© Nicolas Righetti
Les heures sont longues pour les syriens. Le moment est encore mal choisi pour la démocratie, et l'heure du départ de Bachar Al-Assad ne semble pas avoir sonné.
Malgré la difficulté de suivre et de comprendre un conflit qui s'enlise doucement dans la terreur et l'oubli, il est pourtant important de ne pas lâcher l'information.
Heureusement, nous avons la chance en France de pouvoir accéder aux informations concernant l'évolution du conflit syrien. Ce n'est évidemment pas le cas des journalistes locaux et étrangers, qui risquent chaque jour leur vie pour témoigner de la violence et de la progression – ou régression - du conflit. Reporters sans frontières informe en temps réel le grand public et les médias de la situation des journalistes sur place, chaque jour plus désastreuse.
Ainsi, sur leur site, Reporters sans frontières publie un triste état des lieux des journalistes disparus : « Baromètre de la liberté de la presse en Syrie : 14 journalistes tués, 14 journalistes emprisonnés, 18 net-citoyens emprisonnés, 36 net-citoyens et citoyens-journalistes tués ». Hier encore, un cameraman syrien alourdissait la liste des journalistes disparus en Syrie. Mohamed Al-Ashram, cameraman de la chaîne pro-gouvernementale Al-Ikhbariya a été assassiné à Deïr El-Zor, « alors qu’il filmait un accrochage dans le quartier Al-Mouadafines » selon les informations de Reporters sans frontières.
Début septembre, alors que le conflit syrien continuait à faire des ravages, le dernier livre photographique de Nicolas Righetti, photographe suisse, membre de l'agence Rezo, et spécialiste des icônes totalitaires, voyait le jour. Le titre de l'ouvrage « L'avenir en rose » ne sera pas, pour beaucoup, très évocateur. Pourtant, il fait référence à la campagne menée par Bachar El-Assad en 2007 : « Oui à un avenir en rose » disait l'homme politique...
« L'avenir en rose » © Nicolas Righetti
Cet ouvrage arrive donc à point nommé à une période où les affrontements en Syrie sont chaque jour plus virulents. Son auteur s'est intéressé de près aux portraits du chef de l'état, qui ornent avec insistance les lieux publics syriens. Des images prises lors de la fameuse campagne électorale de 2007, mais qui sont plus que jamais d'actualité. A ces images insistantes et dérangeantes, Nicolas Righetti a ajouté des citations de Bachar El-Assad, issues de ses déclarations.
Un très bel ouvrage à découvrir, aux éditions Work is Progress : http://www.workisprogress.fr/avenirenrose.html
« Nous n'avons jamais dit que nous étions un pays démocratique » Bachar El-Assad.
Voilà.
Claire Mayer