Donald Trump, New Hampshire, 19 août 2015. Par Michael Vadon, via Wikimedia Commons
Hier donc, le Time a eu la bonne idée de demander à 24 membres de l'agence Magnum de prendre une photo de leur journée électorale, susceptible de définir leur vision des événements, et de la commenter. L'occasion de voir ce qu'ont conservé dans leur mémoire visuelle Carolyn Drake, John Vink, Matt Stuart ou encore Antoine D’Agata. De son côté, Abbas a photographié l'écran de son ordinateur qui affichait en gros titre, au milieu de la nuit, « http://time.com/4565232/magnum-photos-donald-trump/" » et en a dit ceci : « Je me suis réveillé au milieu de la nuit pour découvrir ce titre sur mon ordinateur. J'ai pensé que j'étais encore en train de rêver, un cauchemar, et je suis retourné me coucher. Je me suis réveillé ce matin avec une énorme gueule de bois. J'ai toujours pensé que si un jour l'extrême droite prenait le pouvoir en France, je demanderais l'asile politique aux Etats-Unis. Je ne peux plus le faire maintenant. » Inutile de demander au Canada, ils vont être débordés. L'Islande peut-être ?
Mais ce qui fait le malheur des uns peut faire le bonheur des autres. Et à l'opposé de ces réactions photographiques, plutôt réalistes dans le profond pessimisme qu'elles expriment, on trouve des gens qui se réjouissent de l'arrivée au pouvoir de Donald Trump. C'est le cas de http://time.com/4565232/magnum-photos-donald-trump/", connu pour ses images de jeunes homosexuels au torse glabre et à la casquette « Make America Great Again », vissée sur leur jolie petite tête. Et notre Lucian de confesser sans détour que ses centres d'intérêt sont la photographie, l'identité gay et Donald Trump. Ok dude. C'est vrai que c'est pas plus bête que le canevas, les hétéros et Mussolini. D'ailleurs, grâce à ses étonnants hobbys, le jeune homme s'est fait plein de copains. « Artistes conservateurs » comme lui. Ils montent des expos ensemble où il se foutent de la gueule des femmes violées et des immigrés clandestins. La grosse déconne quoi. Enfin, tout cela a au moins le mérite de montrer le vrai visage d'une idéologie vérolée. Des fois qu'on oublierait ce qui sous-tend réellement le discours de Trump, du moins celui ressassé pendant sa campagne. Il y a d'ailleurs un autre (vrai) photographe à voir à la MEP en ce moment, http://time.com/4565232/magnum-photos-donald-trump/". Il y décortique l'Amérique sous toutes ses coutures. Avec ou sans masque.
Klansman, Grand Dragon of the Invisible Empire, (The Klan), 1999 (numéro d’édition 2/10) © Andres Serrano, collection Maison Européenne de la Photographie, Paris.