Communaute rurale de Ouarkhokh, re?gion de Louga, Se?ne?gal. © BASTiEN DEFivES / TRANSiT
Espace Dupon 74 rue Joseph de Maistre 75018 Paris France
Mois de la photo 2012 Maison européenne de la Photographie 5/7 rue de Fourcy 75004 Paris France
La « figure » du collectif, dans le vocabulaire photographique et dans sa version actuelle, a fait son apparition en France au début des années 1990 et nommé une nouvelle forme d'organisation, indépendante, alternative à celles des agences ou des coopératives existantes jusque là.
Structures légères, nées à l'initiative de jeunes photographes liés par une vision et une démarche communes, leur apparition a coïncidé et c'est posée comme une des réponses à la crise qui commençait à traverser la presse et, de reflet, les agences et les photographes. Plateformes d’échanges et supports à la réalisation et à la diffusion de projets aussi bien de groupe qu’individuels, les collectifs sont devenus des acteurs importants du débat sur le devenir de la photographie. Au moment du déclin du grand photojournalisme et en pleine révolution digitale, l'urgence était aussi de rendre compte des nouvelles préoccupations de la société et de couvrir de nouveaux sujets à l'aide de langages visuels adaptés; de concilier journalisme et écriture créative.
extrait de la série “La vallée de l'amiante” © Nanda Gonzague / TRANSiT
Transit, est un collectif qui, né en ce contexte, réunit aujourd’hui six photographes ; crée en 2002 par Nanda Gonzague et David Richard, suivis de Bastien Defives, puis d'Alexandra Frankewitz et enfin, d'Alexa Brunet et Yohanne Lamoulère, il contribue à apporter des réponses à ces questionnements.
Après Tendance floue qui a ouvert le chemin en 1991, véritable « référence » et success story dans le paysage français, Transit appartient déjà à la deuxième génération des collectifs français. Les spécificités « intéressantes » de Transit sont leur naissance et persistance dans le Sud de la France, ainsi que le fait d’être composé d'autant de femmes photographes que d'hommes, « phénomène », bizarrement, loin d’être banal ou courant dans le panorama des agences et des collectifs, malgré le nombre croissant de femmes photographes.
Tout cela donne une ouverture intéressante sur la Méditerranée, une vision décalée par rapport à celle Paris-géocentrique plus fréquente, une sensibilité et une proximité particulière avec certains sujets. Composé de jeunes photographes, on voit leur attention se focaliser sur des questions actuelles propres à leur génération, avec un regard permanent vers l’élargissement des frontières européennes et la jeunesse de la nouvelles Europe. Ou bien sur des sujets de proximité qui traduisent le repliement subjectif actuel et traitent du quotidien, dans son apparente banalité, ou de ses drames. Derrière lesquels enfin affleurent souvent des questions de société, les effets de la globalisation, l’écho des mouvements altermondialistes... qui parfois les amènent plus loin, au Brésil, en Chine, au Liban ou au Sénégal.
Formés souvent dans des écoles de photographie et d'art, les photographes de cette génération et des suivantes, à la recherche de nouveaux codes visuels, arrivent très souvent avec une écriture singulière à exprimer l'aspect poétique de la réalité tout en faisant du journalisme.
Laura Serani
Renovateurs d'icônes, Tver, Russie ©Alexandra Frankewitz / TRANSiT