Pour ce 53e album spécialement consacré au jazz, Reporters sans Frontières s’est associé à la prestigieuse agence Magnum. Les photographies issues de la collection F. Driggs côtoient celles prises par les grands noms de l’agence : Guy Le Querrec, Dennis Stock, Burt Glinn, Robert Capa, Philippe Halsman et Wayne Miller. Leurs clichés rassemblés montrent l’évolution du mouvement musical des années 1930 jusqu’à aujourd’hui.
Earl Hines déploie son « trumpet-piano style » aux côtés du tromboniste James « Jimmy » Archey et du cornettiste Francis « Muggsy » Spanier.
San Francisco, Californie, États-Unis, 1958.© Dennis Stock/Magnum Photos
Dans ce nouvel album de Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse rime avec jazz. « Les journalistes sont les historiens de l’instant comme les jazzmen sont les musiciens de l’instant » explique Pascal Anquetil, ancien directeur du Centre d’Information du Jazz et collaborateur de ce numéro spécial. Pour jouer ou pour raconter, il faut les mêmes valeurs. Comme les journalistes, les musiciens sont épris de liberté, de transmission et de vérité. Comme les photographes, les jazzmen dépassent les contraintes de leur instrument pour crééer.
Au fil des 100 photos en noir et blanc, le lecteur redécouvre les plus grandes figures du jazz : Ray Charles sur scène à Paris en 1969, Louis Armstrong presque nu dans sa chambre d’hôtel, Duke Ellington entouré d’Ivie Anderson et d’Ella Fitzgerald, Charles Mingus enlaçant sa contrebasse, Thelonious Monk en plein dialogue avec son piano. Entre les photos, des poèmes, des témoignages ou textes critiques ont été insérés . Pour les écrire, l'organisation Reporters sans Frontières a fait appel à l'acteur Jacques Gamblin, au musicien Pierre Assouline ou encore à l'écrivain Michel Butor, récemment décédé, qui signe ici un de ses derniers textes.
Louis Armstrong dans l’intimité de sa chambre d’hôtel.
États-Unis, 1958. © Dennis Stock/Magnum Photos
La force de cet album est d'avoir su saisir visuellement la musique jazz, en faisant alterner jaillissement de notes et moments de silence. Les photos de concert succèdent ainsi à celles qui s’attachent aux coulisses de l’univers musical. Sur un cliché de Guy Le Querrec, le trompettiste Don Cherry gonfle ses joues, prêtes à exploser. Sur un autre du même photographe, Miles Davis pointe son instrument vers le ciel dans une apothéose musicale. A côté de ces moments de jeu, le lecteur découvre les "hors-scène" du jazz. Ces coulisses, ce sont les répétitions nocturnes dans les chambres d’hôtel, les heures passées sur la route pour rejoindre la prochaine salle de concert, le matériel qu’il faut déménager chaque soir. Parmi ces clichés sur le quotidien des musiciens, on aperçoit Louis Armstrong endormi dans le bus d’une de ses tournées (Dennis Stock, 1958), ou encore Charles Mingus (Guy Le Querrec, 1976) promenant sa contrebasse sur un chariot d’aéroport.
Pour accompagner la sortie de l’album, deux villes, Paris et New-York, ont chacune prévu leur concert. Le Shai Maestro Trio se produira le 6 décembre 2016 au studio 104 de la Maison de la radio, tandis que le Lincoln Center accueillera Richard Galliano le 13 décembre 2016.
Duke Ellington, États-Unis, 1967
© Philippe Halsman/Magnum Photos
Chaque nouvelle édition est aussi un moyen pour l'organisation de défendre son combat pour la liberté de la presse. Sur une double-page, une carte du monde montre que la liberté de la presse est toujours menacée, quelque soit le continent. L’article qui suit, consacré au Mexique et ses cartels, rappelle qu’en 2016 « le pays le plus meurtrier au monde pour les journalistes n’est pas la Syrie », mais bien le Mexique. En quinze ans, plus de 120 journalistes ont été tués ou portés disparus.
Un dossier spécial consacré aux journalistes « hors-la-loi » revient sur la technique de l’infiltration et sur les questions qu’elle soulève. Ce dossier est illustré par un long entretien avec Günter Wallraff, célèbre journaliste d’investigation allemand, dont la devise est « Il faut se déguiser pour démasquer la société ». Il revient sur quarante ans d’une carrière passée à se glisser dans la peau des autres, qu’ils soient réfugié somalien, ouvrier truc, employé de restauration rapide, ou encore journaliste de la presse à scandale. Chaque infiltration aboutit à une enquête dénonçant les conditions de vie et de travail de chacun de ses personnages.
L'album "100 photos de jazz" pour la liberté de la presse sortira le 8 décembre.
Lien vers la boutique de Reporters sans Frontières : http://boutique.rsf.org/products/jazz-100-photos-pour-la-liberte-de-la-presse"