© Ministerio de Cultura del Perú
Un mardi soir à Lima. François Hollande et Raymond Depardon visitent ensemble l'exposition « La France de Depardon » au http://www.cultura.gob.pe/es/comunicacion/noticia/ministerio-de-cultura-y-embajada-de-francia-inauguraron-exposicion-la-france-de". François et Raymond, c'est une vieille histoire d'amour ! Le second ayant même tiré le portrait du premier à l'occasion de son accès à la présidence française. La photo la plus diffusée du pays. Mais ici au Pérou, c'est le pays lui-même qui prend la pose. Alors pas la grande ville, la tour Eiffel et encore moins les jardins de l'Élysée. Ici c'est la France du photographe, celle qu'il aime tant, dont il vient et qu'il n'a eu de cesse de portraiturer en long, en large et en travers. La France moyenne, presque banale, coincée entre un tabac et une boulangerie. Pas vraiment glamour, un peu moche parfois, « http://www.cultura.gob.pe/es/comunicacion/noticia/ministerio-de-cultura-y-embajada-de-francia-inauguraron-exposicion-la-france-de" »
Mais Depardon ne fait ni dans l'image d'Épinal ni dans l'angélisme. Ses maîtres, faut-il le rappeler, sont Paul Strand et Walker Evans. Il y a du fond, du politique, de l'engagement derrière ses clichés. Il y a le temps passé à observer - celui que permet précisément la photographie à la chambre -, le temps de regarder ceux qu'on ne regarde pas. Il l'a toujours pris ce temps-là, Raymond. On aimerait bien qu'il lui dise d'ailleurs, à son pote François, que ce serait peut-être une bonne idée d'en faire autant, non ? Parce qu'il n'est pas hyper photogénique la France en ce moment, elle serait même plutôt en train de tirer la tronche devant l'objectif. A l'heure où le fan club de Pôle Emploi grossit à vue d'oeil, où la réforme du travail est à la limite de provoquer l'érection patronale et où les migrants sont parqués aux frontières comme des bêtes immondes : souriez, vous êtes français ! Ah non, pas vous derrière les barbelés, dégagez du cadre s'il vous plaît !
D'ailleurs pour l'anecdote, l'ironie de la situation n'a pas échappé à Solenn de Royer, l'envoyée spéciale à Lima pour http://www.cultura.gob.pe/es/comunicacion/noticia/ministerio-de-cultura-y-embajada-de-francia-inauguraron-exposicion-la-france-de", qui note la confidence de Depardon : « J'ai dit un jour à Hollande qu'il ne fallait pas que cette France-là appartienne à un parti politique (le FN, NDLR) ». Quand on vous disait qu'il n'était pas fou le Raymond. Plus loin dans son article, la journaliste décrit la réaction évasive et fuyante du président français alors qu'il passe devant une photo d'affiches communistes en 2012, dont l'un des slogans dit : « Une gauche courageuse, ça change la vie…» Hum. Alors quand un journal de droite se met à remarquer, voire quasiment à regretter, que le président ne penche plus vraiment à gauche, on se dit qu'il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume de la politique...
On vaut mieux que ça, non ?
