The Black Panthers ©Stephen Shames
Vous le voyez arriver, le gros clin d'oeil aux Black Panthers ? Non ? Certains ne l'ont pourtant pas raté et l'ont trouvé moyennement à leur goût. Comme une Budweiser trop chaude dans le gosier d'une Amérique trop blanche. C'est que l'image a quelque chose de fort et de génialement choquant. Au-delà du trio business, sexe et foot auquel Beyoncé se soumet volontiers en excellente businesswomen qu'elle est, elle parvient néanmoins à chahuter la grand-messe lisse et publicitaire du Super Bowl. Elle est le béret noir qui assombrit un instant la célébration collective d'une Amérique, virile et trop souvent blanc-orangé à la Trump. Devant plus de 110 millions de téléspectateurs. Bim.
Instagram Beyoncé
C'est qu'esthétiquement, la figure des Black Panthers est d'une efficacité redoutable. La couleur noire des vêtements, jusqu'aux chaussures de combat, la forme des cheveux libérés et le béret bien sûr, dessinent une silhouette type qui porte en elle l'histoire d'un combat. Car il y a bel et bien une histoire, et pas qu'une coupure pub. Fondé à Oakland en 1966 par Bobby Seale et Huey P. Newton, le Black Panther Party entendait se battre, aux sens propre et figuré, contre l'inégalité et pointait déjà du doigt les violences policières à l'encontre des Noirs-Américains : « Nous voulons la fin immédiate des brutalités et meurtres de la police envers le peuple noir » (Le programme en 10 points/The Ten-Point Program). #Blacklivesmatter.
Combien de clichés d'Angela Davis et de sa légendaire coupe afro ? Les photographes ne s'y sont pas trompés. Certains d'entre eux ont même suivi les aléas de ce mouvement politique des années 1960. Stephen Shames, http://www.stephenshames.com/projects/black-panther-party", a su capturer la vie publique et intime des activistes, de 1967 à 1972. Il en ressort des portraits plus complexes que les images habituelles. Le tout livré dans l'ouvrage http://www.stephenshames.com/projects/black-panther-party" paru chez Aperture en 2006, à l'occasion de leur 40e anniversaire.
The Black Panthers ©Stephen Shames
© Howard Bingham
On aime aussi beaucoup l'histoire du reporter Gilbert Moore et du photographe Howard Bingham dont le reportage, commandé par Life en 1968, ne fut jamais publié par le magazine. Moore publiera de son côté http://www.stephenshames.com/projects/black-panther-party" en 1971. Quant aux photographies de Bingham, elles ne referont vraiment surface qu'en 2011 sous le titre http://www.stephenshames.com/projects/black-panther-party". En couverture, on y voit Eldridge Cleaver et sa femme, l’iconique Kathleen Cleaver. Cette dernière, aujourd'hui universitaire reconnue et dont l'afro était presque aussi célèbre que celle de Davis, prônait justement le « Black is honest and beautiful ». Il faut voir la vidéo qui suit, moins spectaculaire qu'une choré au Super Bowl, mais forte de sens.
Pour finir, comment ne pas se souvenir de la photographie devenue mythique des sprinters américains, Tommie Smith et John Carlos, qui brandirent leur poing aux Jeux olympiques de Mexico, en 1968 ? A la façon des Black Panthers et contre le racisme aux États-Unis et en Afrique du Sud. Anecdote amusante : http://www.stephenshames.com/projects/black-panther-party", mais en prendra une autre dans le même genre.
AFP ©Getty Images
Jeux Olympiques de Mexico, 1968 © Raymond Depardon
* « I like my negro nose with Jackson Five nostrils », extrait des paroles de la chanson Formation de Beyoncé