Agence Pierluigi, Les photographes attendant Anita Ekberg à la passerelle de l'avion, 1959 © Collection Michel Giniès © Attribué à Pierluigi Praturlon / DR
Depuis hier, des visiteurs curieux peuvent découvrirhttp://actuphoto.com/26512--paparazzi-photographes-stars-et-artistes-au-centre-pompidou-metz.html". Un événement d'une grande ampleur, puisque sont réunis dans le jeune établissement muséal plus de 600 œuvres : photographies bien sûr, mais aussi peintures, vidéos, sculptures, installations. Un événement chic et choc, qui déroule le tapis rouge au public dès son arrivée. Une entrée sous les flashs, puisque le début de l'exposition a voulu immédiatement plonger le visiteur dans le décor, tel la star de cette visite.
Rondement organisée, Paparazzi ! s'articule en différentes parties (Photographes, stars, artistes) et cherche avant tout à donner une description détaillée de la profession, afin de mieux l'appréhender. Le commissariat de l'exposition a été subtilement confié à Clément Chéroux, grand spécialiste de la photographie, conservateur au Centre Pompidou, chef de cabinet de la photographie et, il est important de le souligner, également commissaire de l'excellente exposition consacrée à Henri Cartier Bresson, qui a lieu actuellement au Centre Pompidou de Paris.
Vu sous cet angle (petite précision qui a son importance, car malgré une envie enthousiaste de voir cette exposition, nous n'avons pu la voir pour le moment), Paparazzi ! a tout d'une exposition alléchante, complète et bien renseignée. Au-delà de proposer de beaux clichés photographiques, elle présente une profession dénigrée et critiquée – sans doute à juste titre – et décortique un métier qui est, aujourd'hui encore, sur le devant de la scène médiatique.
Mais voilà, une polémique voit progressivement le jour. Pour certains, cette profession est honteuse, et ces photographies n'ont certainement pas leur place dans cette institution qu'est le Centre Pompidou de Metz. Jean-Michel Apathie, célèbre journaliste de RTL et du Grand Journal de Canal +, s'est violemment insurgé contre cette exposition qui – il est essentiel ici de le préciser – il n'a pas vu. En effet, hier, l'exposition à peine dévoilée, Apathie s'écriait dès sa chronique de 6h52 « C'est une insulte aux valeurs que nous avons en commun. Le travail mis à l'honneur par ce musée national, c'est un travail de voleurs de photos que pratiquent des gens qui espionnent, qui fliquent et traquent des personnalités connues, qui arrosent d'argent des indicateurs sans morale, qui corrompent des gens faibles, qui mentent et truquent dès que ça sert leur petit commerce. Et c'est cela que l'on nous présente à partir d'aujourd'hui à Beaubourg-Metz comme un travail artistique ! » Avant d'ajouter : « Que la honte soit sur les organisateurs ! ».
Mais Apathie ne s'arrête pas là, et se veut même insistant « Il faudra bien un jour que l'on s'interroge sur le journalisme français et sur les valeurs qui sont les siennes. Au nom de la recherche de la vérité et du souci d'informer, nous pouvons voler des photos, nous cachons des caméras, nous enregistrons des gens à leur insu et nous accusons sans preuve. Aucun corps de métier en France ne travaille comme ça. Des serruriers aux bouchers, vous pouvez tous les passer. Il n'y en a pas un qui fait ça ! ». Avant de conclure, tel un coup de massue « A vivre sans morale, on vit sans honneur ».
Il réitère ses propos le soir même http://actuphoto.com/26512--paparazzi-photographes-stars-et-artistes-au-centre-pompidou-metz.html", dont Aurélie Filipetti, ministre de la culture, est invitée. Le débat s'enflamme entre les deux parties, Filipetti revendiquant l'intérêt de l'exposition d'expliciter cette profession, et de montrer des œuvres intéressantes, Apathie ne démordant pas que l'art n'est pas ici présent. L'actrice française Karine Viard, présente sur le plateau, soutient elle-même Filipetti, revendiquant la qualité photographique. Qui a raison, qui a tort ? Faut-il cracher littéralement sur les paparazzi, ou peut-on montrer des images qui ont inspiré les œuvres de Klein, Depardon, Warhol, Sherman, et plus encore, qui se sont interrogés sur ce mythe ? Qu'en est-il de La Dolce Vita de Fellini, véritable film culte, et dont le réalisateur lui-même invente le terme de Paparazzi ?
De manigances en arrangements, la célébrité est-elle toujours victime ou peut-elle être complice ?
Il semblerait que la couleur du débat soit donnée. Nous attendons impatiemment les retours -véritables, de ceux qui auront mis les pieds dans l'exposition- de cet événement qui n'a pas fini de faire parler de lui.
Claire Mayer