© Brian Finke | Untitled (U.S. Marshals, Houston, #034)
Rien à voir avec la chanson de Ferré. http://actuphoto.com/29788-ldquo-brian-finke-u-s-marshals-rdquo-at-clart.html" ne sont pas une métaphore mais représentent tout de ce qu'il peut y avoir parfois de terrifiant dans la société états-unienne.
Pendant quatre ans, l'homme a suivi les U.S. Marshals, ces agents de la police fédérale du département de la Justice des États-Unis. Homme en arme, femme en arme, arrestations musclées... « Tu parl'ras moins avec un Glock dans la bouche » disait Booba. Pas faux. Mais ici l'arme de poing légendaire n'est pas seule en scène. A ses côtés fusils à pompes et pistolets mitrailleurs rutilants semblent témoigner en silence d'une militarisation croissante des forces de l'ordre américaines. Et ce ne sont pas http://actuphoto.com/29788-ldquo-brian-finke-u-s-marshals-rdquo-at-clart.html" qui diront le contraire. Le 17 novembre dernier, le gouverneur de l'Etat du Missouri décrétait l'état d'urgence en prévision d'une autre flambée de violences dans cette petite ville où Michael Brown avait été abattu d'au moins six balles le 9 août. C'était en pleine journée et l'officier Darren Wilson avait cru bon de tirer sur le jeune homme noir pour le vol d'une boîte de cigares.
On le sait, l'Amérique a une histoire complexe où se mêlent l'héritage de la ségrégation, l'injustice sociale, les inégalités interraciales, le port d'arme et les bavures policières.
« J'ai eu l'impression de donner ma propre version de l'émission télé "Cops" » commente Finke sur le site de la galerie new-yorkaise qui l'expose. Cette télé-réalité à succès, diffusée sur la très conservatrice Fox de 1989 à 2013, a su séduire les masses à coup d'arrestations spectaculaires et d'un générique d'ouverture devenu légendaire, la chanson Bad Boys du groupe (jamaïcain) Inner Circle. En 2002, Michael Moore, dans son documentaire Bowling for Columbine, dénonce précisément les ravages de ce show qui aime diaboliser les populations noires et hispaniques en les criminalisant mais aussi légitimer l'usage d'une violence armée. Violence policière, violence tout court. Tout est lié selon Moore et la fusillade de Columbine en 1999 est aussi l'une des nombreuses et tragiques illustrations des ravages que le port et la vente d'arme, autorisés aux Etats-Unis, peuvent faire. Dans un tout autre style, Gus Van Sant évoquera ce drame l'année suivante, en suivant la journée ordinaire de lycéens, et plus particulièrement la blondeur quasi albinos du jeune Elias, dans son film Elephant (2003). A chaque tuerie le débat est relancé. Après celle de Newton en 2012, Obama tentera de jouer sur l'indignation générale. Sans succès.
Elephant, 2003 © Gus Van Sant
« Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé ». Les Etats-Unis restent accrochés à leur deuxième amendement comme Charlton Heston l'était à son fusil. Nous sommes en 1791 et l’instabilité politique de la jeune nation explique l'autorisation du port d'arme. Qu'en faire en 2014 ?
L'Histoire comme alibi, l'omnipotente NRA (National Rifle Association) qui veille et rien ne bouge. Pour le moment. Car on l'a dit, rien n'est simple en Amérique ! Ce pays est à l'image d'Heston finalement. Un paradoxe. Capable de participer (à son insu) au crypto gay Ben Hur et de manifester pour les droits civiques en 1961, il a défendu à corps et à cris le port d'arme pour la NRA dont il a été le charismatique président de 1998 à 2003.
1961 Charlton Heston prenant parti à un rassemblement pour les droits civiques
devant un restaurants réservés aux blancs (AP)
La dernière image qui nous vient en tête est celle de Joni Ernst, la nouvelle sénatrice républicaine de l'Iowa. Elue le 4 novembre dernier, cette mère de famille, militaire et castreuse de porc a fait campagne dans des vidéos au goût douteux. http://actuphoto.com/29788-ldquo-brian-finke-u-s-marshals-rdquo-at-clart.html". Une voix commente « Et une fois qu'elle aura l'Obamacare dans le viseur, Joni va tirer ». Et alors que la sémillante Joni met six balles droit dans la cible, le commentaire poursuit : « Et Joni ne rate pas souvent sa cible ».
L' Amérique est complexe, on l'a dit...
Emilie Lemoine