« C’est avec honneur que j’ai accepté la proposition d’Alain Ouy anciennement associé de Cyrille Deflandre, d’être le commissaire d’exposition pour les rencontres parisiennes de la photographie contemporaine, R.P.P.C. qui se substituent à la nuit de la photographie contemporaine.
A la suite de notre regretté Cyrille Deflandre, personnage atypique qui a donné naissance à cette manifestation, j’espère pouvoir relever le défi en vous proposant une véritable photographie d’auteurs, d’artistes, de créateurs. Cyrille avec le fort caractère qu’on lui connaissait, a toujours voulu se démarquer de la médiocrité qui nous est proposée dans les salons, humblement et sans pour cela rejoindre les écuries d’une photographie qui se dit élitiste, qui se lit sur dossier sans se regarder simplement ! C’est avec cette même simplicité que je tenterai de garder le ton pour les RPPC.
Nous perpétuerons une photographie de grande qualité, qui se démarque des carcans institutionnels, en les frôlant sans pour autant les exclure. Cette formulation, peut vous paraitre abstraite, mais disons qu’on empruntera la voie du milieu. C’est donc dans cet esprit que nous ferons découvrir des jeunes talents, trop souvent méconnus du grand public, en les faisant cohabiter avec ceux qui ont déjà une renommée, Pendant trois jours, dans ce lieu de prestige qu’est l’Esplanade des Invalides. Nous serons au cœur même du Paris historique et nous espérons, dans ce magnifique endroit, ravir un public en attente de qualité. Cet évènement devra marquer les esprits en devenant une vitrine qualitative où chaque exposant devra s’y retrouver aussi bien économiquement que pour sa promotion personnelle. »
Jonathan Abbou, commissaire d'exposition.
Ce salon, sous forme de rencontres de la photographie est organisé dans le cadre de 7eme en fête, il remplace les nuits de la photographie contemporaine et s’appelle désormais les RPPC, Rencontres Parisiennes de la Photographie Contemporaine.
Cette 7ème édition a pour objectif de faire connaître au grand public une photographie d’art différente et mystérieuse. La thématique est celle du « Corps-Temps ». Pour mieux comprendre cette thématique, rien de tel que l’explication du commissaire d’exposition :
« Expliquer cette thématique du « Corps-Temps », nous ramène à expliquer l’émergence de nouveaux concepts, issus de l’observation des phénomènes concrets. Souvent leur originalité est qu’ils peuvent se définir, simplement, par l’association de deux signifiants communs. Par exemple, par l’observation du vivant, des auteurs comme Husserl ou Merleau Ponty, en associant deux mots simples, le « corps-propre », pouvaient définir la notion du corps ressenti, de schéma corporel. Plus près encore, le psychanalyste, Didier Anzieu observera qu’il se crée un épiderme fantasmé, une enveloppe corporelle, qui englobe la mère et le nourrisson et qu’Anzieu appellera le « Moi-Peau » !
C’est donc tout naturellement, en observant la multitude des travaux des photographes choisis pour les RPPC, que l’on pouvait entrevoir le dessin d’une certaine tendance expressive, mieux encore, une notion picturale cohérente, un fil conducteur entres tous ces auteurs. C’est de cette constatation que s’est imposée deux termes simples, qui aspiraient à englober ce ressenti : le « Corps-Temps ».
Toutes ces images autours du corps et du temps, forment un immense cabinet de curiosité, et si l’on rajoute un trait d’union entre les deux termes, s’opère un glissement sémantique, qui revoie à une homogénéité. Le visiteur ne manquera pas de le remarquer lors de cette exposition collective faite par et pour les curieux !
A travers la photographie, le corps devient surface réfléchissante du temps et le temps une abstraction révélée sur (et dans) ce corps, à la manière de la physique qui appréhende le temps par l’espace et inversement.
Ainsi, pratiquement toutes ces images proposées du « Corps-Temps », nous permettent de voir, quelques choses d’autres du corps et du temps, une réorganisation structurelle en un tout, un saut conceptuel, et c’est bien là l’intérêt de cette thématique ; nous amener a voir plus loin que le corps et le temps. Pour certains auteurs, ce corps s’exhibe dans sa chair, dans ses vanités, pour d’autres, il disparait ne laissant place qu’à ses contours, voir aux vêtements qui le protègent…
Pour conclure, je dirai que je n’ai pas encore vu dans Paris, une manifestation de cette ampleur depuis octobre 1995, où le Centre Pompidou proposait l’exposition « Masculin-Féminin ; le sexe dans l’Art ». C’est bien après ces 20 ans de manifestations artistiques dans Paris, qui ont vu progressivement glisser la photographie soit vers le « documentalisme réalisme », soit vers la désincarnation de l’humain dans le conceptuel, qu’il me semblait important de réhabiliter une photographie artistique, qui nous parle des autres mystères qui fondent notre humanité. »
© Eric Keller