La même photo, le même visage et la même lutte qui dure. Cela fait http://fr.actuphoto.com/37010-peine-de-mort-pour-un-leica.html">quatre.
Alors que Mathias Depardon, le jeune photojournaliste français, a été libéré des prisons turques vendredi 9 juin après un mois de détention, faisant la une des médias, la presse française semble en avoir oublié d'autres dans leur malheur.
La situation s'enlise
Le procès de Mahmoud Abu Zeid a encore une fois été ajourné mardi 13 juin et reporté au 4 juillet 2017. Le http://fr.actuphoto.com/37010-peine-de-mort-pour-un-leica.html">quatre rapporte que la Cour criminelle du Caire juge dans l'affaire « Raba'a dispersal » 738 accusés (comportant quelques personnages importants des Frères musulmans), dont le photojournaliste surnommé Shawkan. Accusé d'assemblée non autorisée, d'usage de la force, de meurtre avec préméditation et de possession d'armes, Mahmoud Abu Zeid est assimilé aux manifestants qu'il photographiait le 14 aout 2013. Ce jour-là, l'armée démantèle avec violence le sit-in de Raba'a al Adaweya, au Caire, faisant des centaines de morts et d'arrestations. Depuis, le photojournaliste est enfermé dans la prison de Torah, où il est resté plus de deux ans emprisonné sans procédure judiciaire, contrairement au droit égyptien. Depuis le début de son procès en décembre 2015 dans le cadre du « Raba'a dispersal », l'affaire a été de nombreuses fois reconduite, dont le dernier motif est l'interrogation des témoins (alors que l'affaire dure depuis quatre ans). Shawkan encoure aujourd'hui la peine de mort.
Mahmoud Abu Zeid, un jeune photojournaliste engagé
Agé de 29 ans depuis le 10 octobre 2016, qu'il a passé en prison, le photojournaliste égyptien dérange pour les images qu'il publie. Photographiant les manifestations et les rassemblements au Caire depuis 2011, il s'est fait le témoin du printemps arabe en Egypte. Seulement, il a aussi rapporté des images d'exactions des forces de l'ordre égyptiennes dans la presse internationale. En effet, Shawkan travaille pour l'agence photographique Demotix, basée à Londres, et ses photos ont été publiées dans de grands journaux comme le Time Magazine et Die Zeit. Le 14 aout 2013, il était en mission sans armes sur la place Raba'a al-Adawiya.
Aujourd'hui, la presse ne compte plus ses jours de détention. Pourtant ses conditions de vie exécrables, dans une prison sale et surpeuplée, atteignent son moral. Il disait en 2015 à propos de la prison-cimetière où il vit : « les rêves viennent mourir ». Sa mère, qui lui rend visite une fois par semaine, alerte sur son état physique et mental qui décline. Il est atteint d'une hépatite C, diagnostiquée avant son arrestation. Il existe des traitements de quelques mois pour cette maladie qui endommage le foie et qui, si elle n'est pas traitée au bout d'une dizaine d'années, peut causer des cirrhoses et des cancers du foie. Mais ils lui sont refusés et sans intervention international pour inciter le gouvernement égyptien à le libérer, il va surement en mourir en prison.
Des enjeux politiques derrière ces accusations
Car le démantèlement de la manifestation relevait d'intérêts politiques. Au-delà d'être une organisation transnationale sunnite dotée de son propre appareil militaire, les Frères Musulmans sont un soutien fort à Mohamed Morsi, le président déchu. Ayant gagné les élections de 2012, il a été par la suite renversé par un coup d'Etat en juillet 2013, un mois avant le rassemblement. Ces faits rapprochés laissent penser que le démantèlement de Raba'a avait pour but de faire taire les protestations. Et de faire un exemple du cas Shawkan, témoin indésirable des violences policières. Arrêté avec le photographe français Louis Jammes et le journaliste américain Mike Giglio, tous deux libérés quelques heures plus tard, la nationalité du photojournaliste joue en effet sur sa détention. Sans pression diplomatique étrangère, à l'inverse de Mathias Depardon, ses chances de libération apparaissent minces, bien qu'il ait été adopté comme prisonnier d'opinion par Amnesty International.
La liberté de la presse en Egypte
Depuis les élections et le coup d'Etat, la liberté d'expression en Egypte atteint un niveau alarmant. En 2015, le Comité de Protection des Journalistes (CPJ) déclarait que l'Egypte était le second pays (derrière la Chine) à détenir le plus de journalistes dans ses prisons et l'Anrhi, une ONG locale de défense de la liberté d'expression, révélait en 2016 que 57 journalistes étaient emprisonnés en Egypte. Le pays est aujourd'hui au 161° rang sur 180 pays à propos de la liberté de la presse (classement RSF).
La situation de Shawkan s'aggrave de jours en jours et ses chances de libération s'amenuisent en même temps que la baisse de l'intérêt international. De nombreuses pétitions et actions ont été organisées dans plusieurs pays mais il faut poursuivre les manifestations de soutien afin d'obtenir sa libération, comme pour Mathias Depardon.
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