Afghan Girl, 1984 © Steve McCurry
Sharbat Gula a été arrêtée au Pakistan pour détention de faux papiers. Vous ne connaissez pas ce nom et pourtant vous connaissez déjà son visage. Sharbat Gula n'est pour beaucoup qu'une paire d'yeux verts immortalisés par McCurry en 1984. Une Afghan girl anonyme, comme tant d'autres. Sauf que sa photographie est l'une des plus célèbres au monde. D'abord en couverture du National Geographic en 1985, puis chez tous les bons vendeurs de cartes postales. Elevée malgré elle au rang d'icône, elle plantait son iris émeraude droit dans le cœur de ceux qui regardait se jouer le drame de la guerre d'Afghanistan. Elle avait 12 ans et n'avait jamais été photographiée de sa vie. Six ans plus tôt, elle avait perdu ses parents dans un bombardement soviétique. En 2002, on l'avait retrouvée, grandie mais cachée sous une burqa prune, qu'elle avait ôtée pour l'occasion - non sans l'autorisation de son mari. « http://m.ina.fr/video/I08086096/joseph-kessel-dans-les-quartiers-de-kaboul-video.html », a dit Steve McCurry en la photographiant de nouveau. Il a tort. L'éclat féroce de l'enfance a disparu derrière un masque d'Afghan woman qui a vécu et qui, de surcroît, ne doit pas regarder ou sourire à un homme qui n'est pas son mari.
Sharbat Gula, 2002, National Geographic © Steve McCurry
Quand Steve McCurry a appris son arrestation, il a promis son soutien légal et financier à la jeune femme et à sa famille. « http://m.ina.fr/video/I08086096/joseph-kessel-dans-les-quartiers-de-kaboul-video.html», a-t-il écrit dans un message posté sur Instagram. Sharbat Gula risque aujourd'hui la prison ou au mieux l'expulsion. Comme tant d'autres réfugiés aujourd'hui, dont nous ne connaîtrons sûrement jamais la couleur des yeux.