
© Jungleye
Garder l'oeil ouvert. Toujours aux aguets. La police, les vols, une fuite soudain possible. Pupille dilatée comme l'espoir, rétractée sous l'effet de la peur de se faire arrêter et de ne pas passer.
L'oeil de la Jungle. Calais 2016. Ouverture focale au top. Une histoire d'oeil donc. Rien à voir avec celle de Bataille, même si c'est une sorte de combat qui se livre ici, à coup d'appareils photo distribués aux migrants de la Jungle sur l'initiative de la photographe Séverine Sajous. La bataille est visuelle, symbolique. « Jungleye crée une mémoire visuelle et transitive de l'exil pour et par les migrants, de la Jungle de Calais. Chaque jour, découvrez une carte postale ! » Il y a un curieux mélange dans l'exercice : quelque chose de presque politique qui se mêlerait à une échappée belle. La beauté ici est celle du geste de ces tout nouveaux photographes et du regard porté sur ce qui les entoure. La politique, elle, passe par https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1693673954212385&id=1685383875041393" rendues possibles grâce à ces petites cartes que les visiteurs anglais ou français ont pu poster en décembre dernier à leur gouvernement respectif pour exprimer leur tristesse ou leur colère. « Les cartes postales seront en vente dans Calais sur trois lieux, nous explique aujourd'hui Séverine Sajous. Il est important pour nous d'intégrer ces regards à la ville, de créer un dialogue avec les habitants de Calais même si elles restent sur le portant. »
Mon œil. Mes photographies. Mes légendes. Ce projet redonne l'image et la parole à celles et ceux à qui on la confisque si souvent. On les montre, on parle pour eux sans savoir vraiment qui sont ces hommes, ces femmes et ces enfants. Et cette réappropriation des supports, via la photographie et ses légendes écrites par ses auteurs, a quelque chose de vivifiant dans la morosité froide du mois de mars. Un mois qui rend les allées boueuses, mais qui n'ôte pas l'inspiration de Seif, Muhammad, Ahmad ou Moomin. On le voit sur leurs clichés, comme ceux pris dans le reflet des flaques, qui ne sont pas sans rappeler le travail et la « poésie brutale » du regretté https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1693673954212385&id=1685383875041393". Il y a aussi les enfants, sous un soleil éblouissant, qui sillonnent la boue du camp sur leurs petits vélos : « En route pour un nouveau départ », complète la légende. Il y a les fameux containers, les campements, la violence des évacuations, les doigts d'honneur faits à un horizon qui les refusent, obstinément.
Jeter un œil. Sur un projet qui en vaut la peine. Sur https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1693673954212385&id=1685383875041393" ou sur https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1693673954212385&id=1685383875041393".