Samuel Fosso

Samuel Fosso

#Photographe #Incontournable
Samuel Fosso est né le 17 juillet 1962 à Kumba, au Cameroun (à la frontière avec le Nigeria), l'Ibo Samuel Fosso a passé l'essentiel de sa vie en Centrafrique. C'est en observateur avisé qu'il a assisté à la descente aux enfers de ce pays aujourd'hui au bord de la rupture, où la soif de vengeance a conduit à un déchaînement de violence inouï et incompréhensible.

Il n'a pas encore 10 ans et fui son village natal pour échapper à l'armée nigériane, lors de la guerre du Biafra.

Accompagné par son oncle maternel, un cordonnier installé depuis plusieurs années à Bangui, il rallie la capitale centrafricaine le 2 janvier 1972 après un long voyage de quatre jours. Il n'a pas encore 10 ans et fui son village natal pour échapper à l'armée nigériane, lors de la guerre du Biafra. Pendant un an, Fosso travaille chez cet oncle vendeur de chaussures pour femmes dans le 3e arrondissement (centre-ville), avant de devenir l'assistant d'un photographe nigérian. En 1975, il ouvre un premier studio, le "studio photo national", puis un deuxième à Miskine. Il ne quittera plus ce quartier, aujourd'hui majoritairement musulman, considéré comme le poumon économique de Bangui, où il photographiera plusieurs générations d'habitants.

Gardes impériaux

"À mon arrivée, le 5e arrondissement était déjà mélangé. Il y avait des musulmans et des chrétiens, des Camerounais, des Sénégalais, des Tchadiens, des Maliens, des Congolais ou encore des Nigérians. Très rapidement, l'arrivée massive de nouveaux étrangers et les commerces qu'ils y ont établis ont permis au quartier de se développer."

Le studio photo qu'il prend en main est assez simple. "De grosses cuvettes faisaient office de réflecteur. Je m'étais inspiré d'une carte postale de Bucarest pour peindre un fond. Tous les matins, je développais mes pellicules, puis je faisais sécher mes tirages sur le trottoir. Le soir, après avoir tiré le rideau, je recevais souvent des amis, on refaisait le monde jusque tard dans la nuit." Son travail est apprécié, sa réputation se répand comme une traînée de poudre dans toute la ville. "Les gens venaient des quatre coins de Bangui." Pour "s'amuser, avoir des souvenirs et finir les pellicules de ses clients", il s'essaie à l'autoportrait. "Un jeu" qui fait un tabac lors des premières Rencontres africaines de la photographie de Bamako en 1994. Samuel Fosso est devenu, depuis, l'un des artistes africains les plus cotés. Ses clichés font le tour du monde.

Fosso a découvert la Centrafrique au beau milieu du règne de Jean-Bedel Bokassa, chef de l'État puis empereur resté quatorze ans au pouvoir (1966-1979), avant d'être renversé par David Dacko, avec l'aide de la France de Valéry Giscard d'Estaing, et dont les années au pouvoir ne furent que violence spectaculaire, gestion patrimoniale et clientéliste, succession de scandales. Pourtant, Samuel Fosso, adolescent à l'époque, en garde un souvenir assez édulcoré. Car pour les Centrafricains, volontiers nostalgiques, Bokassa demeure aussi l'exemple du vrai chef, celui qui peut assurer l'ordre et imposer la discipline.

"J'étais frappé par la tranquillité. Il n'y avait pas de voleur, pas de coup de feu dans la ville. La police et les militaires se faisaient discrets. Et puis les choses étaient moins chères, on pouvait bien vivre avec peu d'argent", confie-t-il. Il se souvient du couronnement de l'empereur Bokassa en 1977 comme d'une "belle fête". "Tout le monde venait prendre des photos dans mon studio. Même les gardes impériaux avec leur costume voulaient un souvenir."

Résilience

Mais "les choses ont commencé à se dégrader à partir de 1979". En janvier, le pouvoir réprime violemment une révolte étudiante. "C'était la première fois que j'entendais des tirs à Bangui. Je suis resté enfermé dans mon studio pendant trois jours. On a tué des gens devant moi, j'ai eu peur." Bokassa est déposé la même année. Les soubresauts militaires ne faisaient que commencer. Les mutineries qui frappent Bangui en 1996-1997 le touchent directement. Une nuit de mai 1996, le jour de la fête des Mères, des soldats tentent de piller l'un de ses voisins et amis. L'homme, un commerçant sénégalais, résiste avant d'être froidement assassiné. "Nous avions un mur mitoyen. J'ai tout entendu sans rien pouvoir faire, puis j'ai ouvert la porte et découvert son corps sans vie." Samuel Fosso tirera de ce drame un autoportrait. Une photo en noir et blanc, le mettant en scène de dos, nu, l'oreille vissée sur la porte de sa maison.

