Samuel Fosso. Autoportraits, "African Spirits"©2008, courtesy jean marc patras / galerie
Célèbre photographe camerounais, Samuel Fosso avait vu sa maison à Bangui pillée début février 2014, perdant ainsi la trace de l'oeuvre de toute une vie. Avec l’aide de l’organisation Human Rights Watch, le photojournaliste français Jérôme Delay a reconnu les négatifs de l'artiste et a ainsi pu sauver une partie des négatifs.
« C’était très compliqué, on était dans une maison en train d’être pillée. Certains avaient des grenades à la main. Ils marchaient sur des photographies dispersées au sol dont la valeur était de plusieurs milliers d’euros, tout cela pour aller arracher le toit de la maison… Pour moi, sauver ces archives, c’était un moment de beauté au milieu de la barbarie », explique Peter Bouckaert, directeur de la section urgences de l’ONG Human Rights Watch.
Des négatifs sauvés, qui remontent parfois aux années 70, l’époque du studio « National » de Bangui, où Samuel a commencé à se mettre en scène et à se photographier avec les fins de pellicule de ses clients alors qu’il n’avait que 13 ans. Exposé à Londres, New York et Paris, Samuel Fosso a acquis une renommée internationale pour ses autoportraits fantaisistes, évoquant notamment les grandes figures du panafricanisme dans la série « African Spirits ».
© RFI/Grégoire Sauvage
Jean-Marc Patras, galeriste et marchand du photographe, revient sur la difficulté de mettre en valeur cette grande quantité d'archives retrouvées. « Il va falloir numériser, restaurer et archiver ces négatifs, (...) il y en a pour 500 000 dollars. On n’a pas l’argent pour le moment, il va falloir constituer un dossier pour trouver les fonds, cela pourrait prendre 7 ou 8 ans. Dans nos métiers, le temps prend son temps ». Les archives ont été remises symboliquement à Samuel Fosso, le mercredi 2 juillet, dans la galerie de son marchand dans le quartier du Marais à Paris. L'artiste, exilé en France, souhaite retourner dans son pays natal le plus rapidement possible.