© Ilka Kramer
Expositions du 12/9/2014 au 22/11/2014 Terminé
La(b) Galerie ArtyFact au 9 rue Forest 75018 Paris France
NATURE(S)La(b) Galerie ArtyFact au 9 rue Forest 75018 Paris France
/1° Le monde physique, ensemble des choses et des êtres. /2° Ensemble de forces ou principes supérieurs. /3° Ce qui n’est pas transformé par l’homme. (...)
Extrait du dictionnaire Larousse
La nature désigne l’ensemble du monde physique dont nous faisons partie. L’humain est nature. Mais il s’en extrait, il la modifie, il la transforme au gré de ses besoins. Malgré ces actions, il reste dépendant et finalement cherche sa place dans cet ensemble de forces supérieures.
Le tissage des différents univers des 13 photographes et plasticiens invités pour l’exposition Nature(s) permet d'évoquer l'existence d'images essentielles qui conditionnent l'imaginaire et la représentation de l'humain face à cette nature plurielle.
RUBEN BRULAT
Paths
Pour cette série, Ruben Brulat est parti sur les chemins du monde avec pour seul bagage un sac à dos léger et une chambre noire à la rencontre d’étrangers prêts à se fondre dans la nature.
Cette marche l’a entrainé de l’Europe à l’Asie en passant par l’Irak, l’Iran, l’Afghanistan et le Tibet jusqu’à l’Indonésie, le Japon et la Mongolie. Mais bien plus encore, vers l’inconnu peut-être, vers le moment où la terre et l’humain pouvaient se rejoindre. Alors, il y avait photographie. Sinon, le chemin continuait jusqu’au moment où le tout qu’il cherchait se trouvait réuni.
Jouant quelquefois dans le sable accueillant ou dans la neige glacée, ceux qu’il venait juste de rencontrer, se laissaient aller, s’ouvraient, devenaient partie de ce qui les entourait. Intensité éphémère juste avant de dire au revoir souvent pour toujours..Les corps placés là, devenaient partie de ces paysages dramatiques et accidentés, comme les arbres, les rochers ou le sable noir du volcan de Gunung Bromo..
Paths est une histoire construite par le hasard, hasard des rencontres, des lieux et des corps, un rendez-vous de l’utopie et de l’espoir dans un moment unique et suspendu. Les corps de ceux qui devenaient amis jouaient, non sans difficultés, à abandonner leurs propres blessures, leurs propres souvenirs et traces avant de reprendre leur propre chemin après en avoir, pour un petit moment, partagé un.
© Ruben Brulat
MARGARET DEARING
Eléments
(...) Quant aux personnages, isolés les uns des autres, ils sont enfermés dans des lignes de fuite qui ne leur laissent aucun échappatoire, aucune attache. Leurs pieds invisibles emprisonnent leurs corps dans des passages (à) vides, des moments d’attente. Un intervalle en dehors d’un quelconque mouvement, où ils semblent pris (ensemble, peut- être) dans une réalité qui échapperait, momentanément, à leurs desseins. On pourrait penser que ces personnages n’ont donc rien à raconter, aucun récit. Ils ont, en fait, tout à dire dans le hors champ, qui est l’avant et l’après de ce moment précédant, et qui est aussi cet espace où portent leurs regards.
Mais de fait, il y a une mise à distance silencieuse entre eux et nous, entre eux et les architectures qui se déploient laissant ainsi à nos regards l’incertitude des choix qui seront les leurs. Ainsi, mis sur le même plan, bâtiments, paysages, personnages, tous, semblent en attente d’habitation. Voilà toute l’histoire.
Alexandre Mare, octobre 2008
LAURENT DEGLICOURT
Bribes
Je photographie. Au fil des jours et de façon d'abord décousue. Prédilection pour les petites choses, les fragments : visages absents, paysages, animaux... Autoportrait « en creux », la nature comme un miroir sans tain ; avec le temps, un fil relie les images. Des associations se créent, préméditées parfois ou conçues à posteriori. Ce fil – rouge sûrement - brode aussi peut-être une histoire. Peut- être pas. C'est fragile. Cet ensemble, pour l'heure à géométrie variable, pas encore clos, en expansion, je l'appelle Bribes. C'est, selon l'expression consacrée, un « travail en cours ».
