtemps et surtout nous aurions dû échanger nos réponses. Peut-être aurions-nous commencé à entrevoir des solutions.
Nous ne l'avons pas fait mais il n'est pas trop tard. Se demander encore : « que va-t-il arriver ? » ne nous conduira nulle part. Se demander : « que pouvons-nous faire ? » peut nous ouvrir des horizons plus clairs.
Sachons tirer de bons bilans non pour ressasser le passé avec nostalgie mais pour tracer de justes perspectives. Notre avenir est à ce prix, celui de la photographie aussi.
Nous avons fondé un groupe de résistance et d'action sous le nom de FIGHT FOR FOTO (FFF).
Nous avons pris contact avec d'autres associations susceptibles d'être des partenaires efficaces comme par exemple FreeLens et la SAIF.
Nous avons créé une adresse mail pour nous adresser à vous.
Nous allons ouvrir un forum où nous pourrons échanger nos avis avec le plus de générosité possible. Nous y posons 11 questions de façon à favoriser la réflexion, à susciter vos interventions, à éviter la déperdition de parole et d'énergie.
En conclusion, face à la situation du groupe Eyedea, nous pouvons baisser les bras… ou bien nous montrer motivés et réactifs autour de la reprise du groupe. Il nous est possible de témoigner d’une volonté de changement, d’évolution et d’amélioration de l’entreprise dans un univers professionnel en complète mutation.
Je vous propose de matérialiser ce témoignage dans le cadre d’un forum virtuel mis à la disposition d’un groupe restreint de participants et ce, pour une dizaine de jours.
Ce forum est un forum d’accès strictement privé. Nous pourrions tous y apparaître avec nos noms et prénoms, en toute confidentialité. Toutefois, pour plus de liberté dans les débats (et parce que l’on ne sait jamais ce que le web peut conserver à notre insu), nous vous suggérons l’utilisation d’un pseudo. Pour répondre personnellement à cet « appel » et notamment le point 10 des thèmes suggérés, merci de bien vouloir contacter Xavier aux DEUX adresses mail suivantes :
fight.for.foto@gmail.com , fight.for.foto.132@gmail.com
Attention : pour des raisons de sécurité, il est ABSOLUMENT INDISPENSABLE d’envoyer TOUJOURS vos messages aux DEUX adresses. Merci de votre compréhension.
Vos témoignages, vos suggestions, votre imagination, vos expériences peuvent aider… Nous disposons de 10 jours au grand maximum pour nous exprimer et transmettre ces remarques.
De ces échanges sur ce forum doit surgir dans les prochains jours un Comité de Vigilance. Il regroupera les plus déterminés d'entre nous, celles et ceux qui interviendront avec le plus d'exigence et d'efficacité pour le bien commun. Ensuite, la parole devra être suivie par des actes.
Nous nous adresserons à l'administrateur judiciaire de façon à rencontrer les éventuels repreneurs et nous entretenir avec eux de leurs projets respectifs. Nous les étudierons et reviendrons vers vous.
Par la suite, quand le tribunal de commerce aura accordé sa confiance à un repreneur, le forum restera en place de façon à ce que chacun, en permanence, puisse faire connaître à tous ce qui lui semble mal fonctionner. De façon également à soumettre des suggestions et favoriser des orientations.
A. Si nous voulons que notre comité de vigilance ait une réelle représentativité, il faut vous mobiliser et vous manifester. Il faut que le « Nous Tous » devienne une réalité contre le « Chacun pour soi ». Aucune cotisation ne vous est demandée, notre action est bénévole. Mais ce comité doit devenir VOTRE Comité, sa force dépend de votre force, son dynamisme dépend de votre résolution.
B. Parlez-en autour de vous : contactez nos consœurs et nos confrères du groupe. Vérifiez s'ils ont bien reçu l'appel. Demandez-leur pourquoi ils n'y ont pas encore répondu. Essayez de les convaincre. Rappelez-vous : nous n'avons pas beaucoup de temps pour réussir.
C. Les droits d’auteur qui nous sont dus. Nous ne vous avons pas parlé hier d'une chose évidemment importante qui fait partie de nos buts et qui est de récupérer aussi tout ou partie des droits d'auteur qui nous sont dus. De façon à être plus forts face à un éventuel repreneur, il est important de nous regrouper et d'assurer notre représentation collective. Ne croyez surtout pas à la possibilité de tirer notre épingle du jeu en restant isolé et en se débrouillant au mieux sans tenir compte des autres. Pour la plupart de ceux qui feront cela, nous pouvons vous assurer qu'ils courent dans le mur. Nous avons imaginé que la SAIF pourrait devenir, dans le cadre d'un regroupement d'une très large majorité parmi nous, notre représentant chargé de récupérer le maximum du repreneur potentiel et de redistribuer la somme en fonction de nos créances. Cela permettrait un meilleur contrôle au lieu de laisser la voie libre aux repreneurs pour nous payer ce qu'ils voudront quand ils voudront. Nous pourrions exiger dans un premier temps le payement de 50 % des droits qui nous sont dus puis l'échelonnement de la dette sur une période donnée, entre un et trois ans, mais cela doit se négocier avec le repreneur. Cela fera aussi partie des négociations entre l'administrateur judiciaire et les repreneurs éventuels, mais il faut vous manifester dans ce sens. Nous vous mettons ci-dessous la lettre reçue du directeur de la SAIF. Si vous ne vous mobilisez pas, l'intervention de la SAIF à nos côtés sera impossible.
