Christian Estrosi - Par Olivier Ezratty, via Wikimedia Commons
Et pourtant, la nouvelle est tombée comme une olive verte dans une salade niçoise. Ô sacrilège. Le Théâtre de la photographie et de l'image (TPI), dédié depuis 1999 à la promotion et la diffusion de « l’art photographique et de l’image », devrait bientôt déménager pour laisser place à une troupe et une école de théâtre sous le haut patronage de Francis Huster (s'il vous plaît) et Steve Suissa. L'idée est de former des jeunes amateurs au métier d'acteur afin qu'ils puissent intégrer plus tard le monde impitoyable du théâtre. Tu rentres avec le talent d'un acteur d'AB et tu ressors en Michel Bouquet. La magie de la Théâtre Academy en quelque sorte. Alors forcément, il va falloir loger ce petit monde. Du coup, le gars Christian, sympatoche, astucieux et comme il ne s'agissait pas de reloger des migrants, a proposé le Théâtre de la photographie. Ah bon ? Il était vide ? A l'abandon ? Fermé pour travaux ? Non non, il fonctionnait et fonctionne encore plutôt bien en fait. Mais quoi ? Un petit déménagement n'a jamais fait de mal à quiconque !
OK. Une fois de plus, on est complètement de mauvaise foi. Et plutôt que de regarder les choses à travers l'objectif de la moquerie, peut-être devrions-nous plutôt les voir dans le viseur de l'amour ? Celui du théâtre. Celui porté à l'immense acteur de Terre Indigo. A la jeunesse aussi bien entendu, les forces vives qui feront de demain un spectacle permanent... Caramba encore raté !
OK. Plus sérieusement donc, il peut effectivement sembler plus logique de faire du théâtre dans un théâtre (On ne va pas jouer du Shakespeare dans une chambre noire). « Pour plus de cohérence, le Théâtre va retrouver son usage d’origine. Et l’activité du TPI va être déménagée au sein du Musée d’Art Moderne et d’Art contemporain, à proximité du Théâtre de Nice. Créant ainsi dans le secteur un vrai pôle artistique », nous explique d'ailleurs Elodie Ching, Responsable Service Presse à la Direction des Relations Publiques Métropole Nice Côte d'Azur. Pourquoi pas ? Les opposants à ce déménagement n'ont d'ailleurs rien contre ce projet théâtral, ils craignent seulement que cette installation se fasse au détriment de la photographie. Christian Depardieu, en charge de la galerie éponyme nous a confié ses inquiétudes : « Mais cette ouverture ne doit pas affaiblir ce qui existe et qui, de surcroît, connaît un succès grandissant. C'est bien le cas du TPI qui s'est imposé au fil d'expositions de haut niveau comme un lieu de référence pour la photographie, unanimement reconnu par le milieu artistique. »
Alors évidemment, la Métropole Nice Côte d'Azur se défend de mettre de côté la photographie ou de sacrifier le TPI : « La volonté n’est absolument pas de faire disparaître ou de le défavoriser. De plus, les Niçois l’aiment beaucoup. » On n'en saura pas plus sur les modalités du transfert. Affaire à suivre. De près. De très près. Comme un bout d'anchois coincé entre les dents étincelantes de Francis Huster.