© Helmut Newton
Chaud chaud l'édito. Enfin pas trop, soyons honnête, c'est juste un moyen de vous appâter. (On aurait pu choisir une photo d'actrice avec une grosse chatte entre les jambes, mais le magazine LUI l'a déjà fait, avec la classe, l'élégance, le raffinement et l'intelligence qui caractérisent la ligne éditoriale de ce magazine...)
Non le sujet qui nous intéresse est celui de la nouvelle politique de censure annoncée le 15 mars dernier par Facebook. Oui, parce que bien qu'explicitée et plus tolérante à l'égard des œuvres picturales notamment, il faut appeler un chat un chat, une chatte une chatte (spéciale dédicace à LUI) et la censure la censure. Le réseau social le plus célèbre de l'univers ne pouvait en effet rester sourd aux plaintes de certains utilisateurs déconcertés par la douce bêtise d'une censure aveugle... ou qui aurait gardé un œil ouvert pour traquer la moindre trace de nudité jugée choquante. C'est ainsi qu'en 2011, une œuvre peinte en 1866 a tout simplement été censurée. Il s'agissait de la célèbre Origine du monde de Courbet représentant un sexe de femme. Houlala. Désormais, c'est promis, ils feront un petit effort côté artistique, ou en tout cas ils y travaillent.Côté photographie, c'est déjà plus compliqué... :
https://www.facebook.com/communitystandards"
Donc là c'est clair, oubliez vos photos de vacances en tenue d'Eve ou d'Adam au Cap D'Agde et, autrement plus embêtant, faites vos adieux aux clichés de Clergue, Newton, Hamilton, Sturges et compagnie. Facebook l'a dit, il n'y aura aucu... aucu... aucune négociation ! Comme nous le rappelait récemment Jock Sturges : « https://www.facebook.com/communitystandards" ». Il sait de quoi il parle le bougre, car il a eu affaire à ces messieurs-dames du FBI dans les années 1990. Le photographe évoquait aussi le talentueux Alain Laboile qui l'année dernière écrivait sur son mur Facebook « En raison de conflits entre Facebook et la nature de mon travail, l'accès à mon compte m'est interdit pour une durée de 30 jours ». Punis le vilain Alain et ses superbes photographies de famille heureuse, nombreuse, et nue parfois.
© Alain Laboile
« Nous limitons également certaines images de poitrines féminines si elles montrent le mamelon, mais nous autorisons toujours les photos de femmes qui défendent activement l’allaitement ou qui montrent les cicatrices post-mastectomie de leur poitrine. »
Donc si l'on comprend bien, l'image d'une maternité sanctifiée et garantie 100% lactée, ça passe, celle des stigmates d'une chair mutilée aussi, mais celles d'un corps naturel ou sensuel ou même libéré seraient interdites ? Avoir un bébé ou un cancer : nouvelles conditions de diffusion des photos de poitrine sur Facebook... N'y aurait-il pas un mamelon dans le potage ?
Emilie Lemoine