©Gerard Collett - Lauréat catégorie « News/Events »
Impossible désormais de nier l'impact évident de la photographie de smartphones, non seulement dans nos vies, mais aussi dans le monde de la photographie. Les discours divergent à ce propos, entre ceux qui la défendent, la promeuvent, et ceux qui, coûte que coûte, refusent de la reconnaître. Quelque soit notre avis, la réalité est belle est bien là, sous nos yeux, chaque jour. Certes, nous ne sommes pas tous photographes, mais nous sommes tous capables de prendre des photographies. Au vu du nombre croissant de possesseurs de smartphones, la quantité de bons photographes pourrait-elle ainsi dépasser le bien-pensant photographique ?
Il y a quelques jours, les lauréats dehttp://www.ippawards.com ont été dévoilés. Depuis 2007, cette compétition récompense les meilleurs clichés réalisés grâce à un Iphone. Les finalistes, provenant de 17 pays (Canada, France, Allemagne, Hong Kong, Irlande, Israel, Italie, Mexique, Roumanie, Russie...) se sont distingués dans non moins de 17 catégories différentes, dont l'Art, les Fleurs, les Voyages, l'Architecture, les Enfants, la Nourriture, les News, les Saisons, les Couchers de soleil, les Arbres... Certes, ce concours fait partie des nombreux déjà existant, utilisant ces procédés. Pourtant, la réalité est là, la qualité est là, l'oeil est là.
Alors, que faire de ces photographes du XXIe siècle ? Les ignorer ? Les dénigrer ? Que dire de leurs talents ?
Le Festival Visa pour l'image, qui défend, depuis 1989, les droits et talents des photoreporters du monde entier, l'a également compris. Après de nombreuses critiques à propos de ces nouveaux procédés photographiques qui font fureur, le Festival proposera, cette année, une exposition intitulée « Amateurs on the Spot ». Le descriptif est clair quant à la nature de l'évènement : « Les amateurs ont-ils entamé le rêve du photoreporter en réalisant l’impossible image ? Être là, au bon endroit, au bon moment, c'est ce qui a toujours animé les photoreporters. Le rêve de faire l'image unique, la première image d'un événement, celle qui impressionnerait les consciences, et de la transmettre au monde entier.
Jusqu'en 2001, les photoreporters et la presse étaient unis par ce paradigme.
Mais depuis, 6 milliards d'individus se sont équipés d'appareils de prise de vue et se sont connectés aux réseaux sociaux. Où que se passe un événement sur la planète, il y aura dorénavant toujours un témoin susceptible de réaliser « la première image » et de la transmettre.
Le tsunami de Banda Aceh, les attentats de Londres, Abu Ghraib, la révolution iranienne, les printemps arabes, la mort de Kadhafi et plus récemment la guerre en Syrie, ce sont des images amateurs qui, les premières, ont impressionné nos consciences. »
L'évidence est là, il suffit de l'accepter.
Claire Mayer