De 1972 à 2013, Samuel Fosso a été témoin de l'instabilité politique chronique. Bokassa, David Dacko, André Kolingba, François Bozizé, Michel Djotodia, tous ont pris le pouvoir par les armes. Pour lui, "rien ne les différencie". Comme beaucoup de Banguissois, Fosso a développé une forme de résilience face à la multiplication des putschs. "On a commencé à s'y habituer. Tous les coups d'État se ressemblaient, avec leur lot de pillages et de vols. Ça durait quelques jours, puis tout rentrait dans l'ordre." Mais quand la Séléka de Michel Djotodia a pris le pouvoir, en mars 2013, les pillages n'ont pas cessé.

Violence aveugle

Dans son quartier de Miskine, Samuel Fosso a vu la Séléka recruter à tour de bras au sein de la population. Des voisins se sont retrouvés "colonels", ont commencé à martyriser ceux qui n'étaient pas de leur famille ou de leur religion. "C'était la loi du plus fort. Celui qui avait les armes dominait." Peu à peu, l'équilibre social et confessionnel s'est rompu. La situation est devenue particulièrement critique après l'attaque des anti-balaka sur Bangui le 5 décembre. Au petit matin, ces milices animistes, et non chrétiennes, mènent plusieurs assauts coordonnés avant de se replier en commettant de nombreuses atrocités. Les représailles de la Séléka, souvent accompagnée de civils musulmans, sont terribles : en trois jours, plus de 1 000 personnes perdent la vie.

Samuel Fosso est aux premières loges. "Tout était très confus. Les tirs ne s'arrêtaient pas, on ne savait pas vraiment qui était qui. Quelqu'un disait : "Lui, c'est un anti-balaka", cela suffisait pour qu'il se fasse tuer. On a abattu, égorgé." Pendant plusieurs semaines, les tirs et les combats n'ont guère cessé, forçant la population à fuir. Les uns se réfugiant à l'aéroport, les autres prenant le chemin de l'exil vers le Tchad ou le Cameroun. "On entendait des tirs de jour comme de nuit, il fallait rester terré chez soi. On ne pouvait sortir acheter à manger. Moi, j'avais des réserves. Comment ont fait ceux qui n'avaient rien ?" s'interroge le photographe.

La fuite de la Séléka a laissé place au déferlement des combattants anti-balaka et des pillards. "Une violence incompréhensible, aveugle et folle." Aujourd'hui, Miskine s'est vidé de l'ensemble de sa population musulmane. Son quartier est brisé. Peut-on encore sauver la Centrafrique ? "On l'espère et on prie pour, souffle Samuel Fosso. Notre pays est touché par une maladie que l'on mettra des années à guérir."


