GEO et Reporters sans frontières s’associent le temps d’un album
Alors qu’elle s’apprête à fêter ses vingt-cinq années d’existence, l’association Reporters sans frontières lutte plus que jamais pour faire reculer la censure dans le monde et protéger le droit à l’information. L’organisation intervient dès lors que la liberté d’informer et d’être informé est menacée ou qu’un journaliste est emprisonné pour avoir exercé son métier.
Afin de financer ses actions, Reporters sans frontières a développé, depuis 1992, l’édition d’albums de photographies – trois numéros par an au prix unitaire de 9,90 € –, dont l’intégralité des recettes est reversée à l’association.
“GEO met le monde dans votre main”
Depuis 30 ans, GEO ouvre grand nos yeux sur le monde et les hommes, et emmène ses lecteurs à la découverte de terres d’ailleurs, de cultures inconnues et d’organisations humaines insolites. Fidèle à son idée que “le monde reste à découvrir”, GEO a contribué à rendre accessible à tous le photojournalisme, et a permis l’émergence de nouveaux talents de la photographie.
C’est donc tout naturellement que Reporters sans frontières s’est associée à GEO pour la publication de son nouvel album “100 photos de GEO pour la liberté de la presse”. Cet album présente 100 des plus belles photographies de 10 photographes au talent immense, emblématiques du magazine GEO : Jane Evelyn Atwood, Yves Gellie, Julien Goldstein, Derek Hudson, Alain Keler, Pascal Maitre, Laurent Monlaü, Christopher Pillitz, Serge Sibert et George Steinmetz. Ils nous offrent un regard inédit sur notre planète, sur les hommes et les femmes qui la peuplent.
Préfacé par Jean-Luc Marty, rédacteur en chef de GEO, et par le romancier Yann Queffélec, vous pourrez également lire dans cet album les récits d’hommes et de femmes pour lesquels Reporters sans frontières est intervenue de manière décisive.
L’album “100 photos de GEO pour la liberté de la presse” sera mis en vente le jeudi 3 décembre, au prix unique de 9,90 €, chez tous les marchands de journaux, les librairies, les magasins spécialisés tels que la Fnac, Virgin ou Cultura, les enseignes Relay, Maison de la presse, Mag presse, ainsi que sur A2presse et Solidaripresse.
Les recettes générées par la vente des albums constituent 50 % du budget de Reporters sans frontières. En soutenant l’association, vous l’aidez directement à poursuivre son engagement, vous garantissez l’indépendance de ses actions et vous lui permettez de mettre en œuvre de nouveaux projets.
AU LARGE D’EDEN par YANN QUEFFéLEC
(...)“Qu’est-ce qu’un reporter, au sens universel, sinon celui qui brave la loi des forts ; un résistant porté à la compassion dynamique, un esprit libre. Jésus ben Joseph mis en croix. Franz Kafka subodorant le cauchemar administratif nazi dans son roman visionnaire “Le Château”. Kadaré l’Albanais échafaudant un conte social, “Le Palais des Rêves”, où le rêve est interdit au public. Soljenitsyne racontant sans pathos aucun l’enfer du goulag ? Picasso ridiculisant et maudissant la barbarie à visage humain dans “Guernica”, ce hurlement pictural lancé après le raid de l’aviation allemande sur la ville espagnole, en avril 37. Galilée n’est-il pas un reporter au- delà des frontières lorsqu’il déclare aux inquisiteurs que tourne la Terre autour du Soleil, et que Dieu lui-même n’y peut rien ? Ou Giordano Bruno coupable d’avoir dit : il y a ce qu’il y a, et brûlé vif dans la foulée ? Ou Saviano, résigné à compter ses jours depuis qu’il a portraituré la Pieuvre, à savoir la Mafia, dans son document-fiction ”Gomorra”. Cinéastes, écrivains, historiens, artistes dégénérés, envoyés spéciaux, photographes abolissent à qui mieux-mieux les murailles d’indifférence, ou de peur, dressées par les pouvoirs du moment, ces derniers acquis statutairement à la vieille idée que l’ignorance aussi est l’opium du peuple. Ainsi va la bête humaine.”(...)
Yann Queffélec
Romancier
UN MAGAZINE À LA BASCULE DU MONDE par JEAN-LUC MARTY
(...)“À quoi avons-nous assisté en trente ans de photojournalisme et de voyages ? À l’avènement d’une évidence éditoriale. Tout ce qui avait pu être vécu à la naissance de GEO comme exotique et lointain, à savoir nos nombreux sujets sur des ethnies ou des religions inconnues, des espèces endémiques et rares, des régions oubliées, bref toute cette approche vécue comme “dépaysante” s’est brutalement retrouvée au quotidien dans nos journaux télévisés. Hutus, Tutsis, Pachtounes, Tadjiks, Quechuas, Mapuches… pas un peuple traité par GEO qui ne se soit, à un moment ou à un autre, pris au piège d’une tragédie.
Le basculement du monde, dont la chute du mur de Berlin a marqué le temps fort, avec ce passage du bipolaire de la guerre froide au multipolaire contemporain, a aussi révélé des géographies que nos livres de classe avaient occultées. Incontestablement, quelque chose de notre poétique du monde s’est renversé sous l’effet d’une nouvelle géopolitique.
Un bouleversement dont témoignent les conditions de travail des photographes sur le terrain. Changement aussi dans le regard de ceux à la rencontre desquels ils viennent. Ceux-là ont compris, via Internet ou la télé, que l’image renvoyée de leur vie dans le premier monde n’était pas forcément celle qu’ils voudraient. Or, chacun le sait bien, les populations civiles sont les premières victimes de la guerre des gouvernants, de quelque obédience qu’ils soient.
Face à cette complexité contemporaine du monde, le travail de nos photographes et journalistes, écrivains ou chercheurs, permet à nos lecteurs de saisir l’envers des armes, des conflits, des terres asséchées et des montagnes pelées, là où se meut le rêve, loin, très loin, par la grâce du déplacement qui y mène.”(...)
Jean-Luc Marty
Directeur éditorial et rédacteur en chef du magazine GEO