©Babak Kazemi La sortie de Shirin et Farhad
©Sina Shiri - Seul Du cote du silence
Il s'ouvre sur un entretien avec Anahita Ghabaian et Newsha Tavakolian, leur volonté de redonner à l'Iran une dimension plus large, en commençant par la révolution et la naissance de la République islamique. L'histoire continue par la guerre contre l'Irak et l'isolement de l'Iran, dès lors, sur la scène internationale. Il y a aussi la question de la place de la femme et pour finir avec ces thématiques dans les années 2000, le réchauffement climatique et l'art, qui sont si universels. Ainsi, le livre raconte l'histoire de l'Iran, en ressortant toutes les questions d'identité et en suivant l'évolution de l'engagement des photographes et de leur formation. À la fin du livre, une biographie de chaque photographe est également disponible pour connaître leur parcours personnel.
©Abbas Kowsari- L'Ombre de la terre
La réelle richesse de ce livre réside dans le travail de composition et de compilation de toutes ces photos, qui commencent en 1979. Différents photographes, différents évènements et des images de résistance font voyager dans un autre temps et un pays qu'on ne connaît que trop peu. L'idée est d'éviter la photographie de propagande ou la simplicité, ne serait-ce que dans le choix des thématiques des différents chapitres.
©Morteza Niknahad-Behnam Zakeri - Espace public
Le livre, extrêmement agréable et aux feuilles épaisses, donne l'impression de tenir entre ses mains un objet précieux avec des photos de qualité. Les légendes sous certaines photos concrétisent le témoignage d'un passé si proche et de fait, lui donne l'aspect d'un documentaire sur les divers bouleversements qui ont secoué le pays.
Le premier chapitre, « Le bouleversement » nous éclaire sur les photos, attise la curiosité et donne envie de savoir ce que sont devenues ces personnes. Que sont devenues ces deux jeunes femmes qui ont été emmenées de force par des militaires lors de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 1979, pour avoir manifesté tête nue, devant les bureaux du Premier ministre, contre l'obligation de porter le voile ? Toute une série montre les évènements de novembre 1978, le coup de force du Shah et les évènements de février 1979 avec l'occupation de l'université de Téhéran, au lendemain de la révolution iranienne.
©Kaveh Kazemi - 12 fevrier 1979
Dans « La guerre du front au salon » la place de la guerre contre l'Irak, hors du front et dans la vie des Iraniens, prend une ampleur insoupçonnée. Huit ans de guerre et 680 000 ressortissants des deux pays sont morts. Les Iraniens sont alors les seuls témoins du drame qui se joue à huis clos, les photographes étrangers ayant l'interdiction de couvrir les évènements. Le livre montre que l'héritage de cette période est toujours palpable pour les Iraniens bien qu'ils n'aient pas directement vécu les évènements. On voit alors des photos qui se répondent, un soldat pleure son frère mort sur le champ de bataille, les retrouvailles émouvantes d'une famille et aussi toute une série de photographies replacent la guerre au centre du foyer comme celles avec un obus dans un lit conjugal ou un couteau ensanglanté à la place du couteau à viande sur la table.
©Arash Khamooshi - Geste de pardon
Dans « Ce que nous devons être » on s’intéresse à l'identité, à la liberté d'une partie de la population qui cherche à se construire et trouver un équilibre face au pouvoir en place. Le fossé qui existe est illustré par l'appel à la prière pendant l'Achoura ou encore par les paraboles détruites sur le toit d'un immeuble de Téhéran.
©Shadi Ghadirian - Ghajar
Se pose ensuite la question « Qui sommes-nous ? » avec l'arrivée au pouvoir de Mohammad Khatami qui amène un questionnement sur l'évolution du mode de vie et de consommation, surtout dans les grandes villes. Tandis que « La torpeur » regroupe un travail sur le sommeil profond dans lequel la population s'est réfugiée après l’élection et la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. On voit alors un jeu avec les formes, les lumières et les sujets qui illustre l'asphyxie de la population.
©Newsha Tavakolian - Regard
Les expériences photographiques se multiplient et sont mises en lumière dans « Mettre en scène la réalité ». L’intérêt des photographes se tourne vers d'autres lieux, hors des villes, en dehors du quotidien. Le chapitre « Crise environnementale » s’intéresse aux différents bouleversements climatique qui touchent l'ensemble du pays. Et finalement « Le cinéma poète » s’intéresse au sixième art mêlé à la poésie persane. Ainsi, quoi de mieux pour faire connaître l'Iran, longtemps isolé de la communauté internationale, que de finir le livre par des photos de tournage du réalisateur iranien Abbas Kiarostami, décédé le 4 juillet 2016, et qui a tout au long de sa filmographie, révélé des paysages différents de son pays.
©Abbas Kiarostami - Snow White
Prix : 45 euros
Par ailleurs, ces photos sont également exposées aux Rencontres de la photographie à Arles, cette année jusqu'au 24 septembre.