FRANCE DUBOIS
Neige
Réalisée lors d’une résidence d’artiste au Japon, Neige est une série d’images construite sous forme de poème en réponse à l’environnement de Yamaguchi.
« The winter blues Life slows Snow tries to blanket the past and the fear » Todd Shalom
MAGDA HUECKEL
Calmed Self-portaits
La série "Calmed self-portraits" est un projet ouvert que Magda Hueckel crée au cours de ses voyages autour du monde. Elle révèle le contact de Magda avec les espaces sauvages sans limites - la tranquillité et la puissance émanant de steppes, déserts, montagnes, océans ... Découvrir le monde et contempler la nature lui permet de se calmer, de prendre du recul et de la distance face aux évènements et lui ouvre la voie de l'introspection. Cette série s’inscrit dans un projet global intitulé "Emotional self- portraits" créé en coopération avec Tomasz Śliwiński.
ILKA KRAMER
Paysages avec anémones absentes
'Paysages avec anémones absentes' est un travail inspiré du livre 'vivre de paysage ou l'impensé de la raison' de François Jullien.
« En définissant le paysage comme « la partie d'un pays que la nature présente à un observateur », qu'avons-nous oublié ? Car l'espace ouvert par le paysage est-il bien cette portion d'étendue qui découpe l'horizon? Car sommes-nous devant le paysage comme devant un « spectacle » ? Et d'abord est-ce seulement par la vue qu'on peut y accéder - ou que signifie « regarder » ?
En nommant le paysage « montagne(s)-eau(x) », la Chine, qui est la première civilisation à avoir pensé le paysage, nous sort puissamment de tels partis pris. Elle dit la corrélation du Haut et du Bas, de l'immobile et du mouvant, de ce qu'on voit et de ce qu'un entend... Dans ce champs tensionnel instauré par le paysage, le perceptif devient en même temps affectif ; et de ces formes qui sont aussi des flux se dégage une dimension d' “esprit“ qui fait entrer en connivence. Le paysage n'est plus affaire de “vue mais de vivre“ [...] » François Jullien.
CLAIRE LAUDE
When water comes together with other water
Le titre de la série se réfère à un poème de Raymond Carver. La série mêle photographies de paysages, intérieurs construits et autoportraits. Les installations sont faites à partir de matériaux trouvés, de restes de plantes et dans des lieux où les traces d’un vécu sont encore perceptibles. Une composition minimaliste, des couleurs diffuses et une distance choisie entre le sujet et l’appareil photographique traitent à trois échelles, celle du corps, celle de l'espace et du paysage de la vulnérabilité de la relation entre le corps et la nature.
« (...) Claire Laude joue de cette présence devenue illusoire en opérant des contractions entre le réel et son double avec délicatesse, (...) par un certain dépouillement. Elle nous accompagne ici dans un labyrinthe ou chaque image est la pièce d’un puzzle.
Elle enchaine paysages à l’ailleurs indéterminable proche de l’effacement (ces voyages immobiles possèdent une intemporalité indéniable), et corps, de dos le plus souvent, en situation d’équilibre précaire. Chacun représentant l’extension et la vision mentale de l’autre, (...) Cette série joue certes de l’invisible et du basculement, mais elle nous amène à faire l’expérience de quelque chose d’essentiel, d’osseux ; (...) cette nature et sa nature, sur lesquelles elle intervient ou par lesquelles elle se joue, crée une atmosphère aux éclats brisés. Les teintes se font tactiles plus que visibles, elles sont retenues, se rapprochant ainsi d’un souffle vital, elle préfère le spectral au spectaculaire. (...) On effleure une surface qui en soit nous reste impalpable. »
Extraits d’un texte écrit par Michel Le Belhomme, artiste et professeur de photographie - Der Greif 30 janvier 2014
DOUGLAS MANDRY
Promised Land
C’est en réaction à une standardisation de la représentation du paysage et à une possible perte de repères matériels dans l’ère digitale que le projet de Douglas Mandry se développe. Dans une volonté de se rapprocher des procédés de retouche analogiques, ses photographies sont d’abord imprimées, puis retravaillées en exploitant leurs propriétés physiques: le tirage est troué, frotté, modifié par l’ajout de lumière, de fumée. Il a recours à des jeux d’échelles et de perception. Fixées par l’appareil photographique, ces expériences transfigurent des représentations traditionnelles du paysage, oscillant entre visions fantastiques et apocalyptiques, états critiques et sublimes, nature déréglée et idéalisée.
