Galerie Esther Woerdehoff 36 rue Falguière 75015 Paris France
La galerie Esther Woerdehoff est heureuse d’inaugurer l’année artistique 2009 avec Terriblement beau – Terriblement faux, une exposition collective qui met en lumière la diversité d’approches de certains des artistes qu’elle représente, tant au niveau de la mise en scène que de la technique.
Sont à l’honneur dans le cadre de cette exposition des photographes déjà connus par le public de la galerie, comme Arthur Tress, Pascal Loubet, Pierre Crocquet, Herlinde Koelbl, Philippe Calandre, Rafael Neff, Nikolas Tantsoukes et Yvone Diefenbach, aux côtés de deux artistes invités, Gilles Berquet et Nikos Kontzialis, dont la particularité des démarches illustre bien le double propos de l’exposition : Terriblement beau – Terriblement
faux…
En effet, l’exposition est conçue et présentée dans deux parties distinctes.
La première, Terriblement beau, convoque l’ambivalence même de l’adjectif « terrible », qui va, dans la représentation de la beauté, de l’effroyable, du désolant, de l’affreux, du tragique même jusqu’au formidable et à l’étonnant :
Terriblement beau, comme les portraits féminins de Gilles Berquet, où la mise en scène sans décorum de la femme tutoie une certaine cruauté de la représentation et par-delà l’effroi ; comme le regard à la fois tendre et ironique que Pascal Loubet pose sur ses sujets, éloge d’une beauté marginale qui ne saurait s’épanouir sans le regard d’un spectateur
bienveillant ; comme l’humour noir mais non dépourvu d’une profonde humanité qui caractérise la nouvelle série de photographies de Pierre Crocquet, un hommage aux laissés-pour-compte d’une petite communauté d’Afrique du Sud ; enfin, comme l’étonnante inventivité dans la mise en scène de la réalité d’un photographe déjà classique,
comme Arthur Tress, dont les images psychologiquement terribles ne sont pas sans rappeler le Surréalisme.
Mais avec les compositions trompeuses de ce dernier artiste s’opère une transition vers le deuxième volet de l’exposition, Terriblement faux, ou comment l’image, au travers voire au-delà de sa qualité esthétique, dénonce ou magnifie son propre artifice.
Réunies sous ce titre provocateur, les oeuvres placées sous l’égide du Terriblement faux relèvent des techniques marginales ou négligées dans le contexte de la photographie, comme le polaroid, le collage ou le photogramme.
Terriblement faux, comme les photocollages de Nikolas Tantsoukes, utopies négatives d’un monde urbain marqué par la catastrophe ; comme les polaroids retravaillés de Nikos Kontzialis, créant un étrange effet de matière et de présence ; comme les bâtiments
de Philippe Calandre, cathédrales modernes et désolées d’un monde postindustriel,
éparpillées dans le no man’s land ; comme les photomontages inquiétants de Gilles Berques, patchworks de signes et de couleurs empruntés aux représentations cinématographiques
classiques de l’horreur, invitations à raconter ou à se raconter des histoires à faire peur, de beaux et terribles mensonges…
L’exposition Terriblement beau – Terriblement faux se veut donc une invitation au vertige,
vertige esthétique, de la mise en abîme et de la diversité d’une collection dont les oeuvres défient les limites de leur propre catégorisation : la belle photo ment toujours un peu, la photo qui nous manipule est rarement sans beauté. L’important reste qu’elles se rejoignent dans l’impact émotionnel qu’elles provoquent, jamais tiède, ni moyen ni mou… forcément terrible.