By Lorie Shaull, Washington, USA - juillet 2016 (casquette "Trump a des petites mains"), via Wikimedia Commons
Ni aux photographes apparemment. Car Donald Trump ne veut rien faire comme tout le monde. Et c'est sans doute l'une des raisons pour laquelle il entamera son mandat sans photographe officiel. Une première depuis http://time.com/4637153/trump-inauguration-white-house-photographer/. Pourquoi est-ce si gênant, me direz-vous ? N'aurait-il pas le droit à une existence présidentielle, menée loin d'un objectif intrusif ? Et le droit à la pudeur, bordel ! Certes, certes. On doute pourtant que la question de l'intimité soit au cœur des préoccupations de l'homme qui tweete plus vite que son ombre, sur tout et n'importe quoi. Celui-là même qui a fait de sa vie une télé-réalité et qui compte gouverner avec sa famille, son clan, sa meute. Les lignes entre vie privée et publique sont pour lui depuis longtemps inexistantes. Alors pourquoi refuser d'être photographié dans l'exercice de ses fonctions ? La réponse réside certainement dans ces derniers mots.
Etre photographe officiel à la Maison-Blanche, c'est être un reporter de l'histoire américaine à l'oeuvre. Plus qu'une tradition, la fonction est devenue rouage de la machine démocratique. Sans nier le parti pris, voire la partisanerie, de celui qui colle au train du président pendant le temps d'un ou deux mandats. Lyndon Johnson fut le premier à comprendre l'importance d'avoir à ses côtés un témoin-photographe. Avant lui, les militaires s'occupaient des photos officielles. Après l'assassinat de Kennedy en 1963, il fait appel au photographe Yoichi Okamoto. Il veut des portraits. Il aura beaucoup plus : « http://time.com/4637153/trump-inauguration-white-house-photographer/», lui dit Okamoto. A voir les clichés de LBJ avec Luther King, on la voit plutôt bien, la fabrique de l'histoire...
03/18/1966 - LBJ Library photo by Yoichi Okamoto - Martin Luther King, Jr., President Lyndon B. Johnson. Background: unidentified, Andy Biemiller, Dorothy Height, A. Philip Randolph - Cabinet Room, White House, Washington, DC - Public Domain
De Nixon à Obama, en passant par Clinton, chaque président a eu son photographe attitré. Celui de Bill s'appelait Robert McNeely, un homme conscient de sa « responsabilité historique » et qui n'a pas hésité à capturer tout ce qu'il pouvait, de Monica Lewinsky à Nelson Mandela. Quitte à déplaire au sujet photographié, aussi présidentiel soit-il. Pete Souza a lui aussi documenté les mandats d'Obama offrant au public pas moins de http://time.com/4637153/trump-inauguration-white-house-photographer/. Curieux mélange de moments « intimes » (baiser avec Michelle Obama) et historiques (l'opération Geronimo et la mort de Ben Laden). Equilibre précaire entre communication et travail documentaire.
Alors quoi Donald ? Aurait-on peur de ne pas être à la hauteur de l'histoire en train de se faire ?