© Hebe Robinson
Expositions du 5/3/2015 au 18/4/2015 Terminé
La(b) Galerie ArtyFact au 9 rue Forest 75018 Paris France
Revendiquer les territoires du sensibleLa(b) Galerie ArtyFact au 9 rue Forest 75018 Paris France
La photographie questionne l’origine dans un jeu de regards croisés sur la trace. Que croyons-nous décoder des origines de nos mondes sensibles et intelligibles par la médiation de l’approche plastique? Polysémique, comme un mot trop plein de sens, comme un sens masqué par trop de signes, l’origine se défile quand bien même nous tenterions de la circonscrire à un territoire conceptuel. Dans cette exposition, Origine apparaît, disparaît, navigue entre le visible et l’invisible, et dessine les frontières d’un dialogue en murmures.
Murmure visuel d’une carte des origines ; temps, espace, territoire, point de départ sont autant de constellations sémantiques tournant autour de l’origine qui nous est donnée à voir. Du ailleurs pluriethnique au ici domestique, l’origine guide, évoque, suggère des impressions et une introspection liées à une géographie physique et intime. La provenance et le point de départ sont bien ces talismans qui guident les photographes dans l’investissement et l’appropriation de lieux qui leur sont symboliques. Des forêts à la chambre d’hôtel, des paysages de Norvège à la maison familiale, les lieux résonnent ainsi aux sons des rituels, des mythes, des histoires, des monologues, des silences et des non-dits liés à l’origine.
© Sabrina Biancuzzi
Murmure de soi L’origine est aussi ce commencement, ce “là-bas” qui nous relie au “ici” et “maintenant”. Origine comme autant de regards photographiques qui dévoilent la construction d’identités, la constitution et la restitution de fragments de mémoire. L’origine est un socle friable de la construction du soi, avec des chemins de traverse intimes propres à chacun. L’origine est un dialogue, à soi, aux autres, au monde, conflictuel et fécond, violent et salvateur, assurément sensible, pluriel et transcendant. « Toi, parce que tes yeux dans l’image, qui me regardent, en ce point, en cette chaise, où je me place, pour te voir, tes yeux, Voient déjà, le moment, où tu serais absente, le prévoient, et c’est pourquoi, je n’ai pas pu bouger de ce lieu-là. » Jacques Roubaud, « Cette photographie, ta dernière », Quelque chose noir, 1986.
Origine photographique
Suivant le fil rouge des précédentes expositions de La Galerie Artyfact, Origine se veut être un dialogue autour de l’origine de nos images contemporaines. Sabrina Biancuzzi travaille par exemple la matérialité de l’image et l’incarne par le geste artistique. Michaël Duperrin propose quant à lui une installation évolutive autour de ses cyanotypes, Cath. An. offre à voir des supports rhodoïd éphémères et joue sur l’effacement de la trace photographique. Ces expérimentations, propres à chaque photographe plasticien, leur permettent d’appartenir à l’image, de se l’approprier et d’incorporer du sens, du personnel, du critique, de l’esthétique autour de la problématique de l’origine. Que deviennent nos images à partir d’une origine? Du post-traitement aux expérimentations tout contre le support, le réseau de techniques et les approches mis en avant par La Galerie Artyfact montre que l’intimité de chaque photographe est touchée par la question lancinante des origines: autant d’approches que de sensibilités réunies par la transcendance de l’origine, intime, spatio-temporelle et définissant les conditions mêmes de l’existant.
© Emilie Arfeuil