Photsoc Festival SARCELLES (15 km de Paris) le 20 septembre 2008 projection et remise du Grand Prix à 14h30 à l'Auditorium de Musique 2, avenue Paul Langevin 95200 Sarcelles puis vernissage à 19 heures Maison de Quartier des Vignes Blanches, Avenue Anna de Noailles 95200 Sarcelles entrée libre 9h – 12h / 14h – 19h, tous les jours. www.photsoc.org Contacts : Direction artistique : Xavier Zimbardo – xz@photsoc.org (06 83 55 16 65) Attachée de presse : Claire-Lise HAVET – clisehavet@gmail.com (06 83 02 97 67) Accès par le RER D gare de Garges-Sarcelles.
Sarcelles est une des villes les plus symboliques de ces banlieues françaises révoltées. Ici, les gens sont venus de tous les pays et leurs enfants vous contemplent avec des yeux de toutes les couleurs du monde, des regards arc-en-ciel. Ces familles, chassées de leurs terres par les guerres ou la misère, ont apporté avec elles, aussi, un peu de toutes les douleurs du monde. Ici se trouve le point de rencontre secret des cultures du monde entier, selon un savant équilibre : presque autant de juifs que de musulmans que de chrétiens que d’athées, d’hindous, de bouddhistes, quelque huit cents associations composant la trame d’un tissu social exceptionnel. Le problème, c’est qu’ici, en France, on les a affublés d’un drôle de nom passe-partout, valable pour tous. D’où qu’ils viennent, quoiqu’ils fassent et où qu’ils aillent, on les appelle simplement « travailleurs immigrés »… Qu’estce qui fait la grandeur d’un homme, d’un peuple ou d’une ville ? Ce sont les épreuves, les obstacles qu’ils ont su franchir avec hardiesse et persévérance. À cet égard, Sarcelles et les Sarcellois viennent de loin. Ce sont des pionniers, ils ont défriché de nouveaux territoires et, malgré les difficultés, ils vivent en harmonie, dans ce que l’on peut considérer comme un prodigieux laboratoire de l’avenir.
L’idée a germé de montrer Sarcelles au monde. De donner la ville en exemple, comme un lieu où l’on découvrirait que nos différences et nos handicaps fondent aussi notre force. Et de faire venir ici le reste de la planète avec un Festival biennal en images, mais alors là, pour raconter la vraie vie, la riche vie des gens simples.
En présentant tant de jeunes auteurs entourés par de grands photographes et parrainés par des personnalités aussi respectées que Jean-Claude Lemagny, Nathalie Bocher Lenoir et Jean-François Camp, nous entendons jouer un rôle de défricheur et de dénicheur des nouveaux créateurs.
PHOTSOC veut servir de tremplin en donnant leur chance à des poètes encore inconnus et à des troubadours discrets de l’image fixe (et pourtant si mouvante, si émouvante). Énergie, poésie, grandeur d’âme, tout est là. Plutôt que d’attiser les haines, nous voulons offrir des sources d’eau claire au coeur des brasiers de la colère.
Xavier Zimbardo,
directeur artistique du festival
Pour son édition 2008, PHOTSOC, Festival International de la Photographie Sociale, événement biennal, présente 23 photographes d’une dizaine de nationalités différentes qui seront exposés à Sarcelles du 20 septembre au 5 octobre. Aux côtés de créateurs mondialement reconnus et de photographes dont le prestige s’affirme, nous avons voulu offrir une très large place à des oeuvres à découvrir. Nos choix n’ont pas été dictés par la notoriété de l’un ou de l’autre mais par la qualité des travaux, l’acuité de la vision, la finesse de la perception, la force de la recherche.
PHOTSOC veut ainsi jouer un rôle de dénicheur de nouveaux talents et permettre des rencontres entre les photographes de différentes générations. Plus que les sujets, qui sont légion, nous avons choisi de privilégier l’intensité des regards, ceux qui révèlent une profondeur et des auteurs. Des militants de la beauté. Ceux qui écrivent avec une lumière toute personnelle afin d’illuminer les ténèbres en ayant leur art pour seule arme. Leurs images directes possèdent la violence, la tendresse et la puissance du vécu. Troublantes souvent, dérangeantes parfois, émouvantes toujours, elles montrent l’amour, la mort, la folie, la joie, la détresse… Le mystère de toute vie.
Par photographie sociale, nous voudrions d’abord évoquer tout ce qui porte témoignage de notre quotidien. Souvent, on considère que l’Histoire s’écrit lors d’événements spectaculaires ou par les actions des « Grands Hommes » dont on ne retient que les hauts faits. Alors que l’Histoire est avant tout la somme de toutes les petites histoires de millions d’individus, au quotidien, loin des projecteurs de l’actualité. C’est cette réalité-là que nous souhaitons dévoiler au travers des images retenues, qui sont au coeur de la vie et des êtres prétendus « ordinaires ».
