© Émilie Arfeuil
Une création en découle, témoin de ces rencontres improbables entre des gens et les artistes, trace tangible et visible d’un projet où ces publics, dans leur diversité, deviennent acteurs de leur histoire.
Entre les résidences pour 3e âge, le milieu carcéral ou social défavorisé, les établissement scolaires et socio-éducatifs, les lieux des résidences proposent une matière visuelle forte et abondante ainsi qu’une diversité de populations, de cultures et d’origines qui nourrissent les projets. Les photographes s’approprient
le sujet et le contexte de création. Ils les fouillent, les manipulent, les retournent dans tous les sens, les questionnent et plongent dans une réflexion esthétique.
© Sonia Poirot
Dès lors, ils s’immergent dans un environnement qui leur est encore étranger, bousculent leur démarche et habitudes artistiques et apportent un nouveau
souffle à leur regard d’artiste.
Sur les murs, des compositions étonnantes et énigmatiques, des corps, des hommes, des femmes et des enfants seuls avec eux-mêmes, faces à leur double
ou en groupe. Ce sont autant de souvenirs qui se révèlent que d’histoires intimes qui se racontent ou de mises en scène parfois spontanées, parfois savamment étudiées qui s’exposent. La photographie dans tous ses états. Les masques tombent. Les révoltes éclatent. Les prises de risque s’affirment. Et les portraits font face.
Tantôt, la photographie permet de questionner le quotidien d’une maison de retraite au travers du regard fatigué de ses pensionnaires et des bribes d’images
atemporelles, de figer le temps en réunissant autour de souvenirs et d’objets insolites, des enfants et des personnes âgées, des rêves inavoués et des histoires
pleines de nostalgie ou encore d’inventer le passé en jouant d’images orphelines, d’incertitudes visuelles et de doutes existentiels. Tantôt, elle révèle l’essence des liens affectifs et les relations complexes qui unissent des personnes et matérialise le dialogue silencieux entre des modèles mis en scène ; elle met à nu
des visages, des expressions famillières et distanciées, elle illustre la rencontre de l’un et l’autre, profile les rapports qui sous-tendent dans chaque regard et
tisse des échanges saisissants entre ces faces à faces. Soudain, la photographie se fait symbole ambigu d’un désir de liberté ; elle clame des prises de positions, affirme des propos délicats, brûlants et partage des sentiments troublants, réservés qui s’affolent lentement et affleurent la surface des images.
« Expérimentations splendides ». Une exposition d’images variées qui explorent la fiction et le médium photographique, qui mêle un quotidien troublant, l’innocence et la magie de l’enfance, la présence étonnante d’un extraterrestre perdu au détour des cimaises, la puissance artistique des photographes, des regards engagés, des figures symboliques, totémiques et sculpturales. « Expérimentations splendides » ou comment la photographie peut se révéler et devenir une expérience esthétique contre le désenchantement.