DIDIER OHAYON
Les Cabanes de Didou
Didier Ohayon a gardé son esprit et son ingéniosité d’enfant. Grâce à des éléments naturels qu’il amasse, Il n’a de cesse de construire des cabanes imaginaires.
FABIEN PIO
Dans la brume aquatique
Oslo, septembre 2008 : je sors du café où j’ai pris mon petit déjeuner et me dirige sous une pluie fine vers le port. J’embarque sur l’un de ces ferrys proposant un petit circuit dans les fjords. Une île émerge de la brume aquatique, loin à l’horizon, je la cadre dans mon viseur. J’essaie du moins. J’ai froid. Appuyé au bastingage, la position est inconfortable, mon équilibre est des plus précaires entre la prise en main du boîtier et ce satané parapluie sous lequel l’air s’engouffre, menaçant d’en retourner les baleines.
Je déclenche comme je peux. C’est la première fois que je photographie en condition instable. C’est aussi ma première confrontation avec le rivage. Bientôt, d’autres viendront à moi. Retour en France, balades automnales, hivernales, presque toutes en direction la mer. Le monde des rivages s’ouvre à moi. Ciels d’hiver, bleus et froids, ou d’un gris nocturne. Mes pas s’enfoncent dans le sable humide, y laissent de profondes traces. Les vagues viennent mourir à mes pieds, elles me surprennent parfois. Ailleurs, sur une crique, j’assiste à la chorégraphie engourdie de jeunes gens, une créature danse autour d’eux. Les mois passent, le rivage change, la plage est brillante, l’océan apaisé. Vacances en famille, des baigneurs s’ébattent dans l’eau. Le rivage est comme un espace que rien n’enferme. Parfois le cadre se resserre mais là bas, de l’autre côté de l’eau, il y a cette ligne d’horizon sans fin.
GENEVIEVE ROY
La nature à l’œuvre
Les prises de vues commencent toujours par une promenade qui est susceptible de développer une vision plus contemplative. La nature est là dans son étendue ; paysages de forêts, de rochers, d'eau et de lieux insoumis. Le regard s'aiguise et dépasse les frontières du quotidien. Alors tout devient Ephémères, Imprévisibles, Rythmes, Silences, Contrastes... Compositions phénoménales. La Nature est... à l’œuvre.
Le paysage photographié, préservé de la présence humaine, livre le minéral et le végétal dans une lumière qui le sublime.
Fragment, la photographie est sensation, elle donne à voir dans le jeu du flou, de l’indéterminé, mais aussi du détail et de la précision. Dans ses contrastes, ses matières, ses plans, elle est notre silence. Ici la nature s’établit dans un rapport intime à l’être et à son émotion. C’est dans cette intériorité que se photographie la vision d’une nature, réglant et déréglant les regards.
Les images produites figurent plutôt un paysage mental issu d'une rêverie intérieure. C’est dans la chambre noire que l’œuvre se construit dans une pluralité de lectures et que Geneviève Roy lui donne sa forme définitive sur l'épreuve argentique.
© Geneviève Roy
YANNICK VALLET
Les trois Chênes
Spécialement créée pour la galerie, l'installation "Les Trois Chênes" est une tentative de captation du temps qui passe, à travers l'enregistrement à intervalles réguliers de la vie de trois grands chênes. Centrée autour d'une vidéo en time- lapse, la mise en espace des éléments est librement inspirée du récit du poète et philosophe naturaliste américain Henry David Thoreau, "Walden ou la vie dans les bois".
PETER WIKLUND
Island Dreams
Dans cette série, qui comporte 20 photographies, Peter Wiklund a essayé de créer une atmosphère post- apocalyptique, une ambiance effrayante comme un lendemain d'holocauste.
En même temps un sentiment de paix se dégage- vous savez ce que vous avez, et à partir de maintenant vous ne pouvez qu’avancer. Pour améliorer les choses. Pour rendre la vie meilleure.
Peter Wiklund évoque la peur et la tentation, 2 sensations qui se dégagent de ces paysages, qui de toute évidence ont existé, car ils ont été capturés par l'appareil photo, mais qui représentent des scènes que personne n'a jamais vues.