Umbo (18 janvier 1902 à Düsseldorf - 13 mai 1980 à Hanovre), né Otto Maximilian Umbehr, est un photographe et photojournaliste allemand.
Umbo est considéré comme l'un des grands inventeurs de la "nouvelle photographie" allemande des années vingt. Accompagnant la grande rétrospective consacrée à ce photographe en 1995-1996, résultat d'un long et minutieux travail de recherche, l'ouvrage d'Herbert Molderings confirme cette place privilégiée. Rappelons à cet égard que le mythe Umbo repose, pour l'essentiel, sur quelques années d'une production avant-gardiste prolifique (entre 1927 et 1933), et que ce fonds, comprenant quelque 60000 négatifs et presque tous les tirages de cette époque, a été détruit lors d'un bombardement de Berlin en 1943. Cette perte marquera pour Umbo une rupture définitive dans une carrière déjà en déclin après la pratique d'un photojournalisme médiocre sous le régime national-socialiste. En 1975, au moment de sa redécouverte par une nouvelle génération d'historiens de l'art, on estimait qu'il ne restait qu'une centaine de tirages originaux de sa production d'avant-guerre. Tentant l'impossible, la reconstitution d'une oeuvre à la fois légendaire et pratiquement inexistante, Herbert Molderings a retrouvé 350 images au cours de ses recherches dans le monde entier, et rassemblé nombre de documents ou récits inconnus sur la vie de ce "bohème fainéant" de la photographie. Illustré de reproductions en deux tons, le livre retrace dans un excellent texte biographique l'errance d'un artiste fragile, qui renonce à plusieurs reprises à toute perspective de carrière. Le lecteur découvre ainsi les différentes étapes d'une vie complexe et difficile : une enfance marquée par la mort précoce de sa mère, la volonté de création artistique et le refus d'une vie bourgeoise ; la rupture avec le père, le bref passage au Bauhaus et l'influence de Johannes Itten ; la vie de bohème dans le Berlin des années vingt, l'amitié avec Paul Citroen qui le sauve de la misère en le poussant vers la photographie ; le développement d'un nouveau type de portrait et la description photographique de la ville ; puis la gloire apportée par l'année 1929, à la fois grâce à la présence marquée de ses oeuvres dans l'exposition "Film und Foto" et dans le célèbre manifeste de Werner Gräff, Es kommt der neue Fotograf ; la collaboration à l'agence Dephot, le travail pour Signal (revue de propagande de la Wehrmacht) ; enfin, au début des années 1950, le retour à Hanovre et la perte de toute énergie créatrice dans une Allemagne en reconstruction.
Loin d'être l'apologie ou la glorification d'une vie d'artiste, l'ouvrage d'Herbert Molderings essaie néanmoins de réhabiliter Umbo à travers certains éléments de datation, comme la question de l'invention du gros plan dans le portrait photographique. On regrettera que la partie consacrée à la période suivant l'arrivée des nazis au pouvoir soit nettement moins représentée que celle des années vingt - l'absence d'images donnant l'impression que l'auteur a souhaité éviter la question brûlante de la position de l'artiste face au régime totalitaire.
Il est le deuxième des six enfants de Karl Friedrich Umbehr, architecte industriel. Sa mère, Frieda, meurt en 1910. Son père se remarie alors et a d'autres enfants. Umbo s'éloigne de plus en plus du foyer. Il va dans les lycées de Duisbourg, Aix-la-Chapelle et Düsseldorf. Il est admis en 1921 au Bauhaus. Il rencontre alors László Moholy-Nagy, l'un des photographes les plus importants du Bauhaus. Il est grandement influencé esthétiquement par l'enseignement de Johannes Itten. Il y étudie jusqu'en 1923.
À sa sortie, il devient compagnon et apprenti dans une poterie à Goslar. Umbo se rend par la suite à Berlin, qui fut l'un des foyers artistiques internationaux du XXe siècle. Il se lance dans la photographie en 1926, et devient presque aussitôt, avec ses portraits innovateurs de la bohème berlinoise, l'un des fondateurs d'une nouvelle esthétique photographique. Il réalise des photomontages pour le film de Walter Ruttmann: Le reporter enragé.
Il mène ensuite une vie de vagabond, tombe malade mais grâce à un ami du Bauhaus : Paul Citroen qui l'héberge, il reprend la photographie et invente ainsi une nouvelle forme de portraits. Il photographie ses amis et une jeune actrice Ruth Landshoff. Dans les années suivantes, ses photos sont imprimées dans divers journaux et revues et présentées lors d'importantes expositions. Ces images lancent vite le nouvel art du portrait de l'avant-garde photographique allemande. Il continue ses expériences du portrait (simultanés, photogrammes), réalise des expositions personnelles et collectives. Puis enseigne la photographie à l'école d'art de Johannes Itten.
À la fin de l'année 1928, Umbo devient membre fondateur de l'agence Dephot (Deutscher Photodienst GmbH), qui marque, jusqu'en 1933, un nouveau style de photojournalisme. L'agence Delphot est au centre du photo-reportage moderne. Umbo travaille surtout dans le monde du spectacle pour réaliser ses photographies. Mais l'agence est fermée lors la prise de pouvoir (Machtergreifung) des nazis en 1933. Il prête alors son laboratoire à un photographe communiste Ernst Thormann et reproduit des documents secrets du procès de l'incendie du Reichstag. Il finit par être enrôlé dans la guerre et prend des photographies de ses coéquipiers.
Au cours de la période nazie, il travaille comme photojournaliste, mais n'a pratiquement plus la possibilité, en tant qu'artiste, d'obtenir avec son esthétique photographique des réactions de la part du public. En 1943, ses archives de Berlin, comportant entre 50 000 et 60 000 négatifs, sont détruites lors d'un bombardement, si bien que peu de ses travaux sont préservés aujourd'hui.
Lors de la confusion de la guerre et de l'après-guerre, le cheminement d'Umbo le mène à Hanovre en 1945 avec sa femme Imgard Wanders, graphiste, avec qui il a une fille: Phyllis. Il perd son œil gauche lors de travaux de rénovation. Puis se met à photographier les images d'après-guerre: ruines, évadés des camps... Il ne peut toutefois plus compter sur son succès de l'époque de la Weimar. Il y travaille avant tout pour la Kestnergesellschaft. Ses tirages originaux datant de cette époque restent toutefois aujourd'hui très rares et très recherchés.
En 1952, il voyage trois mois aux États-Unis. Il enseigne ensuite la photographie à l'école professionnelle pour handicapés de Bad Pyrmont puis le dessin publicitaire à l'École d'arts appliqués de Hanovre.
Dans les années 1970, il survit grâce à des petits boulots mais réalise quelques expositions à l'échelle internationale en tant que précurseur de la nouvelle photographie des années 1920.
Il décède le 13 mai 1980 à Hanovre lors de sa seconde notoriété.