Born in 1962 in Kunmba (Cameroon).
Lives and works in Bangui, Republic of Centrafrique.
2008
«African Spirits», jean marc patras galerie / paris, Oct-Déc 2008
«Autoretratos», Galeria Daniel Maman, Buenos Aires, Argentina.
2007
Samuel Fosso, Monographie, 7th Rencontres Africaines de la Photographie,Bamako,
Mali.
Samuel Fosso Vol.II « Tati séries», jean marc patras/Galerie, Paris.
Samuel Fosso, Vol.I « Le Rêve de mon Grand Père », jean marcpatras/Galerie
2005
«Autoportraits»The Platform for Art, London Underground, Gloucester Road
Station.
2004
Samuel Fosso, (restrospective) Calcografia, Rome, Italie
Samuel Fosso ( restrospective) Centro internazionale di Fotografia Scavi
Scaligeri, Verona, Italie
2003
Samuel Fosso Jack Shainman Gallery, New York.
« Autoretratos », PhotoEspana 2003. NosOtros, Madrid.
1999
Galerie Maï Ollivier, Paris.
1997- 1998
Samuel Fosso Photographs, Greengrassi, London.
1996
Galerie du Théâtre, Gap, France
1995
Centre Nationale de la Photographie, Paris.
2008
« Vous serez beau,chic, délicat et facile à reconnaître », Self-portraits
Festival photographique des Rencontres d'Arles.
« El juego Africano de lo Contemporaneo » Museo de Arte contemporaneo Union
Fenosa, Coruña, Spain.
2007
« Role Exchange », Sean Kelly Gallery, New York.
« Afica Remix » Johannesburg Art Gallery, Johannesburg, South Africa.
2006
« Masquerade, the self in contemporary art », Museum of Contemporary Art Sydney,
Australie.
« The whole world is rotten », C/AC, Cincinati Art Center, Cincinatti, OH. USA.
9th Havana Biennale, La Habana, Cuba.
2005
46th October Art Salon, Belgrade, Serbia.
« Africa Remix » Hayward Gallery, London
« Africa Remix » Centre Pompidou, Paris
2004
26th Sao Paolo Biennale, Sao Paolo, Brasil .
« Image and Identity, Portraits by Philip Kwame Apagya, Samuel Fosso, Seydou Keita,
Malick Sidibé »The Sheldon Art Galleries, St Louis, Mo, USA
« Africa Screams »
Iwalewa Haus University Bayreuth, Germany.
« Africa Remix » Museum KunstPalast,Düsseldorf
Catalogue (Couverture du catalogue : « Le Chef »).
2003
Samuel Fosso, Seydou Keita, Malick Sidibé, Portraits of Pride, Bidens Hus, Sundsvall/
Norskt Fotomuseum Oslo, Norway.
Make it Beautiful, the Dandy in Photography, Brighton Museum
& Art Gallery, Brighton, UK.
Geometry of the face, Det Nationale Fotomuseum, Det Kongelige Bibliotek, Copenhagen.
Denmark.
2002
The Short Century : Independence and Liberation Movements in Africa 1945-1994.
PS1 Contemporary Art Center and the Museum of Modern Art, Long Island City, New
York.
The 6th International Photography Gathering, Aleppo, Syria. »
« Samuel Fosso, Seydou Keita, Malick Sidibé, Portraits of Pride», September Stockholm
Fotofestival, Moderna Museet, C/O Enkehuset, Stockholm, Sweden.
2001
Africa Inside, Tampere, Finland.
The Short Century : Independence and Liberation Movements in Africa 1945-1994.
Villa Stück, Munich,
The Short Century : Independence and Liberation Movements in Africa 1945-1994.
Haus der Kulturen der Welt, Martin Gröpius Bau, Berlin.
The Short Century : Independence and Liberation Movements in Africa 1945-1994.
Museum of Contemporary Art, Chicago.
2000
Dak'Art, Biennale d'Art Contemporain Africain, Dakar, Sénégal.
Africa Inside, « Noordelicht photo Festival, Fries Museum, Netherlands.
1999
Africa by Africa : a photographic view, Barbican Art Gallery, London.
1998
« L'Afrique par elle-même », Maison Européenne de la Photographie, Paris.
1997
Studio Photo,50 ans des magasins Tati, Musée des Arts Décoratifs, Paris.`
L'Abattoir, Châlon-sur -Saône.France
Lumière Noire, Château de Tanlay,. France
« Retrats de l'anima ,Fotografia Africana », Centre Cultural de la Fundacio la Caixa,
Granollers & Vic, Barcelona.
1997
In/Sight : African Photographers,1940 to the present. Solomon R. Guggenheim Museum,
New York.
Artothèque, Grenoble, France.
« Festival des Trois continents », Nantes, France.
1995
Photographes Africains, FNAC, Forum des Halles, Paris.
1994
Autoportraits
« Première Rencontres de la Photographie Africaine », Bamako, Mali.
Musée du Quai Branly, Paris, France
Musée National d'Art Moderne/ Centre Pompidou, Paris, France
The Los Angeles County Museum, Los Angeles, Cal, USA
The Metropolitan Museum of Art, New York, NY, USA.
The Philadelphia Museumof Art, PA, USA.
Princeton University Art Museum, Princeton, NJ, USA.
Edwin A Ulrich Museum of Art, Wichita, KS, USA.
The Newark Museumof Art, Newark, NJ, USA.
The Studio Museum, Harlem, NY.USA.
Museum of Fine Arts, Houston TX.USA
Progressive Corporation, Mayfield Village, OH, USA
International Center of Photography, New York, NY, USA.
2001 Prince Claus Fund Award, Den Hague, The Netherlands.
2000 Dak'Art First prize for photography. Dakar, Senegal
1995 Afrique en Création, Paris.