© Rendez-vous en terre inconnue - Arthur - Frédéric Lopez
Etiez-vous parmi les 6,18 millions de téléspectateurs de « Rendez-vous en terre inconnue » avec Arthur au Pérou chez les Quechuas ? Oui ? Non ? Vous étiez au bowling ? N'ayez pas honte. On vous raconte.
Arthur et les Quechuas. En voilà une image qu'elle est jolie ! Non non, pas d'histoire de camping ici, pas d'immersion non plus sur les bord du Canal Saint-Martin pour voir ce que ça fait d'être pauvre et d'avoir froid (une idée pour la prochaine émission Frédéric ?).
Non, ici c'est le Pérou. L'émission de Frédéric Lopez pense à vous et comble vos envies d'ailleurs. La recette est enfantine et les ingrédients visuels à portée de main : paysages à couper le souffle, couleurs vives et chatoyantes, et activités insolites qui témoignent néanmoins de vraies valeurs car ancestrales, traditionnelles, voire mythiques. Et que ça balance du paysage andin en veux-tu en voilà, des cimes, du caillou, de la vallée et un joli petit peuple avec des jolis petits costumes. Ah oui, parce que le Péruvien en costard ou le mineur qui se déchire au Pisco, c'est beaucoup moins muy típico.
Et donc voilà notre candide Arthur et sa barbe de trois jours au milieu de ce nouvel environnement.
On vous passe les détails (ça dure plus d'une heure), mais en gros il court après des lamas et se fait cracher dessus (gros moment de rigolade), il s'amuse avec ses nouveaux copains muticolores et quand même parfois il est un peu triste parce que quinze jours en terre inconnue, c'est comme la colo y a toujours un moment où ça fout le cafard d'être loin.
Les raccords couleurs/émotions/nature nous laissent ébaubis. La télégénie est à son paroxysme, la photogénie sa petite copine l'est tout autant. Frédéric est content. Il pense déjà à sa nouvelle destination c'est sûr ! Comme Tintin ou Martine, le Frédéric Lopez se décline à l'infini. Ou presque.
© Rendez-vous en terre inconnue
Il y a un critère bien précis sur lequel il ne transige pas, c'est le dépaysement. Jusqu'à la nausée. Ne sont-elles pas un peu gênantes ces mises en scène à l'exotisme travaillé, recréé, ciselé, par la caméra et le discours ? Parce qu'il faut bien l'avouer, on n'est pas vraiment fan ni forcément à l'aise face à ces images du Blanc intimidé mais jovial face aux « indigènes » du cru. Vous souvenez-vous de l'émission où Tintin Lopez avait embarqué la joviale Muriel Robin sur les pas des Himbas en Namibie ? On y voyait notamment une séquence surprenante de membres de la tribu, dans leurs habits traditionnels, partiellement dénudés donc, au supermarché. Topless à la caisse : l'image envoyait du lourd et l'on imagine que la prod était aux anges. A un autre moment, l'une des femmes arrivait à peine à saisir la bouteille que lui tendait un vendeur. Si peu habituée au shopping nous suggérait-on. Ah le pouvoir de l'image ! Celui-là même qui a certainement fait en sorte que l'on demande aux Himbas de ramasser leur portables et leurs sacs plastiques. Ça aurait gâché la photo. L'émission Arrêt sur Image avait à l'époque posé l'excellente question : "A la télé, des tribus forcément primitives ?". Bah oui ! T'en aurais voulu de Muriel avec ses amis Suisses au Migros de Genève ? Pourquoi pas au Franprix de Carquefou avec des Nantais pendant qu'on y est ?
« Je hais les voyages et les explorateurs » écrivait Levi Strauss. Comme un pied de nez aux colonialistes et autres assoiffés d'exotisme pour qui la découverte d'autres cultures passaient nécessairement par la mise en évidence de différences insurmontables. Mais bref, on s'égare (à peine), et pour en revenir à Tintin au Pérou, on a un conseil « Quechua » du jour. Il s'appelle Martin Chambi, il est né à l'endroit du tournage, dans le Sud du pays, il s'est dévoué aux populations indigènes, comme lui. Son œuvre a le respect et la poésie d'un artiste sensible à la recherche d'un pays réel. Rien à voir avec mardi soir.
Quechua © Martin Chambi
Emilie Lemoine