© John Stanmeyer / VII Photo Agency
Le World Press Photo est une distinction incontournable de la photographie. A l'origine de ce prix, une organisation indépendante et non lucrative, fondée en 1955. Le concours du World Press Photo est le plus prestigieux qu'il soit. Le graal est certes le titre de « World Press Photo de l'année », mais depuis quelques années, plusieurs catégories ont été crées, permettant de nombreux prix : Spot News, General News, People in the News, Sports Action, Sports Features, Contemporary Issues, Daily Life, Portraits, Arts and Entertainment, Nature.
En prime de cette compétition, une exposition itinérante est organisée dans 40 pays, un ouvrage est édité en 6 langues, des conférences, ateliers ont lieu.
Bref, non seulement le World Press Photo montre à chaque édition un panel de photographes plus talentueux les uns que les autres, mais la compétition s’évertue également à promouvoir une profession qui, inutile de tenter de le nier, est en perte de vitesse.
Il y a quelques jours, les lauréats du Prix ont été divulgué. L'empressement est toujours le même lorsqu’il s'agit de découvrir le lauréat du World Press Photo de l'année. A ce moment-là, on a alors en tête celle de Paul Hansen, lauréat 2013, et de son image troublante à Gaza, des hommes tenant dans leurs bras les cadavres de deux enfants morts lors d'une frappe aérienne de l'armée israélienne.
Pourtant, l'image phare de cette année est toute autre. Pas de guerre, de sang, de larmes. La photo représente des migrants africains sur le rivage de la ville de Djibouti de nuit, levant leurs téléphones dans une tentative de capturer le signal de la Somalie voisine - un lien avec leurs parents à l'étranger. Ici, John Stanmeyer, membre de l'agence VII montre le problème de l'immigration, et de ceux qui sont contraints de quitter leurs pays et de vivre loin des leurs.
Pour Daniel Beltrà, membre du jury de cette édition 2014, cette image a largement mérité son prix : « Cela m'a beaucoup plu que l'on s'éloigne de ces images de guerre, de souffrance. (...) Cette image est évocatrice, car elle permet une conversation intéressante. C'est, pour ces migrants, un nouvel espoir qui luit sous cette lune. » Effectivement, loin des cris et de l'horreur, cette image est presque plus signifiante, et laisse à chacun le soin de s'y plonger.
Pourtant, comme chaque année, la polémique s'est très vite immiscée dans le tableau. « L'image ne peut être comprise sans légende », sans compter que John Stanmeyer a d'étroites relations avec Gary Knight, président du jury et... cofondateur de l'agence VII. Certes, l'image ne représente pas l'horreur, mais plutôt la sous-entend. Si le World Press Photo enclenche un nouveau tournant, alors c'est sans doute la meilleure chose qui pourrait lui arriver.
Comme l'a très justement souligné Daniel Beltrà interviewé par Actuphoto, « ce qui est dommage, c'est que ces polémiques nous éloignent du sujet ».
On est bien d'accord, alors empressez-vous plutôt de découvrir les petites pépites de 2014 :http://www.worldpressphoto.org/awards/2014"
Claire Mayer