© BETC pour RSF
Paris suit, depuis hier mercredi 26 mars, une visite officielle qui est loin de passer inaperçue. Le président chinois Xi Jinping est en effet arrivé dans la capitale, accueilli en grande pompe à l'hôtel des Invalides (un honneur inédit sous la Ve République) par François Hollande. Au programme, visites en tout genre (Château de Versailles, entres autres), et, bien évidemment, discussions économiques. Le président français l'a ainsi explicité « Nous avons la volonté de rééquilibrer le commerce extérieur entre la France et la Chine mais vers le haut » puis d'ajouter « Ce que nous avons à faire, c'est élever encore notre présence en Chine et nourrir un courant d'exportations de la France vers la Chine ».
Pourtant, cette visite exceptionnelle semblerait présenter quelques exagérations, qui n'ont pas manqué d'excéder parisiens et badauds. Outre les nombreuses rues fermées, provisoirement ou non, ce sont 15 stations de métro qui étaient impraticables ce matin.
Mais au-delà de ce « détail » qui n'a jamais été tel dans une visite officielle parisienne, c'est l'organisation Reporters sans frontières qui a montré les dents à l'aube. Scandalisé par la venue du président chinois en France, un groupe de militants RSF s'est réuni, arborant des tshirts représentant Xi Jinping faisant un bras d'honneur. Drapeaux identiques en main, accompagnés de camions surmontés des mêmes images, ils ont tenté de déambuler dans Paris pour « attirer l’attention sur l’absence de sincérité de Xi Jinping et des autorités chinoises quand il s’agit des libertés, et notamment de la liberté de l’information prévue par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. »
Pourtant, les militants RSF n'ont pu aller bien loin, stoppés par les autorités. Bien évidemment, dans ce tourbillon parisien de visite d'Etat, cette initiative de Reporters sans frontières faisait désordre. L'organisation précise en effet http://fr.rsf.org/chine-rsf-denonce-le-bras-d-honneur-des-27-03-2014,46047.html" que «L’initiative vise à montrer combien les autorités chinoises, avec à leur tête Xi Jinping qui cumule les fonctions de président de la République populaire, de secrétaire général du Parti communiste et de président de la Commission militaire centrale, témoignent d’un mépris sans fard pour les citoyens qui sont privés d’une information libre et soumis à une intense propagande. (…) En Chine, les médias officiels sont des outils de propagande à la solde du pouvoir ; l’ensemble des journalistes est soumis à plus de 1000 circulaires du bureau de la propagande chaque année. Les conférences de presse sont truquées, tandis qu’un examen idéologique vient d’être réintroduit pour le renouvellement de la carte de presse. La “campagne contre les rumeurs” lancée par Xi Jinping vise à soumettre la libre circulation des informations parmi les internautes à un contrôle plus intense que par le passé. La “grande muraille électronique” ne cesse de se perfectionner. Quand le blocage de sites web et le filtrage ne suffisent pas, les autorités n’hésitent pas à enlever et passer à tabac les “gêneurs”. Au moins 30 journalistes et 74 citoyens-journalistes croupissent derrière des barreaux, faisant de la Chine la plus grande prison du monde pour les professionnels des médias et net-citoyens. Le prix Nobel de la paix Liu Xiaobo purge une peine de 11 ans de prison pour avoir simplement défendu la liberté d’expression. Le pays occupe la 175e place du Classement mondial 2014 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières. »
Avec 18 milliard de contrats chinois pour la France signés à l'occasion de la visite de Xi Jinping à Paris, il semblerait que tout cela ai donc un prix.
Claire Mayer