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Le magazine Elle a décidé de s'investir à l'heure où certains aspects de la loi en faveur de l'avortement sont remis en cause. L'hebdomadaire féminin a lancé sur twitter une campagne tout en images pour dénoncer la remise en cause de la loi Veil de 1975. Le magazine invite ses lecteurs, hommes comme femmes, à publier sur twitter une photo illustrant le droit fondamental à l'avortement : «Envoyez une photo de vous sur Twitter, avec une pancarte ou un slogan de votre choix, sans oublier le hashtag https://twitter.com/ELLEfrance"». Ainsi, depuis hier, les images affluent sur le compte du magazine, et l'idée est relayée partout. Le fameux hastag est désormais symbolique, et se veut surtout la barrière infranchissable contre toute remise en cause sociale de la loi.
Une fois de plus, l'image permet de dénoncer, protester, rapidement et efficacement. Le 19 janvier dernier, c'est l'actrice Frédérique Biel qui publiait sur le même réseau social une image d'elle nue accompagnée des mots suivants : « J'emmerde profondément et sérieusement ceux qui veulent m'empêcher de disposer de mon corps:Ma chatte ». Simple et efficace visiblement, puisque cette image a fait le tour de la toile.
Si aujourd'hui le débat sur le droit à l'avortement est relancé, c'est « grâce » à l'examen de l'Assemblée nationale quant au projet de loi sur l'égalité entre hommes et femmes. Dans ce texte de loi figure en effet plusieurs points concernant l'intervention volontaire de grossesse. Le moment semblerait mal choisi, alors que l'Europe est encore sous le choc de la mise en place de la loi espagnole limitant l'accès à l'IVG. En effet, depuis le 27 décembre dernier, les espagnoles ne pourront avoir accès à l'avortement qu'« en cas de risque pour la vie et la santé physique ou psychologique de la femme, ce risque devant être diagnostiqué par deux médecins extérieurs à l’établissement pratiquant l’IVG. » et/ou « En cas de viol, à condition que la femme ait porté plainte – En cas de malformation fœtale, sous réserve de deux rapports médicaux. » Nonobstant que 80% des espagnols ne seraient pas favorables à cette loi d'après plusieurs sondages, le débat retentit aujourd'hui jusqu'à nos portes. Dimanche 19 décembre dernier, la première manifestation anti-IVG déambulait fièrement dans les rues parisiennes.
En dépit du fait que cette discussion politique ait pris de fortes proportions sociales, le débat semblerait également soulever d'autres problématiques, comme celle du remboursement des IVG.
Espérons que ces 40 ans d'évolution ne marqueront pas de retour en arrière dans un domaine où nombreuses sont les femmes, et les hommes, qui se sont battus pour ce droit irrépressible.
Claire Mayer