Photographed for TIME on August 18, 2015 in New York City - Photograph by Martin Schoeller
Imaginez un peu, pouvoir clamer haut et fort votre haine des femmes (ces sales chiennes), votre mépris pour les Mexicains (ces sales voleurs) et pour les Chinois (ces sales Chinois), et vous faire applaudir par une foule en liesse. « USA! USA! USA! » Quel pied hein ! On n'est pas bien là, Donald, à la fraîche, décontracté du bulbe, et on pensera quand on aura envie de penser ?
En attendant (et ça peut être long), c'est le moment de se faire Trump en 3 photos. Let's go!
La première est l'une des nombreuses séances photographiques mythiques du milliardaire. Celle http://time.com/4003904/donald-trump-bald-eagle/http://time.com/4003904/donald-trump-bald-eagle/, pour laquelle ils ont fait venir un aigle et Martin Schoeller. Le premier, nommé « Uncle Sam » (si si, for real!), est une belle bête de 27 ans directement importée du Texas et trimballée jusqu'au 25ème étage de la Trump Tower en plein Manhattan. Le second est un photographe allemand connu et reconnu pour ses séries de portraits publiés dans les plus grands magazines américains. Le principal souci pour Schoeller : Trump a toujours la même tronche de Trump. Oeil mi-bovin mi-conquérant. Lèvres pincées, sérieuses voire colères. « Il est très difficile à photographier, explique Schoeller au TIME, si on lui demande de lever un peu les yeux, il refuse ou il ne le fait pas. Il n'a littéralement qu'un seul angle. Si je lui demande de sourire, il arbore un énorme sourire puis se remet à avoir la « blue steel » attitude de Zoolander. Et cet air reste sur son visage aussi longtemps qu'il faut pour avoir la photo »
Donald et son aigle par Martin Schoeller pour TIME et l'acteur Ben Stiller, avec la "Blue steel" attitude, dans le film Zoolander (2001)
La seconde n'est pas de lui mais de Jeremy Corbyn. Souriez, vous êtes Donald Trump, mais sachez rester sur vos gardes (ou réviser vos fiches Bristol de votre conseiller com). Certaines âmes mal intentionnées tenteront de vous tendre des pièges. http://time.com/4003904/donald-trump-bald-eagle/. Un utilisateur s'est amusé il y a quelques jours à poster une image du nouveau leader du parti travailliste en le faisant passer pour son père, et en affirmant que ce dernier soutenait Trump. Ni une ni deux le Tycoon de Manhattan, sûrement touché par ce soutien velu à casquette, a retweeté, sans savoir qu'il s'agissait d'un portrait de Corbyn.
La troisième... Well, on a gardé le meilleur pour la fin. « Save the best for last » comme on dit en américain. Souriez, vous êtes Donald Trump, on est en 1983, et vous posez à côté d'un cheval et d'Andy Warhol. Le premier, une belle bête joueuse de polo, est tenue par le mors de votre main ferme et virile. Le second, à la blancheur ébouriffée, est un artiste connu et reconnu, l'appareil photo entre ses doigts. Vous le regardez. Lui ne semble voir que l'objectif de Mario Suriani, le photographe de l'Associated Press. Indifférent à vos sollicitations carnassières. Bien trop habitué aux mondanités new yorkaises. « La notoriété, c’est comme de manger des cacahuètes : quand on commence, on ne peut plus s’arrêter » qu'il disait. Allez Donald, fais comme Bush, passe aux bretzels !
© Mario Suriani—AP
Emilie Lemoine