© Vivianne Sassen
L'annonce fut faite. Celle d'un programme réjouissant et de beaux rendez-vous en perspective ! Il y en aurait pour tous les goûts : du classique américain comme on aime, avec Walker Evans et Stephen Shore s'il vous plaît (enfin plutôt Please), de l'Italien piquant et engagé avec Paolo Woods, Gabriele Galimberti, Alex Majoli ou Paolo Pellegrin, ou encore des Français gentiment décalés avec Ambroise Tézenas ou Thierry Bouët. Imaginez un peu la richesse et la diversité du truc ! On passerait de l'arrière-train du Sphynx à la photographie japonaise, des pochettes de disques mythiques aux hommes de la Terre de Feu. Vous parlez d'un voyage !
Et puis, ça nous a sauté aux yeux, presque aussi violemment qu'une canicule en plein été ! Où donc étaient les femmes ? A la façon d'un Patrick Juvet peroxydé lançant sur un rythme disco entêtant sa voix de soprano colorature sous amphet', notre cri fut le suivant : où sont les femmes ?
Pas réellement dans la programmation principale, malgré la présence des coups de foudre de Natasha Caruana et de la Corée du Nord d'Alice Wielinga.
Peut-être un peu du côté des classiques, avec Nan Goldin, Sarah Moon ou Corinne Mercadier au musée Réattu, ou à la MEP avec les figures plus contemporaines que sont Theresa Margoles, Marie Bovo ou la Néerlandaise Vivianne Sassen.
Et aussi sans doute, au détour des rues et des nombreuses galeries de la ville.
Pas foule en somme.
© Alice Wielinga
Bien sûr, on nous dira que la valeur d'une photo n'attend ni le nombre des années ni la nécessité d'avoir un utérus. Mais bon, assez naïvement, on se dit qu'un peu de diversité ne nuirait pas non plus à la qualité éditoriale du festival. Surtout si l'on considère que http://fr.actuphoto.com/32791-recherche-photographe-solitaire-pessimiste-et-precaire.html". En 1973, Imogen Cunningham, Linda Connor, Judy Dater étaient à l'honneur. En 2015, Arles serait presque à l'image des clichés de Gusinde où ses hommes de la Terre de feu essaient de faire oublier par tous les moyens que leur société d'origine avait un jour été dirigée par les femmes.
Ulen, le bouffon masculin. Son rôle est d’amuser les spectateurs du Hain. Cérémonie du Hain, rite Sel’knam, 1923.
Avec l’aimable autorisation de Martin Gusinde/Anthropos Institut/Éditions Xavier Barral
A tchique tchique tchique, Arles Arles Arles !
Emilie Lemoine