© Ian Berry / Magnum Photos
Galerie Fait & Cause Rue Quincampoix, 58 75004 Paris France
Conçue pour poser un autre regard sur 50 ans de combats pour les droits humains, cette exposition (et le Photo Poche associé) rappelle le lien étroit qui depuis ses débuts en 1961 rapproche Amnesty International des photographes.
De l’engagement photographique
La sélection présentée souligne toute l’ampleur du rôle joué par la photographie dans le combat pour les droits humains. Les images peuvent en effet être un appui déterminant dans le travail des organisations et des mouvements qui se donnent, comme Amnesty International, la mission d’identifier, de nommer, de dénoncer les violations des droits humains.
« Au-delà d’un éclairage sur les combats au cœur d’Amnesty International, nous espérons que cette exposition apporte un ‘‘autre’’ regard sur le monde qui ne se contente pas du fatalisme ; un regard à travers lequel les injustices ne sont pas inévitables », explique Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France.
Manifestation d’étudiants, place Tian’anmen, Pékin, 26 mai 1989. © Stuart Franklin. Magnum Photos
Des plus iconiques – images qui ont gravé dans la mémoire collective des faits majeurs – aux témoignages plus intimes d’engagements personnels ou de victoires décisives, ces photographies montrent aussi la complexité d’un combat qui n’est pas linéaire.
Jeune homme enjambant le Mur, Berlin, 11 novembre 1989. © Raymond Depardon. Magnum Photos
Une exposition pédagogique
Le projet invite à se replonger dans une histoire mouvementée, guide pour ne pas oublier et comprendre le sens de l’engagement. « La photographie joue un rôle déterminant dans la dénonciation et la prise de conscience des violations des droits humains ainsi que sur l’évolution des mentalités, notamment des publics les plus jeunes », affirme Michel Christolhomme, directeur photo de l’association Pour Que l’Esprit Vive.
Image obtenue par Associated Press montrant Lynndie England tenant un détenu attaché en laisse, à la prison d’Abou Ghraib, Bagdad, Irak, 2003. © AP. Sipa
De grands noms du photojournalisme ont été rassemblés pour proposer une déambulation et une réflexion sur la violence du monde mais aussi l’espoir porté par la mobilisation pour la défense des droits humains.
Fuite d'une petite fille atteinte par les bombes au napalm, Trang-Bang, Sud-Vietnam. Juin 1972. © Nick Ut. AP / Sipa
Cette exposition a été initialement montrée dans le cadre des Rencontres d’Arles. Sa reprise à Paris s’accompagne d’une série de rencontres et événements – notamment en direction de jeunes publics, autour d’Amnesty International et de certains des photographes.
Brèves biographies des photographes du projet Droits de regards ayant travaillé avec Amnesty International (AI) sur d’autres projets
Miquel Dewever Plana
En 2007, AI s’associe à la parution de La vérité sous la terre (Parenthèse édition) ouvrage (puis exposition) essentiel qui ponctue plusieurs années d’un patient et minutieux travail de fouille et de mémoire sur le génocide des mayas. La démarche de Miquel converge avec celle d’AI en ce qu’elle consiste à redonner voix aux victimes, à ne pas laisser tomber dans l’oubli des crimes impunis.
Depuis, Miquel poursuit son travail et interroge les phénomènes de violences qui marquent aujourd’hui ce pays, au-delà du phénomène « spectaculaire » mais réducteur des marras.
En 2012, AI s’associe à un projet qui entend justement faire état de ces années de recherches photographiques pour livrer un projet multimédia pour comprendre et réfléchir sur les racines et causes des violences et sur les moyens de s’y opposer.
Grégoire Eloy
En 2008, AI repère le travail que Grégorie Eloy mène sur l’oléoduc qui achemine du gaz de la Russie vers l’Europe et dont la construction s’est faite dans le plus grand mépris des habitants des pays qu’il traverse.
La parution des Oubliés du pipeline (Images plurielles) s’accompagne d’une exposition présentée par AI en soutien à une campagne qui vise à dénoncer les responsabilités des entreprises dans les violations des droits humains favorisées par l’absence de textes ou normes internationales.
Le travail de Grégoire permet donc à AI de donner à voir ce qu’elle dénonce et de sensibiliser un plus large public à des questions complexes.
Lizzie Sadin
Depuis une dizaine d’année, Lizzie collabore régulièrement avec Amnesty International.
En 2003, son travail sur les mineurs en prison en Russie est ainsi intégré à la campagne internationale lancée par AI sur ce pays. Des jeux d’exposition tournent dans le réseau FNAC permettant de sensibiliser et impliquer le public. AI signera d’ailleurs la postface du photopoche Mineurs en prison (Actes sud) paru en 2009 année où Lizzie reçoit le Visa d’Or (festival Visa pour l’image – perpignan).
Divers sujets ont aussi été utilisé par AI dont celui sur les violences faites aux femmes en France intégré au rapport publié par AI en 2006 (Violence contre les femmes, une affaire d’Etat – Autrement).
Cédric Gerbehaye
En 2002, il s’intéresse au conflit israélo-palestinien en tentant d’analyser la déception et la révolte que l’échec des accords d’Oslo a engendrées, en Israël comme en Palestine. Il réalise ensuite d’autres reportages à Hébron et à Gaza, puis sur la crise économique et sociale qui sévit en Israël, avant de se pencher sur la question kurde, tant en Turquie qu’en Irak. Seul puis avec l’aide de plusieurs ONG, Cédric Gerbehaye a surtout depuis plusieurs année concentré son travail sur la RDC et photographié la tragédie que vivent les civils et en particulier les enfants soldats. Il en a tiré le projet « Congo in Limbo » (expo et livre postface par Amnesty International au bec en l’air) Ce travail lui vaut sept distinctions internationales, parmi lesquelles un World Press Photo et l’Amnesty International Media Award
Jane Evelyn Atwood
Installée en France depuis près de 40 ans, elle s’intéresse en particulier aux phénomènes d’exclusion sociale avec une attention particulière portée à la condition des femmes.
Apres un premier travail sur la prostitution, elle consacre dix années à la question des femmes en prison. AI s’associera au projet « Trop de peine, femmes en prison » (live et à l’exposition) dans le cadre d’une campagne sur les Etats-Unis. Elle a depuis continué à travailler sur des sujets sur lesquels AI est aussi impliqué tel que les mines antipersonnel.
Vignette : © Ian Berry / Magnum Photos