© Phil Moore
Le 29 décembre dernier, le journaliste australien Peter Greste et trois autres journalistes de la chaîne Al-Jezira ont été arrêtés dans la chambre d'hôtel d'où ils étaient contraints de travailler (leurs bureaux ayant été fermés en août). Ils sont accusés de travailler pour cette chaîne d'information qui, pour le gouvernement égyptien, est en collaboration avec les Frères musulmans. Au total, à l'heure actuelle, ce sont 20 journalistes qui sont en détention en Egypte.
Ils sont depuis emprisonnés en Egypte en attente de leur jugement. La chaîne qatarie est en effet critiquée par le nouveau gouvernement égyptien de soutenir les Frères musulmans. Elle est surtout la seule télévision arabophone à rendre compte de la situation actuelle en Egypte, et des actions des Frères musulmans, dans un contexte politique et social tendu depuis la destitution de Mohamed Morsi le 3 juillet 2013.
La liberté d'expression est un droit fondamental et inaliénable, en particulier lorsqu'il s'agit de situations de crises comme tel est le cas en Egypte. Pour dénoncer l'emprisonnement de ces journalistes, un groupe s'est formé au Kenya (où est basé habituellement Peter Greste) pour tenter d'obtenir gain de cause. Phil Moore, photoreporter basé au Kenya, a lancé un mouvement de manifestation pour faire réagir les autorités et obtenir la libération des journalistes. Autour de lui, de nombreux autres photographes, journalistes et citoyens se mobilisent pour dénoncer ces agissements inadmissibles. Pour ce faire, il a lancé une campagne visuelle, réalisant des portraits de personnes mobilisées la bouche fermée par le drapeau égyptien. En plus de cela, une manifestation a été organisée ce mardi au Kenya devant l'ambassade égyptienne : « J'ai réfléchi à ce que nous pouvions faire pour faire pression sur les autorités égyptiennes. Cela fait maintenant une quarantaine de jours qu'ils sont emprisonnés, alors qu'ils n'ont toujours pas été jugés. Il ne faut pas les oublier. » explique Phil Moore. « Nous avons très peu de leurs nouvelles, uniquement par le biais de leurs avocats, ou de leur famille proche, car ils communiquent difficilement avec l'extérieur. Fin janvier, Peter a réussi à faire passer deux lettres qui ont été publiées dans les médias, et qui nous a explicité ses conditions de détention. »
© Phil Moore
http://www.theguardian.com/world/2014/jan/25/peter-greste-letters-prison-egypt" en effet, Peter Greste, commence par « Je suis nerveux en écrivant cela », détaille non seulement ses conditions de détention, mais aussi les raisons invoquées par les autorités égyptiennes de son emprisonnement, et précise « Je ne soutiens aucun groupe, qu’il s’agisse des Frères musulmans ou d’un autre. Dès lors, notre arrestation n’a rien à voir avec la nature de notre travail. Il s’agit pour le gouvernement de montrer les limites de ce qu’il juge normal, acceptable. »
Phil Moore, appuyé par Foreign Correspondents Association of East Africa, une association de défense des droits des journalistes basés en Afrique de l'est, milite pour la libération des 20 journalistes. Grâce à l'image, il espère faire le plus de bruit possible : « la question est ici celle de la liberté de la presse. Les photographies sont une campagne virale en ligne qui, je l'espère, feront bouger les choses. La Maison Blanche a récemment parlé de la situation. »
Comme l'a écrit Peter Greste dans ses lettres, « Ceux qui applaudissent l’Etat peuvent se sentir en sécurité et seront libres. Les autres sont des menaces qui doivent être mises hors d’état de nuire ».
La liberté d'expression n'est pas un privilège, mais un droit fondamental, ne l'oublions pas.
Pour retrouver la campagne sur Twitter :http://www.theguardian.com/world/2014/jan/25/peter-greste-letters-prison-egypt"
A diffuser partout …
Claire Mayer