Cependant, face à l’abondance des dossiers reçus où les portraits dominent, nous nous sommes interrogés quant à cette tendance forte où l’image posée prend de plus en plus le pas sur l’image saisie sur le vif. On peut se demander si la législation dite du «droit à l’image» et l’attitude de moins en moins bienveillante vis-à-vis des photographes de reportage ne contraignent pas ceux-ci à modifier leur approche et leur écriture photographique pour obtenir les autorisations nécessaires ou éviter d’en avoir besoin. Les visages de la photographie ET DE LA SOCIETE contemporaines en sortiront bouleversés. Personnes floues, prises de dos, de loin, silhouettes fugitives, têtes coupées, faces absentes, rues désertes, images retravaillées sur l’ordinateur, mais par ailleurs modèles complices et consentants, corps figés... Quelle mémoire allons-nous laisser ? Comment préserver notre liberté de révélateurs du monde quand on voudrait nous faire passer pour des voleurs d’images ? Nous avons donc choisi de faire cette année du portrait en photographie sociale le thème majeur présenté afin de réfléchir à cette évolution.
Faire ce Festival aussi pour qu’on ait envie de venir nous voir et se rendre compte enfin que nous ne sommes, à Sarcelles en particulier, et dans les banlieues en général, ni des incendiaires, ni des bandes de gangsters, ni des gens qui s’ennuient ni des… oui, des quoi encore ?
Lieu d’expositions, PHOTSOC se veut donc, aussi, un lieu de rencontres, de réflexion, de recherche et de sensibilisation du public, notamment des plus jeunes. C’est pourquoi sont organisées autour des expositions des rencontres, des tables rondes, des projections de films mais aussi des ateliers pour enfants dans les écoles de la ville, et une résidence d’artiste en partenariat avec les commerçants. Pour soutenir la création, le Festival International de la Photographie Sociale lance cette année le GRAND PRIX PHOTSOC, doté de 1500 € qui sera attribué le jour du vernissage.
Afin d’enrichir les débats, la créativité, l’engagement humain et la réflexion dans notre festival nous avons engagé des connexions actives et vivifiantes avec différents partenaires.
Celle créée avec la Boîte à Pixels, qui est un forum d’échanges entre passionnés de photographie et d’arts graphiques sur le Web est une expérience rare : à partir des images proposées pour le concours se sont tissées des discussions sur la photographie sociale, sur la banlieue, sur la création et l’écriture photographique. Il en a été de même avec les écrivains de la Revue des Ressources, revue littéraire éditée sur le web, qui se sont penchés avec intérêt et curiosité sur les oeuvres des photographes que nous présentons pour produire des textes qui seront publiés dans le catalogue et mis en ligne sur les sites de la Revue comme du Festival.
Autres innovations par rapport à l’édition précédente de 2006, nous allons approfondir la tenue de groupes de travail, de tables rondes, de colloques rassemblant des artistes, des photographes et journalistes, des sociologues, des chercheurs, des universitaires, des porteurs de témoignages afin de réfléchir sur des questions essentielles de la société contemporaine en rapport avec la création et l’engagement artistique. Cette année, nous nous interrogerons sur les problèmes posés par le droit à l’image et les difficultés faites aux couples mixtes dans une société de plus en plus marquée par les prises de position racistes et xénophobes.
Nous avons aussi tissé des liens avec plusieurs lieux de la capitale où une partie des photographies des expositions de Sarcelles sera exposée de façon à donner l’envie à ceux qui passeront par ses lieux de venir jusqu’à nous : un théâtre, un grand café, des librairies...
Cette année encore nous sommes parrainés par des personnalités aussi respectées que Jean-Claude Lemagny, Conservateur Général Honoraire de la Bibliothèque Nationale de France, Nathalie Bocher-Lenoir, Présidente des Gens d’Images et Jean-François Camp, Directeur des Laboratoires DUPON.
La liste de nos partenaires s’est étoffée : la VILLE de SARCELLES, CANON, DUPON, l’association des commerçants du Village nous ont renouvelé leur confiance. Et de nouveaux partenaires ont rejoint notre caravane : FUJIFILM, CENTRAL COLOR, OBJECTIF BASTILLE…
Puisse notre festival constituer un des éléments à même de convaincre les autorités diverses de nous aider à bâtir ces lieux d’éducation, d’art et de culture dont nos populations en banlieues ont le plus grand besoin. Ce sont là de réels outils d’émancipation. Il nous faut de vrais lieux d’expositions, des espaces pour organiser des fêtes et des événements culturels à la mesure d’une ville comme la nôtre : Sarcelles est une ville pauvre en moyens financiers mais riche en moyens humains. La richesse de cette ville, comme la richesse des banlieues, c’est la jeunesse de ses populations, ce sont la variété des cultures, la diversité des apports, le courage des classes laborieuses, c’est le formidable tissu urbain et tout le lien social qu’engendre le dynamisme d’une vie associative exceptionnelle. La culture doit être au coeur de nos préoccupations citoyennes et politiques, car elle est notre seule chance de bâtir un bel avenir.