© Joel-Peter Witkin
A une époque où la liberté d'expression a une place primordiale dans notre société, les dérives de l'image sont pourtant bien réelles.
Il est important, nécessaire d'informer. Il est important d'avoir la possibilité de pouvoir tout montrer. Mais à quel prix ?
Les clichés de Joel-Peter Witkin choquent, surprennent, déstabilisent. Mais http://actuphoto.com/21757-discussions-autour-de-joel-peter-witkin-part-1-entretien-avec-joel-peter-witkin.html">il : « Je fais ceci pour le bien de l'homme et pour la gloire de Dieu. Cela a été et continuera à être la base de création du peintre de caverne au dernier artiste à la fin des temps indépendamment des convictions conscientes de l'artiste. » Est-ce là un prétexte suffisant pour montrer au grand public des clichés morbides ou encore des gens différents, atypiques, le tout mis en scène ?
Peut-on également, sous prétexte de vouloir partager ses expériences de vie, montrer des images qui devraient sans doute rester dans l'ombre ? C'est le cas des clichés, toujours polémiques, d'Antoine d'Agata.
Ses thèmes de prédilection sont depuis toujours l'errance, la prostitution, le sexe, les corps, les expériences alternatives. Son dernier livre Ice est présenté ainsi : « Arrivé au Cambodge en décembre 2007, A – le double du photographe – entame une relation avec Ka, prostituée et dealeuse d'origine vietnamienne. Il s'installe avec elle dans un appartement crasseux à Pnom Penh en janvier 2008. C'est le début d'une longue absence. L'addiction aux méthamphétamines prend le pas sur la photographie. Les limites entre réalité et fiction se brouillent. Au dire d'Antoine d'Agata : « la vie est trop dense », et toute trace de mémoire s'efface dans le gouffre narcotique ».
Ses clichés sont explicites et déroutent. Mais à quel prix ? Dans quel but peut-on avoir besoin de ces images ?
Une chose est sûre, la liberté de montrer a cette limite, celle de ne pas en avoir. Dernièrement, une certaine vidéo canadienne a été vu en l'espace d'une semaine 487 000 fois par les internautes du monde entier. Cette vidéo est toujours en ligne, malgré son caractère hautement traumatisant.
Polémique ou pas, parfois il est important de s'abstenir.
Claire Mayer