Tina Modotti est née le 17 août 1896 à Udine (Assunta Adelaide Luigia Modotti) dans la province de Vénétie Giulia Tina Modotti et morte le 6 janvier 1942 à Mexico. Elle portait le prénom de sa mère et, pour les différencier, on l'appela Tina pour le restant de sa vie. Elle vécut dans une maison emplie de femmes, dominée par une figure masculine majeure, celle de son oncle, fameux photographe connu dans la région, Pietro Modotti, alors que le père, Giuseppe, était mécanicien. La famille vivait dans le " quartier de l'amour ", dont l'église était dédiée à saint Valentin. Giuseppe était membre du cercle socialiste et un fervent défenseur des causes syndicalistes. Il décide d'émigrer avec les siens en Autriche, dans la province toute proche de Carinthie. Tina avait trois ans et voit la langue allemande prendre la place de l'italienne. En 1905, la famille Modotti revient à Udine. Giuseppe décide alors de partir pour les États-Unis laissant les femmes seules et pauvres.
Pour Tina, le seul divertissement était de se rendre au studio de l'oncle Pietro. C'était un pionnier de la prise de vues en lumière artificielle et bien sûr l'intérêt de Tina pour la caméra vient de cette époque où, petite fille rebelle et irritable, elle avait du mal à fixer son attention. Elle travaillait dans une usine de soie pour subvenir aux besoins de la famille. Voilà pourquoi, à douze ans, Tina paraissait adulte, d'autant que sa sour aînée Mercedes avait rejoint leur père.
En 1913, près d'un million d'Italiens émigrèrent vers le Nouveau Monde, Tina en tête. Elle avait dix-sept ans lorsqu'elle débarqua à Ellis Island où après, avoir déclaré qu'elle n'était ni anarchiste ni polygame, elle prit le train pour rejoindre le haut lieu de la communauté italienne, le Little Italy de San Francisco.
Immédiatement, elle y travaille avec sa seour dans une usine de vêtements et devient tout de suite le modèle de la marque. Les beautés romantiques étaient à la mode et Tina était, ainsi que la décrit sa biographe irlandaise Margaret Hooks (1), " une jeune fille svelte et "mignonne", au visage expressif et délicat, encadré de cheveux noirs abondants et ondulés, avec de grands yeux sombres de couleur châtaigne et une bouche sensuelle ".
Très vite, elle s'intéresse au théâtre alors en plein essor dans le Little Italy de San Francisco. Mais le choc pour Tina sera la découverte, lors de l'exposition Panama Pacifique de 1915 à San Francisco, de l'art nouveau du monde, de l'expressionnisme allemand au futurisme italien en passant par les photographies d'Edward Weston. Loin d'Udine et de la Première Guerre mondiale qui sévit sur l'Ancien Continent. Elle y rencontre aussi un étrange garçon, originaire de Louisiane : Roubaix de l'Abrie Richey, dit Robo.
D'autre part, elle passe très vite du statut de spectatrice assidue du théâtre qui fleurit à Little Italy à celui d'actrice sur la scène : elle travaille pour la compagnie Citta di Firenze (Ville de Florence). Elle y est tout de suite acclamée et applaudie. Le journal de la communauté italienne, l'Italia, en fait alors état. Il y est dit aussi que, sans être une actrice professionnelle, il est sûr que Tina accroche le public. En 1917, à vingt et un an, un hommage lui est déjà personnellement rendu. Elle chante aussi bien des opérettes italiennes qu'elle joue Ibsen.
Mais en 1918, son mariage avec Robo l'éloigne de la communauté italienne. Tina est bien décidée à poursuivre sa carrière d'actrice mais cette fois à Hollywood. Elle s'installe avec Robo à Los Angeles, fait un pas vers le monde anglo-saxon. Le couple apparaît comme le comble de la bohème telle qu'on l'imagine à l'époque : il dessine, peint, invente des batiks à la mode indonésienne ; elle crée des modèles et d'étranges marionnettes. Pour ses premières photos, Tina se montre tranquille et sûre d'elle face à l'appareil. Elle avait un corps souple et parlait suffisamment bien l'anglais pour intéresser des producteurs cherchant des actrices pouvant incarner les fantasmes des Américains. Ses apparitions à l'écran sont remarquées par le critique de Variety, ce qui l'amène à avoir le rôle principal de The Tiger's Coat, un mélodrame de Roy Clements, en 1920. Elle a vingt-quatre ans. Elle y interprète une jeune fille mexicaine qui se fait une place dans la société nord-américaine.
Mais cette année vngt sera aussi celle d'une rencontre, dans le milieu hollywoodien, d'Edward Weston. Médaille de bronze de l'exposition Panama Pacifique de 1915, il était déjà célèbre, son travail ayant été exposé au Salon de la photographie de Londres en 1918. L'association Tina-Robo-Weston fascinait Hollywood et en même temps détruisit les illusions de Tina et son couple.
Elle tourne encore dans deux autres films : Riding with Death, un western de Jacques Jaccard en 1921 et I can explain, une comédie de George D. Baker en 1922. Elle y tient le rôle d'une belle Sud-Américaine nommée Carmencita Gardez, prise dans une histoire de triangle amoureux. Elle y portait des robes dessinées par Robo, la critique parlait de " sa fascination sensuelle ", mais Weston trouvait que ces films ne faisaient qu'exploiter " sa beauté et son charme exotiques ".
Robo partit pour Mexico et Tina s'engagea dans une relation amoureuse avec Weston. Elle décida de se rendre brièvement au Mexique. Elle apprend la mort de Robo dans le train qui la menait vers lui. Alors que se préparait l'exposition des artistes américains à Mexico avec des photos apportées par Tina - celles de Weston y feront sensation -, elle reçoit un second choc : la nouvelle de la mort de son père.
Veuve à vingt-six ans, Tina revient à San Francisco, désemparée face à son destin : il lui reste à devenir l'une des plus grandes photographes du XXe siècle.
Tina Modotti, the most enigmatic photographer of the twentieth century observes the historically turbulent time of the Mexican Renaissance through the lens of her camera and follows the country's laborious steps as it moves towards the modern age. Between the illustrious Hollywood actress and communist revolutionary phases of her life there is a period of photographic creativity that lasted a mere seven years. The works originating from this time (virtually all of them unique prints) vary between still life, political portrait or photo-reportage.