"Bad nouvelle", image de GettyImage utilisée par ivg.net, un site anti-avortement
En France, la manifestation de dimanche dernier a vu défiler des milliers de personnes « pour la vie ». L'expression ne manque pas d'ironie quand on n'aime pas trop les filles qui avortent, les homos qui se marient, les malades qui veulent mourir dans la dignité. « Pour la vie des cathos hétéros blancs et bien-portants » serait plus juste, mais c'est moins vendeur. La raison principale de ce courroux dominical ? L’extension du https://twitter.com/noussommes52/status/824164811424616448/photo/1?ref_src=twsrc%5Etfw". Vous savez tous ces sites anti-IVG qui ne le disent pas, et pire, vous font croire qu'ils vous renseignent avec objectivité et bienveillance. Après une visite de certains d'entre eux et à observer l'utilisation des images sur leurs pages, on est parvenu à isoler trois catégories : les pervers, les illuminés et les cas désespérés.
Les pervers. Ceux-là mêmes qui sont dans la ligne de mire de la proposition de loi. Une présentation sobre, ordonnée, avec de jolies rubriques et un numéro gratuit, comme pour www.ivg.net ou encore sosbebe.org. Mais rapidement, on se rend compte de l'entourloupe. L'avortement est systématiquement associé à la « souffrance », la « dépression » ou la « fragilisation ». Et pour mieux illustrer leur propos, ils se sont directement alimentés dans des banques d'images. On retrouve ces dernières sur https://twitter.com/noussommes52/status/824164811424616448/photo/1?ref_src=twsrc%5Etfw" ou encore https://twitter.com/noussommes52/status/824164811424616448/photo/1?ref_src=twsrc%5Etfw", décrites par ces mots : « Jeune femme triste à la maison. Douleurs de femmes » ou encore « Mauvaise nouvelle ». Elles sont utilisées un peu partout sur la toile pour illustrer les syndromes prémenstruels ou le fait d'être passives agressives. Ah les gonzesses et leurs problèmes ! Parfois, la recherche d'illustration s'est voulue plus « glamour » et l'image en question est associée à d'autres comme ci-dessous (!) A cela, s'ajoutent aussi, plus particulièrement via leurs réseaux sociaux, les photographies de bébés trop choupinous et de silencieux fœtus, venant marteler subtilement le message « pro-vie », du liquide amniotique aux premières dents.
Capture d'écran du site www.ivg.net
Capture d'écran du site shuterstock.com et ses "images similaires"
Les illuminés. Comme sos-tout-petits.org ou les survivants.com, anciennement survivants.org. Bon alors là, on hésite franchement entre rire ou pleurer. Le premier joue dans la catégorie photos de rose, de foetus et de vierge marie avec citation du pape en page d'accueil : « La seule pensée que des enfants ne pourront jamais voir la lumière, victimes de l’avortement, nous fait horreur. » L'ancienne version du deuxième a un petit côté années 90 aux couleurs meurtrières : police bleue, fond vert... Attention les épileptiques. La version 2016 est beaucoup plus redoutable et chiadée. Photos de l'ascension du Mont-Blanc, images-slogans, tee-shirts et autres détournements avec logo vert apposé. Notre préféré ? Celui d'une photo de « survivants » courant dans un champ. Il s'agit en fait d'un cliché de fans des Rolling Stones, pris en 1965 à Oslo. Etrange choix pictural au vu d'un message pas très rock'n roll : l'avortement et la pilule tuent des bébés et des femmes. Ils sont d'ailleurs les « survivants » de cet immense génocide.
Image Facebook Les Survivants
Oslo, 24 juin 1965, concert des Rolling Stones © National Archives of Norway
Les cas désespérés. On pense à laissezlesvivre.free.fr. Et là, on sent que le budget web a sûrement dû être réinvesti dans des serre-tête en soie et des bibles de poche. Peu de chance en effet que ce soit dans des boules de Geisha ou l'intégrale de Gottlieb. En page d'accueil, son dernier Bulletin en date qui fait l'éloge de la famille dans les années 1960, avec photographie (non légendée) de la reine Paola de Belgique, piquée à la une de 1964 du magazine italien OGGI. Alors elle était pas bien cette époque des culottes en peau pour enfant ? Ce temps béni où les femmes mouraient dans des conditions atroces après des avortements clandestins ? Comme dans le Pérou d'aujourd'hui d'ailleurs. C'est une autre photographie publiée sur le site (non légendée) et empruntée au journal péruvien https://twitter.com/noussommes52/status/824164811424616448/photo/1?ref_src=twsrc%5Etfw" à l'occasion d’une manifestation contre l’avortement en mars 2015. Une autre « marche pour la vie ». Le Pérou, ce beau pays où le taux de mortalité maternelle est particulièrement élevé. Car l’avortement là-bas est illégal, y compris en cas de malformation du fœtus ou si la grossesse résulte d’un viol.
Capture d'écran du site laissezlesvivre.free.fr
Couverture du magazine italien Oggi, 20 février 1964
Alors parce que notre corps nous appartient, informons-nous bien : https://twitter.com/noussommes52/status/824164811424616448/photo/1?ref_src=twsrc%5Etfw"