David Hockney, né le 9 juillet 1937 à Bradford au Royaume-Uni, peintre et photographe anglais habitant dans la ville californienne de Los Angeles, aux États-Unis.
David Hockney a accumulé, au cours des années, environ 30000 photographies – seule une infime partie a été présentée au public. Ces images, véritable journal intime qu’il tient depuis 1961, sont les traces d’une « vie d’artiste » qu’il incarne si bien. David Hockney a su y alterner souvenirs de voyages ou de visites et activité professionnelle débordante, tout en préservant une attention minutieuse à ses amis et aux choses qui l’entourent, sans trahir son sens immédiat de la composition picturale.
David Hockney a souligné à quel point cette pratique photographique a été pour lui impulsive. Un déplacement, un visiteur, un travail en cours dont un détail fixe soudain son regard et il s’empare immédiatement d’un appareil pour ne le lâcher qu’une fois assouvi le besoin impérieux d’enregistrer la chose vue. Le photographe ne s’interdit pas de mettre en scène le monde qui l’entoure et l’idée, bien souvent, précède l’image. Pour cet infatigable dessinateur la réalité est aussi une construction mentale. On peut voir, comment, par d’innombrables photographies de détail prises sur le vif, se pensent lentement les grandes compositions picturales qui l’ont rendu célèbre et comment d’autres donnent naissance a de subtils collages « jointifs ».
Mais la meilleure illustration des rapports complexes qu’entretiennent dans l’œuvre de David Hockney, la photographie et la peinture, ce sont sans doute les grands collages photographiques qui la fournissent. Ces œuvres, qualifiées de « drawings with a camera » atteignent une autre dimension, elles font passer la photographie « d’une vision monoculaire du monde à une vision plus subjective ». Ce ne sont plus seulement des photos mais « des idées sur la perception » qui nous permettent « de représenter de façon éclatante, sur une surface plane, le merveilleux travail du regard ». Ils transcendent la photographie qui n’est pour David Hockney « que le point de vue, durant une fraction de seconde, d’un cyclope paralysé ».
C’est cette réflexion sur le regard et la perception qui est au cœur de cette approche picturale de la photographie, de cette volonté de repousser les limites du médium. Cette manière de pousser jusqu’à ses extrêmes limites les possibilités d’une technique, on la retrouve dans la manière dont David Hockney a utilisé photocopieur, fax et dernières techniques de tirage numérisé. Composant à distance de vastes fresques de collages (1988), figeant tous les visiteurs de son atelier (la série des « visiteurs » 1990-1991) ou créant de mouvantes scénographies abstraites (« snails spaces » 1995-1996), la photographie n’est plus là qu’une technique parmi d’autres au service du talent qui révolutionne notre manière de voir.
Commissaire de l’exposition : Alain Sayag, Conservateur au Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou.
Biographie :
9 juillet 1937, naissance à Bradford, G.B.
1953-1957 : Études à la Bradford School of Art.
1959-1962 : Études au Royal College of Art de Londres aux côtés de R.B. Kitaj et Allen Jones.
1963 : Première exposition personnelle à la Galerie Kasmin de Londres.
1964 : S’installe à Los Angeles, premières « piscines ».
1969 : Exposition à la White Chapel Gallery de Londres.
1974 : Rétrospective au Musée des Arts décoratifs, Paris.
1975 : Dessine les costumes et les décors du « Rake’s Progress » de Stravinsky pour le festival de Glyndebourne.
1976 : Présentation de 20 photographies dans une édition réalisée par Illeana Sonnabend. Depuis 1961 : David Hockney pratique la photographie de manière constante, il a réuni au cours des années quelques 30.000 photographies dans 150 albums de grand format.
1978 : Réalise ses premières « paper’s pool » et les costumes et les décors de « La flûte enchantée » de Mozart.
1981 : Voyage en Chine avec Stephen Spender
1982 : Exposition de travaux photographiques au Centre Georges Pompidou, réalise à cette occasion ses premiers collages Polaroid, systématisation des collages « jointifs » réalisés dans ses albums.
1983 : Exposition itinérante de travaux photographiques organisée en Europe par l’Art Council de Grande Bretagne.
Déc 1985 : Numéro spécial de Vogue qui fait une place importante à la photographie et exposition à la Galerie Claude Bernard à Paris.
1986 : Réalise « Pearblossom Highway » qui clôt le cycle des grands collages photographiques. Exposition de photo-collage à l’I.C.P. de New York.
1987 : Réalise les costumes et décors de « Tristan et Yseult » de Wagner.
1988 : Publication de « Hockney on Photography, conversation avec Paul Joyce ». Rétrospective au Metropolitan Museum de New York puis à la Tate Gallery de Londres. Développe l’utilisation du fax pour réaliser à distance de grands collages.
1990-1991 : Réalise la série des « visiteurs », montages photographiques numérisés et tirés au « color-laser-printer »
1993 : Publie « That’s the way I see it ».
1995 : Rétrospective de dessins à la Royal Academy de Londres. Début de la série des « Snails Space » mêlant photographies et peintures.
1997 : « Photowork » au Musée Ludwig de Cologne