Mercredi 14 Septembre 2016 14:21:20 par Alix Joly dans Actualités

Une véritable hécatombe touche actuellement le monde de la photographie. Après Marc Riboud, Nathan Lyons et Greta Friedman, c'est au tour de Gérard Rondeau de nous abandonner. Nous sommes tristes de voir s'éteindre avec lui l'étincelle de nouveauté qu'il avait su apporter à cet art qui lui était si cher.

« Regarder à se crever les yeux, à éclater le crâne, avec les yeux de derrière les yeux, de derrière la tête, comme un aveugle avec un grand cri lumineux », aimait à répéter Rondeau, en reprenant la phrase de l'écrivain Roger Gilbert-Lecomte. C'est que le photographe, ami de nombreux écrivains et artistes, comme Paul Rebeyrolle par exemple, a véritablement révolutionné la conception de la photo, avec son regard si particulier. Travaillant uniquement en noir et blanc, il était passé maître dans l'art des jeux d'ombres et de lumières, faisant ressortir tel ou tel détail avec un rare talent.

Bien souvent, les clichés du Français n'étaient pas très joyeux. Ce n'était pas le but recherché. Ce qu'il voulait, c'était inciter à la réflexion, « suggérer plutôt que montrer », pour reprendre ses propres mots. Point de sourire sur ses portraits, car trop anecdotiques. Nombre de célébrités ont ainsi été « dévoilées » par son œil inquisiteur, qui ne cherchait pas à les montrer telles qu'on se les imagine, mais telles qu'elles sont réellement.

Pendant quinze années, Gérard Rondeau a voyagé à travers le monde aux côtés de Médecins du Monde, pour capturer l'âme des pays en souffrance. Il sera à Sarajevo pendant le siège de la ville à documenter cet événement historique. Originaire de Châlons-en-Champagne, il ira également explorer les rives de la Marne pendant 45 jours, sur les traces de la guerre de 14-18, aux côté de son ami romancier Yves Gibeau.

© VU’

Auteur d'une quinzaine d'ouvrages, Gérard Rondeau a travaillé pour Le Monde pendant plus de vingt ans et exposé aux Galeries Nationales du Grand Palais, à la Maison Européenne de la Photographie, au Festival de la Luz à Buenos-Aires, au Musée de l’Élysée à Lausanne, au Martin-Gropius-Bau à Berlin, mais aussi à Istanbul, New York, Sarajevo et Rome. http://fr.actuphoto.com/32132-gerard-rondeau-et-ses-shadows-au-bord-de-l-ombre.html", dont on vous avait parlé avec enthousiasme en 2015, permet un large aperçu de son œuvre.

Ses photos n'en finiront pas de le rappeler à notre mémoire. Comme un souvenir en noir et blanc, à la fois mystérieux et poétique.



Source : http://fr.actuphoto.com/32132-gerard-rondeau-et-ses-shadows-au-bord-de-l-ombre.html"