D. Même si vous n'intervenez pas sur le forum, il est important de vous y inscrire de façon à prendre connaissance des échanges qui s'y déroulent. Il est possible qu'au début ces échanges soient modestes. Il est possible aussi que soudain vous ressentiez la nécessité d'intervenir vous-même. Il est en tout cas indispensable de se tenir informé à moins d'être totalement indifférent à l'avenir de l'agence.
E. Vous n'êtes pas obligés de répondre à toutes les questions. Les questions 10 et 11 sont des questions très ouvertes qui permettent à beaucoup d'intervenir. Voyez sur le blog de Michel Puech l'intéressant témoignage de Catherine Loury, agence Top. http://www.mediapart.fr/club/mot-cle/groupe-eyedea
Vous trouverez ci-dessous les questions que nous vous soumettons et les moyens d'accéder au forum. Créons la nouvelle agence du XXIème siècle ! Allons de l'avant ensemble, et bonne chance à nous tous !
Un grand merci à tous et à toutes.
Fraternellement,
Pour le comité de vigilance de FFF,
Xavier ZIMBARDO
FORUM DE VIGILANCE
D’ABORD connectez-vous à :
http://www.photsoc.org/fff/
Là, vous devrez vous inscrire comme d’habitude en indiquant
1.Votre nom d’utilisateur
2.Votre mot de passe
ET ENSUITE SEULEMENT vous devez nous adresser un courriel nous confirmant qui vous êtes et quel pseudo vous venez de choisir, aux deux mêmes adresses indiquées ci-dessus
fight.for.foto@gmail.com , fight.for.foto.132@gmail.com
3.. Seul Xavier et une seule autre personne (toujours la même, appelons-la : «fff132 ») sauront qui vous êtes. Cette entorse à l’absolue confidentialité nous permet de limiter les adhésions bidon ou malveillantes, et aussi de pouvoir vous joindre très vite en cas de besoin de façon à solliciter votre présence au sein du Comité de Vigilance.
Dans ce message à fight.for.foto@gmail.com , fight.for.foto.132@gmail.com
4. vous précisez votre nom, l’agence à laquelle vous appartenez au sein du groupe EYEDEA, votre adresse mail directe, vos coordonnées téléphoniques, plus ce qu’il vous semble bon d’ajouter à titre personnel, vos desiderata confidentiels, etc.
Rubriques de débats
Point 1 : image de marque de la société. Comment la définissez-vous ? Vous sentez-vous appartenir à cette image ? Dans la mesure où vous la critiqueriez, comme imagineriez-vous la reconstruire ?
Point 2 : service commercial. Quelles modifications de fonctionnement souhaiteriez-vous voir apparaître dans une nouvelle structure assainie ? Quels marchés sont selon vous « sous développés » ou à construire ?
Point 3 : réception, archivage, numérisation, organisation logistique. Quelles modifications de fonctionnement souhaiteriez-vous voir apparaître ?
Point 4 : patrimoine historique des archives Keystone /Gamma (actifs appartenant en propre à l’agence et risquant une dispersion ou un départ « lointain » …) et partiellement Rapho/etc.. Vous sentez-vous concernés par ce patrimoine ? Seriez-vous prêts à le défendre ? Imaginez-vous des solutions, des développements ?
Point 5 : site internet de l’agence. Avez-vous des critiques ou des suggestions à apporter ?
Point 6 : postes nécessaires. On ne peut éviter une réduction des personnels de l’agence et une restructuration de certaines fonctions. Dans cette mesure, quels sont selon vous les postes à créer qui n’existaient pas hier ? Que nous manque-t-il ?
Point 7 : adaptation aux mutations du marché. Qu’évoque pour vous la formule suivante « adaptation aux mutations du marché de la photographie » (pour une agence photo) ? Vous sentez-vous suffisamment informés à ce propos ? Quelle est votre propre vision de ces mutations pour les 5 à 10 ans à venir ?
Point 8 : évolutions personnelles. Vers quels domaines de la photographie – non accessible au tout venant – seriez-vous prêts(es) à vous orienter pour répondre à certaines demandes spécifiques des entreprises, des éditeurs, des médias ?
Point 9 : exemples de réussite. Avez-vous connaissance de structures de taille moyenne (agences photo en France ou à l’étranger) qui réussissent dans leur secteur et pourquoi (les expériences de tous peuvent nous aider) ?
Point 10 : audio et vidéo. Combien d’entre vous se sentiraient en mesure de compléter leur activité par de la production de documents audio et vidéo ?
Point 11 : témoignages. Combien d’entre vous se porteraient éventuellement volontaire pour témoigner (auprès d’un repreneur et du juge) de leur histoire dans l’entreprise, de leur envie de la voir se redévelopper, évoluer… mais aussi pour expliquer la complexité et les difficultés de la profession de photographe aujourd’hui ?
Point 12 : discussion ouverte… Vous pouvez aborder ici tous les thèmes qui vous semblent complémentaires à ceux que nous avons suggérés.
Merci aussi de ne pas oublier que nous allons devoir défricher chaque jour parmi des courriels très nombreux. Donc, soignez la concision, la précision et la présentation de vos propositions. Nous avons tous à y gagner.
Photo: copyright Xavier Zimbardo